CINÉMA

“O Grande Circo Místico”- C’est la vie !

© Bodega films

Présenté au Festival de Cannes en mai dernier, le nouveau film du réalisateur brésilien Carlos Diegues sort en salles aujourd’hui. Véritable portrait de groupe, O Grande Circo Místico raconte la vie d’un cirque familial et de ses artistes pendant un siècle. De la gloire à la faillite, du succès à la décadence.

Dans l’imaginaire collectif, le cirque est souvent associé au mystère voire même à la magie. Le film de Carlos Diegues n’y échappe pas et plonge le spectateur dans un univers singulier qui parvient à mêler merveilleux et réalisme. L’odyssée de la famille circassienne Kieps commence en 1910 avec Fred (interprété par Rafael Lozano, aperçu dans la série Netflix 3 %), un fils de bonne famille, qui tombe amoureux de l’envoûtante danseuse et trapéziste Beatriz (incarnée par Bruna Linzmeyer, au casting de Rio, I Love You). Tous deux fondent le Grand Cirque Mystique, lieu de vie central du couple et de leurs descendants.

Après eux, suivront quatre générations. Quatre générations qui prendront tour à tour la tête de l’affaire familiale : tout d’abord Charlotte, la fille de Fred et Beatriz, et son mari Jean-Paul, un comédien charismatique et infidèle ; puis leurs enfants, Carla qui renonce à la vie d’artiste et laisse le cirque entre les mains de son frère Oto ; vient ensuite Margarete (jouée par Mariana Ximenes, une actrice très populaire au Brésil), la fille de ce dernier, fervente croyante qui aura elle-même des jumelles, Maria et Helena, dotées d’étranges pouvoirs.

© Bodega films

Tous ces personnages évoluent aux côtés de Célavi (justement interprété par Jesuíta Barbosa, jeune talent brésilien), un maître loyal captivant qui ne vieillit pas et accompagne chacune des générations. Aussi mystérieux qu’intriguant, Célavi fait office de narrateur et de point de repère dans ce récit presque merveilleux. Au milieu de ce casting lusophone remarquable, le français Vincent Cassel livre une prestation convaincante et différente de ses compositions habituelles.

Un dernier tour de piste

Les nombreux portraits dressés par Carlos Diegues gravitent tous autour du chapiteau, symbole d’un monde qui semble s’essouffler et se perdre. C’est avec une pointe de nostalgie que l’on assiste à l’ascension puis à la chute du cirque familial. De la prospérité à la faillite, le destin de la famille Kieps s’assombrit au fur et à mesure que le temps passe. D’une génération à une autre, le bonheur de Fred et Beatriz laisse peu à peu place aux conflits et à la violence. La notion de transmission, acceptée par certains membres de la famille, est rejetée par d’autres (comme Clara qui décide de quitter le cirque). Le rêve de Fred et Beatriz se transforme en fardeau difficile à porter par les plus jeunes générations qui ne rêvaient pas toutes d’un tel héritage. Le cirque autrefois si joyeux est déserté par le public et l’atmosphère devient plus inquiétante.

 

Carlos Diegues ne détourne pas les yeux et ose aborder des sujets aussi délicats que tabous, de la folie à l’inceste en passant par le viol, le Grand Cirque Mystique est le terrain des joies et des peines de ses occupants. Au milieu de ce drame imprégné de réalisme-magique, des scènes de poésie ponctuent le film. Le réalisateur brésilien laisse le temps aux spectateurs d’admirer les performances des artistes qui se succèdent sur la piste. De longues séquences permettent de découvrir des numéros de trapèze, de dressage, de danse et de chant, magnifiés par la caméra de Diegues. Les sonorités de la langue portugaise contribuent également à renforcer la poésie et l’esthétique quasi magique dont est teinté le film. Cet habile mélange des genres atteint son paroxysme lors de la scène finale qui donne à voir un ballet aérien sublimé par la musique qui l’accompagne.

Si certains mystères demeurent inexpliqués, Carlos Diegues a le mérite de proposer un récit entraînant qui surprend par sa sincérité et séduit par sa fantaisie.

O Grande Circo Místico de Carlos Diegues, 1h30.

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