CINÉMA

“A Star is Born” – Lady Gaga, the edge of glory

Après plusieurs versions au fil des différentes stars d’Hollywood, A Star is Born refait surface en 2018. Exit Julie Garland et Barbra Streisand, c’est au tour d’une Lady Gaga au creux de sa carrière de jouer la chanteuse star en devenir.

A Star is Born est une curiosité à plus d’un titre. Outre la présence à l’écran pour la première fois de Lady Gaga en rôle titre, A Star is Born marque une seconde nouveauté : la première réalisation de Bradley Cooper. Hélas, force est de constater que ce manque d’expérience derrière la caméra est ce qui fragilise le plus le film.

Fausses notes

L’acteur-réalisateur opte pour une caméra portée au plus près des acteurs afin de ne rien rater de leurs performances. Problème, cette approche ampute le film de l’ampleur visuelle que l’histoire d’amour mériterait.

Malgré la jolie photographie de Matthew Libatique (Iron Man, Black Swan), le film prend rapidement des allures de téléfilm luxueux. A l’écran, Bradley Cooper peine à se sortir des champs contre champs académiques. Pourtant, la mise en scène est parsemée ici et là de plans réfléchis et d’une vraie envie de raconter l’histoire visuellement. En témoigne un décollage de faux-sourcil qui se transforme subitement en geste d’une profonde sensualité.

Le film souffre également d’un scénario qui peine à instaurer une solide progression dramaturgique. Consciente du volume d’éléments narratifs à développer, l’histoire enchaîne les séquences sans prendre le temps d’en développer la portée émotionnelle. Il est particulièrement frustrant de voir la conclusion de la plupart des enjeux dramatiques expédiés brutalement au détour de dialogues.

Cela est d’autant plus surprenant que le scénario est, en partie, écrit par Eric Roth,  un habitué des biopics fictifs (Forrest Gump, L’Etrange Histoire de Benjamin Button).

© Warner Bros

The Fame Monster

Quoi qu’il en soit, la principale attraction de ce Star is Born est, pour beaucoup, la présence de Lady Gaga. Pour quiconque s’intéressant au parcours de la chanteuse, son potentiel est évident. On avait déjà pu l’observer avec la série American Horror Story, pour laquelle elle avait remporté un Golden Globe.

Dépouillée du maquillage outrancier qui a fait sa renommée, Lady Gaga entend montrer une image sans artifice et authentique. En cela, sa performance prolonge le tournant épuré entamé avec son dernier album Joanne. Dès ses premières apparitions, la chanteuse-actrice rafraîchit à elle seule le genre de la comédie romantique en imposant un jeu encore hésitant mais pur. Malgré toute son implication dans le projet, elle montre ses limites dans les scènes demandant un jeu plus proche du quotidien. Pourtant, même avec ces faiblesses, difficile de ne pas constater la sincérité de sa démarche et le désir d’être à la hauteur du défi, sans jamais se surestimer.

Le vrai potentiel de l’actrice se révèle dans les scènes émotionnellement plus intenses. Toute son expérience de performeuse explose lors des séquences de chant. Dans le premier acte, il suffira de la prestation de Shallow sur scène pour transcender le spectateur. Sa voix ample et remplie d’une fragilité désarmante impose sa présence à l’écran. Plus encore, tout en chantant, elle n’en oublie pas de jouer son personnage avec toutes ses failles.

La présence de Lady Gaga au casting n’est pas qu’un simple choix de comédien. Toute personne connaissant le parcours de la chanteuse s’amusera à repérer, en sous-texte, sa propre carrière. En effet, Ally, la chanteuse anonyme d’un bar qui va se créer une image pour devenir une star internationale, quitte à s’éloigner de son authenticité, se confond avec Lady Gaga. Bradley Cooper, au scénario et à la réalisation, s’amuse à distiller des détails qui renvoient directement à la chanteuse. La présence de Drag Queens n’est pas un hasard lorsque l’on sait son engagement pour la cause LGBT. On notera également l’apparition de Richard Jackson en chorégraphe d’Ally, qui le vrai chorégraphe attitré de Lady Gaga.

Film fragile, A Star is Born n’en reste pas moins attachant. Alors que le talent de Bradley Cooper en tant que réalisateur est encore à démontrer, celui de Lady Gaga en actrice principale est définitivement affirmé.

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