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Au Brésil, les cartes de la présidentielle sont redistribuées

A un mois du premier tour de l’élection présidentielle au Brésil, la campagne électorale prend un tournant plus agressif à la suite de l’attaque contre Jair Bolsonaro, candidat à la présidence.

Le 6 septembre, Jair Bolsonaro reçoit plusieurs coups de couteau en plein meeting à Juiz de Fora. Cette tentative d’assassinat plonge le pays dans le chaos : la jeune démocratie brésilienne se retrouve fragilisée.

Une campagne électorale sous le signe de la violence

Le Brésil doit faire face à l’une des plus violentes campagnes électorales de son histoire. Six mois auparavant, la caravane de Lula avait déjà été la cible de tirs. D’autre part, les propos virulents de Jair Bolsonaro à l’encontre notamment des journalistes et des militants de gauche alimentent la haine entre les différents partis politiques.

Cependant, l’attaque subie par le leader du Parti social-libéral est unanimement condamnée par les candidats. Seulement, les dommages politiques sont incalculables. Pour certains, cette agression pourrait radicaliser les militants de Bolsonaro qui tiennent la gauche comme les responsables de cette attaque.

Le climat tendu à un mois de l’élection est également dû à l’invalidation de la candidature de Lula, le grand favori. Alors que les sondages le proclamaient vainqueur du premier tour avec plus de 30 % des voix, le Tribunal supérieur électoral a rejeté sa demande.

Jair Bolsonaro, candidat blessé mais critiqué

Si la gauche considère Lula comme « un prisonnier politique », la droite semble avoir trouvé en Jair Bolsonaro un martyr. Pour son fils, Flavio, cette agression serait à même d’offrir la victoire à son père dès le premier tour de l’élection.

Cependant, la politique de Jair Bolsonaro est vivement critiquée et le candidat est loin de faire l’unanimité. Leader du Parti social-libéral, il est aussi l’un des représentants du puissant lobby des BBB (« Balle, Bible, Boeuf ») représentant les propriétaires terriens, Évangéliques et partisans du port d’arme. Ce groupe de pression ultra-conservateur s’est toujours opposé aux politiques sociales du Parti des Travailleurs.

Ce sont surtout ses différentes prises de position qui le rapprochent d’une frange extrémiste. Il se proclame en faveur de la peine de mort et contre l’union civile entre deux personnes de même sexe. Il est aussi réputé pour son discours outrancier envers les femmes et les homosexuels. Pour certains, Jair Bolsonaro se place à l’opposé d’un Brésil progressiste et solidaire.

©EPA

L’avenir du Brésil compromis

Le pays se retrouve déboussolé avec un avenir compromis et incertain. Avec l’invalidation de la candidature de Lula, la gauche perd un leader même si Fernando Haddad est pressenti pour le remplacer. Aucun des deux candidats favoris n’est, à ce stade, capable de faire campagne à quelques semaines du premier tour.

Depuis la destitution de Dilma Rousseff en 2016, qui a plongé le pays dans une crise politique, morale et institutionnelle, les espoirs des Brésiliens pour en sortir s’évanouissent peu à peu et l’inquiétude est leur maître-mot.

Au Brésil, la violence de cette campagne électorale met en péril la démocratie. Tous les sondages réalisés pour le premier tour ne sont finalement plus valables. Les cartes sont redistribuées et les électeurs vont devoir faire un choix déterminant le 7 octobre prochain pour l’avenir de leur pays.

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