BlackkkLansman signe le retour de l’américain Spike Lee sur la Croisette. Porté par un casting de haute volée où le tandem Adam Driver/John David Washington est excellent, le film fait écho entre une histoire vraie originale et la politique américaine actuelle. Le tout raconté avec une ironie jouissive.
20 janvier 2017 : Donald Trump prend ses fonctions de président des États-Unis. Août 2017 : pour protester contre la destruction d’une statue d’un général sudiste favorable à l’esclavage, le Klu Klux Klan (KKK) et des néo-nazis manifestent dans les rues de Charlottesville en Virginie. Des affrontements violents ont alors lieu avec des militants anti-racistes. Parmi les soutiens de Trump, un certain David Duke, ex-leader du KKK.
Par BlackkkLansman, Spike Lee démontre qu’aujourd’hui rien n’a changé ; le racisme et l’antisémitisme sont toujours aussi présents aux État-Unis. Le réalisateur américain raconte l’histoire vraie et cocasse de Ron Stallworth, un jeune afro-américain officier de police à la fin des années 1970 dans la ville de Colorado Springs. Très vite le jeune homme se retrouve aux renseignements et tombe sur une petite annonce du KKK. Ni une, ni deux et il leur téléphone pour faire une demande d’adhésion… sous son véritable nom. Pour se sortir de cette situation comique, il va envoyer son collègue Flip Zimmerman, qui pourtant, lui est juif, le représenter physiquement en s’infiltrant chez ces sympathisants locaux. Dédoublé, Ron Stallworth va pendant ce temps-là passer des heures au téléphone avec David Duke pour en savoir plus sur ces suprémacistes et leur actions. Sous le même nom, John David Washington (fils de) et Adam Driver s’en sortent avec brio pendant toute la durée du film.
Un récit audacieux et efficace
Alors oui, Spike Lee est parfois un peu manichéen, il met en place une dramaturgie certes académique mais sa capacité à multiplier les idées visuelles l’emporte. Comme avec l’ouverture du film, un discours raciste d’Alec Baldwin, grand imitateur de Donald Trump au Saturday Night Live. Et malgré quelques défauts formels donc, le cinéaste parvient à manœuvrer parfaitement son histoire d’un bout à l’autre. Sur fond de manifeste politique, le réalisateur de Malcolm X réussit à mêler cette colère contre les nationalistes d’hier et aujourd’hui ainsi que de vraies situations comiques dues à son scénario. Un discours osé pour une expérience de moquerie des WASP ultra jouissive qui débouche sur une fin glaciale.