Tous les vendredi, la rédaction vous résume une semaine de cinéma. Festivals, cérémonies, tournages et autres événements, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant.
Hommage à l’acteur Aznavour
Le 1er octobre dernier mourait un immense chanteur, mais également un formidable acteur. C’est même peu dire que les réalisateurs et producteurs le voyaient tout en haut de l’affiche. Prolifique pour un chanteur de métier, sa carrière cinématographique regorge de rôles marquants et de surprises réjouissantes. Capable de sublimer les beaux mots ou de livrer des interprétations profondes et intimes, le nombre élevé de ses films (80) et la multiplicité des auteurs parlent pour lui.
Enfant, c’était son rêve, incarner à l’écran les hommes qu’ils voyaient dans les films russes où l’emmenaient chaque dimanche ces parents au cinéma de Pigalle. La belle idylle n’avait pas forcément bien débuté, puisque Shahnourh Varinag Aznavourian (son véritable nom) n’avait pas ce qu’on appelle le physique d’un jeune premier. En cause : un nez et une taille jugée bien trop insuffisante pour jouer des coudes avec les jeunes acteurs à la mode. Une rhinoplastie et un début de carrière dans la chanson fulgurant plus tard, revoilà Charles Aznavour, ayant déjà séduit de sa voix ténébreuse l’ensemble des classes françaises.
Au début des années 60, les rôles se multiplient pour le Sinatra français, avec des films comme La tête contre les murs du maître du fantastique français Georges Franju, ou Les dragueurs réalisé par le tout jeune Jean-Pierre Mocky. Vient immédiatement le sommet, le mythe, le rôle iconique, celui qui sera dans le coeur des jeunes filles et sur les poster des jeunes adolescents : Edouard Saroyan, alias Charlie Kolher, dans Tirez sur le pianiste. Incarnant un pianiste de bar désabusé, Aznavour joue là une de ses participations les plus subtiles, à travers ce personnage brisé par la fatalité de l’existence. La légende est née. Les chansons de Bobby Lapointe et la longue marche nocturne en compagnie de Marie Dubois subliment un peu plus ce film vraiment noir. Aznavour enchaine alors les interprétations diverses. Du Passage du Rhin à La métamorphose des cloportes (mémorable scène où Aznavour, déguisé en fakir, fait chanter Lino Ventura et il prouve qu’il est un des meilleurs diseurs de Michel Audiard) en passant par des titres improbables comme Le facteur s’en va t’en guerre ou Candi de Christian Marquand. Aznavour choisit désormais des seconds rôles moins prenant et qui lui permettent de privilégier sa carrière de chanteur (redite) tout en jouant.
À partir des années 70, Il tournera avec quelques grands auteurs tels Claude Chabrol (Les fantômes du chapelier), Volker Schlöndorff ou Claude Lelouch. Malgré des années 90 plus anonymes sur le grand écran, il revient en 2002 dans le film d’Atom Egoyan, Ararat, où il interprète le rôle d’….Edouard Saroyan, oeuvre ayant pour sujet principal le génocide arménien, la cause la plus importante de sa vie. Enfin, il avait prêté sa voix au vieux monsieur de Là-Haut en 2009. Et non ce n’est pas une erreur, nous avons volontairement oublié de mentionner l’immense mais parfois sous-estimé Un taxi pour Tobrouk (1962), film antimilitariste au texte parfait, du niveau des Tontons flingeurs ou de La Cave se rebiffe à découvrir absolument, dont voici un extrait.
Indiana Jones 5 autour du monde
Après avoir confirmé la mise en route du prochain opus, Frank Marshall (producteur de la légendaire saga) est revenu sur le sort d’Indiana Jones 5 durant une interview accordée à Comingsoon. On savait déjà qu’il serait réalisé par Steven Spielberg et qu’Harrison Ford remettrait (encore ?) son célèbre costume. Marshall nous révèle à présent que Jonathan Kashan (scénariste de Solo : a Star Wars story) est au contrôle du scénario et admet à demi-mot qu’une « writer’s room » est en place. Il est aussi revenu sur le départ de l’historique producteur Georges Lucas qui fera d’Indiana Jones 5 le premier film sans sa présence : ” J’adore travailler avec lui et avoir son avis, mais les choses évoluent et on avance. Lui aussi a avancé.[…] J’adorerais que George soit là. J’aime quand il est dans le coin et qu’on peut travailler ensemble, évidemment, et là ce sera différent, vu que les idées seront développées par d’autres gens”.
Anciennement prévu pour Juillet 2020, sa date de sortie est repoussée d’un an, il ne faudra donc pas l’attendre avant Juillet 2021. Pour les inquiets, Spielberg assure que ce sera le dernier Indiana Jones avec l’ancêtre Ford…mais que ça ne sera certainement pas la fin de la saga !
John Rambo a fait un relooking
Mercredi, l’acteur Sylvester Stallone a publié, sur son compte Instagram, deux clichés qui ont fait réagir le Web. A l’occasion du début du tournage de Rambo 5, les fans ont pu découvrir avec stupéfaction le héros habillé en cow-boy, bien loin de son apparence habituelle de guerrier ultra-testosteroné. Ce nouvel opus, qui sera signé Adrian Grunberg (Kill the gringo) n’a pas encore de date de sortie. Il faudra prendre son mal en patience.
Alexandre devient Grâce à Dieu
Le réalisateur François Ozon a dévoilé sur son compte Instagram, une première photo de son prochain film. Il devait s’appeler Alexandre, ce sera finalement Grâce à Dieu. Le journal Le Progrès a pu obtenir quelques précisions sur l’histoire. Le cinéaste s’est inspiré de l’histoire des victimes de pédophiles au sein de l’Eglise, et plus précisément de l’affaire lyonnaise du Père Preynat (un prêtre mis en examen pour agressions sexuelles sur des scouts lyonnais entre 1986 et 1991). Le 18e long-métrage d’Ozon sera raconté du point de vue des victimes qui vivent avec ce traumatisme. On suivra donc Alexandre, François et Gilles, trois amis d’enfance interprétés par Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swan Arlaud. La sortie du film est prévue pour le 20 février 2019.
Les Critiques de la semaine
Cette semaine, Diane Lestage a vu Blindspotting de Carlos Lopez Estrada ; écrit, interprété et produit par Rafael Casal et Daveed Diggs. Si le ” ton et le fond de Blindspotting sont graves, le montage rythmé de Carlos Lopez Estrada, les situations hilarantes, le slam comme moyen d’expression ou les néons et codes du cinéma indé, enrobent parfaitement le film. Une scène déjà culte, résonne encore : Colin, un flingue pointé sur le policier meurtrier, hurle “I feel like a monster in my hometown/ Je me sens comme un monstre dans ma propre ville”. Les trois camarades livrent avec générosité un premier projet d’amitié, intelligent et authentique, véritable vent de fraicheur sur le cinéma indépendant américain.”
Du côté du cinéma français, François-Xavier Lerbré a aimé le deuxième film du réalisateur belge Guillaume Senez, Nos Batailles, “Car toute l’intelligence du film se retrouve dans l’écriture du personnage principal (Romain Duris), jamais réellement sympathique, certes admirable mais hermétique à la souffrance d’autrui. Il n’entend pas le chagrin des femmes de sa vie, trop occupé à rechercher celle qui l’a abandonné. Si par l’image le cinéaste prend le parti d’Olivier, en épousant tous ses gestes et en le faisant habiter la quasi intégralité des plans de son film, il n’oublie pas que l’engagement d’un homme ou d’une femme entraîne l’implication de ses proches. “
Notre rédactrice Manon Brethonnet a vu le téléfilm TF1 Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi où Muriel Robin interprète Jacqueline Sauvage (condamnée pour avoir tué son mari violent). La comédienne “est tout simplement bouleversante. Son regard ne rencontre pratique jamais celui des spectateurs, elle a les yeux cloués au sol. Une honte qui la ronge. Les traits tirés, le visage ensanglanté, des cicatrices plein les jambes. Un calvaire difficile à regarder mais dont on ne peut pas détourner le regarde. Pas par voyeurisme mais parce qu’il est grand temps de “voir”. D’ouvrir les yeux sur ce fardeau.”