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Route du Rock 2018, jour 2 – En pente douce

Après une première soirée bien agitée, le fort de Saint-Père a retrouvé un peu de quiétude samedi, avec Patti Smith en star du soir.

C’était plutôt une bonne idée, de se poser un peu après en avoir pris plein la tête la veille, entre Daho, Shame, les Black Angels et consorts. Ce samedi ensoleillé a gentiment démarré grâce au rock très sixties de Cut Worms. Le New-Yorkais présentait son premier album sorti au printemps dernier, produit par Jonathan Rado de Foxygen. Un peu de douceur donc, avant qu’un cowboy du XXIe siècle nommé Josh T. Pearson ne vienne prendre d’assaut le fort.

Josh T. Pearson – © Lauranne Wintersheim / Maze

 

Une première partie de soirée qui s’est achevée par le set poussif de Jonathan Bree. Le Néo-Zélandais programmé au dernier moment n’avait clairement pas les épaules pour tenir le set d’une heure prévu à l’origine pour John Maus. Au point de jouer plusieurs fois les mêmes morceaux. Raté.

Légendaire

Après Etienne Daho, c’était l’autre icône attendue de cette édition 2018. Et Patti Smith a répondu présente. Entouré de trois musiciens seulement, dont son fils Jackson à la guitare, la marraine du punk impressionne de charisme et de justesse. À 71 ans, et sans avoir sorti d’album depuis 2012, Patti Smith semble n’avoir rien perdu de ce qui a fait sa renommée : une énergie communicative, une poésie incarnée, des engagements toujours aussi fort.

C’est avec un immense sourire qu’elle pose son regard sur le public, venu pour beaucoup tout spécialement pour elle, des étoiles dans les yeux. Patti Smith enchaine les tubes, Dancing Barefoot, Because The Night, reprend Midnight Oil et son très écolo Beds Are Burning, avant de terminer par un superbe People Have The Power, hymne à la révolte, appel à l’action. “Tout fout le camp dans notre monde (…). La jeune génération est notre espoir. N’oubliez pas que vous pouvez changer les choses. Soyez putain de libres !”, a scandé la rockeuse avant de faire chanter sa chanson à la foule entière.

 

Ariel Pink, l’énervé du soir

Pas le temps de souffler puisque le concert de Patti Smith ayant démarré un peu en retard, il a forcément fallu se rattraper. Alors à peine le dernier coucou de la main lancé à la foule, Ariel Pink démarrait son set sur les chapeaux de roue. Dans un bain de lumières colorées, le Californien nous a remis une couche de psyché après la soirée du vendredi. Alternant entre ambiance seventies à la cool (le look allait avec), et rock plus énervé, Ariel Pink et ses musiciens particulièrement doués ont su embrasé la petite scène des Remparts… qui semblait bien trop petite pour contenir leur énergie et leur talent. On peut dire que les Américains ont convaincu, la fosse se transformant un peu partout en dancefloor à ciel ouvert. Une heure intense !

Ariel Pink – © Lauranne Wintersheim / Maze

 

Nils Frahm dans les étoiles

C’était clairement le pari de cette édition 2018 : faire passer du “classique moderne” à la Route du Rock. La programmation de Nils Frahm en a étonné plus d’un, et il faut dire que l’écart est immense, entre la claque survitaminée que le public venait de prendre face à Ariel Pink, et la tranquillité des compositions de l’Allemand. Mais honnêtement, on ne le quitte pas des yeux. Encerclé par ses claviers et ses machines, Nils Frahm court d’un bout à l’autre de la grande scène pour pianoter, torturer, triturer ses instruments, lancer les boites à rythme, improviser. Habité par sa musique, Nils Frahm, en nage à la fin de son concert, fascine. C’est vrai ce n’est pas facilement accessible. Mais il suffit parfois de faire un petit effort pour être touché par la grâce. Ce qui a été le cas puisque le public un peu agité au départ, s’est laissé prendre par la main.

Nils Frahm – © Lauranne Wintersheim / Maze

 

C’est dans la nuit noire que Nils Frahm nous a emporté, pour cette soirée plus calme qu’à l’accoutumée. Un petit break, avant on l’espère, de terminer en beauté.

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