Du 1er au 3 novembre, la Grande Halle de la Villette accueillait pour sa huitième édition le Pitchfork Music Festival, un festival qui continue de miser sur une programmation résolument séduisante et internationale.
L’atout identitaire du Pitchfork demeure cette alliance mesurée entre têtes d’affiche exclusives et découvertes avant-gardistes. Le festival transcrit ainsi une véritable image de marque avec des plus indéniables, apportant une forte valeur ajoutée à la formule classique du festival. Vous l’avez bien compris, le plus parisien des festivals américains accueillait cette année une des programmation les plus attrayantes avec des artistes de choix.
Le jeudi
Cola Boyy entre en scène avec deux musiciens, le concert tient toutes ses promesses, il reprend les morceaux de son EP, Black Boogie Neon sorti récemment chez Records Makers, puis entre deux titres il échange avec le public “Suis-je le premier individu handicapé à jouer au Pitchfork ?”, oui très probablement. La Grande Halle est encore loin d’être pleine à cette heure, mais le concert séduit les spectateurs notamment lorsque le musicien californien clôt son concert par le funky Penny Girl.
Curiosité de ce festival pour le public international, Etienne Daho figure parmi les têtes d’affiche de cette édition 2018. Si sa présence est une bonne surprise notamment lorsque celui-ci s’attaque à une reprise de Syd Barrett (le membre fondateur des Pink Floyd) autour d’une scénographie arc en ciel démente, l’ensemble de la setlist demeure peu convaincante pour le public venu entendre les succès eighties du pape de la pop française.
Les deux autres grands noms attendus ce jour, sont John Maus et Mac DeMarco. Si John Maus assure un show froid mais énergique, Mac DeMarco, habillé comme il se doit dans un sublime gilet de pêcheur, ne manque pas d’enchaîner les frasques et les tubes qui l’ont fait connaitre devant la foule conquise.
Le vendredi
Tout comme l’année dernière le meilleur de la programmation se condense sur ce jour qui consacre l’image internationale du festival. La soirée se lance sur le live du groupe originaire de Californie, Boy Pablo, un concert léger et agréable, où l’on se souviendra de la reprise express de Beat It de Michael Jackson par un des membres du groupe. C’est au tour de Lewis OfMan, il assure un concert abouti devant cette foule clairsemée des débuts de soirée, mais le public semble bien en forme cette fois et danse volontiers sur des morceaux comme Flash.
A peine a-t-on le temps de se remettre du concert renversant de Bagarre, qui a eu le mérite de secouer le public du Pitchfork, que l’on s’en va attendre le concert de Blood Orange, son unique date en France. Le spectacle est à la hauteur de nos espérances, ils sont nombreux sur scène, Devonté Hynes et ses musiciens dressent un concert émotionnellement riche et bien construit. La voix touchante de Blood Orange demeure parfois bancale, mais celle-ci conserve toute sa majesté à travers des arrangements musicaux et vocaux consciencieux. On salut ici les cœurs incroyables assurés par Ian Isiah et Eva Tolkin. Le groupe reprend les succès de Blood Orange, de You’re not Good Enough, aux morceaux du dernier album Negro Swan.
Après cela on a qu’une envie : danser. Et si l’on se réserve pour le lendemain, c’est un réel plaisir de retrouver le DJ Canadien Kaytranada qui cloture cette soirée en passant ses morceaux et remixes : Together, At All, ou encore Be Your Girl. Une expérience live qui ne manque pas d’enthousiasmer le public hétéroclite qui finit par se laisser aller au rythme de la house.
Le samedi
Muddy Monk ouvre notre dernier jour de festival, nous l’avions évoqué dans nos coups de cœur de la programmation, et le producteur français a sur mettre en valeur sa musique et la voix aiguë et profonde qui le caractérise. Il amorce ainsi la sortie prochaine de son album courant novembre, mais ce toujours devant un public timide et peu réceptif.
Vient ensuite la succession des concerts très attendus d’Unknown Mortal Orchestra et du grand Bon Iver. Si le groupe américain a proposé un spectacle convaincant, la seconde moitié du concert s’est retrouvé rapidement dépeuplée de son public, et pour cause il fallait se presser face à l’arrivée de Bon Iver sur l’autre scène. Bon Iver a ainsi investi la scène Pink pendant près d’une heure et demie, enchaînant les succès devant une audience impressionnée. Creature Fear, 8 (circle) ou le fameux Woods, le protagoniste et ses musiciens ont su proposer un live majestueux, magnifié par les lumières travaillées du Pitchfork.
La soirée et le Pitchfork s’achèvent sur des éléments plus club, de la house de Jeremy Underground à la techno de Daniel Avery, qui a résonné dans la Grande Halle de la Villette jusqu’à 6h le lendemain matin.
La programmation a fait figure de sans faute à nos yeux. L’ensemble du festival, du fooding, aux stands d’artistes mis en place par l’agence Klin D’œil, en passant par les animations de Greenroom, permettent assurément de créer une expérience unique. Bémol, le public singulier car très international, s’est parfois montré peu au fait de ce qu’il se passait en face de lui, ou du moins peu enthousiaste.
De nombreux concerts du Pitchfork Music Festival de Paris ont été filmés en direct par Culturebox en partenariat avec la Blogothèque : revivez l’édition 2018 ici.