Pour son premier film en solo, Gilles Lellouche a offert un souffle d’humour à cette 71e édition du Festival de Cannes. Le Grand Bain est un joyeux film choral porté par un casting XXL où l’acteur/réalisateur tente de nous prouver, grâce à une histoire originale, “comment on peut faire rentrer un carré dans un rond, et inversement”.
Gilles Lellouche réussit son grand plongeon seul derrière la caméra. Dans Le Grand Bain, il redonne un souffle et un rythme à la comédie française. Il base son scénario sur une bande de quarantenaires paumés dont le seul réconfort est un cours de natation synchronisée masculine. Mathieu Amalric le chômeur dépressif, Benoît Poelvoorde le vendeur de piscine flambeur, Guillaume Canet le chef de chantier colérique, Philippe Katerine le gentil crétin et Jean-Hugues Anglade le rockeur idéaliste, incarnent des hommes qui ont du mal à communiquer avec leurs proches. Tous exercent des métiers où il ne sont pas épanouis. Heureusement, ils se retrouvent dans le grand bain où leur coach, une ancienne championne alcoolique, interprétée par Virginie Efira, leur lit des poèmes du haut de son plongeoir enchaînant les cigarettes. La joyeuse bande à laquelle s’ajoute également Alban Ivanov et Balasingham Tamilchelyan (au potentiel comique trop peu utilisé) fume des joints dans les vestiaires en se racontant des anecdotes de leur quotidien. Ces losers magnifiques vont finalement se donner pour mission de représenter la France aux mondiaux de natation synchronisée. Pour compléter le casting, Marina Foïs est parfaite dans le rôle de la femme de Mathieu Amalric, Félix Moati étonnant en infirmier de maison de retraite shooté aux anxiolytiques, Noée Abita toujours plus prometteuse en fille du personnage d’Anglade. Quant à Leïla Bekhti, elle se révèle hilarante en suppléante ex-nageuse handicapée, un tantinet vulgaire.
Il est difficile de ne pas céder au rire tant, chacun dans son rôle, cette distribution est hilarante. Gilles Lellouche dirige parfaitement cette joyeuse bande de copains en les laissant s’exprimer. Le réalisateur est incontestablement généreux à la fois envers ces comédiens mais aussi envers le public auquel il offre cette comédie excentrique. Il n’est jamais manichéen, et invite le spectateur à se retrouver dans chaque membre de cette galerie de personnages que l’on pourrait croiser dans la vie de tous les jours. Il insuffle donc à son film une portée sociale à travers ces portraits d’hommes qui vont devoir se mouiller en affrontant le regard des autres. Et si on rit beaucoup, l’écriture maîtrisée du scénario ne présente pas une juxtaposition de gags. Le montage rythmé et la réalisation soignée du Grand Bain prouve que l’injustement critiqué (pour certains de ses choix en tant qu’acteur), Gilles Lellouche a une place à prendre de l’autre côté de la caméra.