CINÉMAFestival de Cannes

Cannes 2018 – « Climax », entrez dans la transe

Climax de Gaspar Noé commence par la fin et nous balance son générique au bout de trente secondes, après avoir coupé la chique au slogan d’Arte. Présenté en Quinzaine des Réalisateurs, le nouveau film de l’auteur d’Irréversible est à l’image de sa chronologie : renversant.

Deux dizaines de danseurs se retrouvent dans leur salle de répétition et dehors, la neige a comme envahi le monde. Ils dansent, dansent et dansent encore, jusqu’au moment où, entre deux rails de coke et trois verres de sangria, un mal inconnu les prend et monte doucement. Incroyablement juste à l’image, détonnant à la BO et physiquement éprouvant, Climax nous fait vivre son histoire.

Le film commence sur des plans longs et fixes. On découvre chaque personnage sous la forme d’interviews diffusées sur une télé entourée de VHS et de bouquins. A gauche on aperçoit un Manuel du suicide, à droite des films comme Possession d’Andrzej Zulawski ou encore Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini. Cela paraît très pénible comme ça mais chaque entrevue est égayée d’une petite punchline ou d’un détail sympa. En entourant ses danseurs de films jugés maudits où les personnages subissent des histoires atroces, Gaspar Noé nous dit déjà la suite de son film. Encore une fois et après nous avoir montré la fin de son histoire, le réalisateur annule volontairement tout effet de surprise scénaristique et nous invite à nous concentrer sur la manière dont tout cela va arriver. Rien ne compte plus que la forme et l’émotion qu’elle procure. Et avec une longue scène de danse ultra-chorégraphiée, le cinéaste commence très très fort. Et à partir du moment où la folie monte, la caméra commence à tanguer et plus ça monte, plus l’impression de tomber avec les personnages est forte. L’image va jusqu’à faire des tours sur elle-même lors des moments les plus intenses du film. Pour ajouter à l’intensité, la lumière devient, au fur et à mesure, de moins en moins nuancée ; le rouge devient la couleur dominante. Et parce que ce film ne serait pas une expérience totale sans le son, la musique tape toujours plus, participant à la transe. Préférant l’émotion au scénario, le réalisateur ne s’intéresse jamais aux histoires des personnages. On ne sait malheureusement presque rien d’eux à part ce qu’ils vivent au moment présent. Avec Climax, Gaspar Noé ne nous montre pas une histoire, il nous propose d’en vivre ses effets. Et c’est assez vertigineux.

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