Parcours éclectique que celui de Raymond Depardon. Réalisateur, romancier, documentaliste et avant tout photographe, l’œuvre de cet aventurier est mise à l’honneur jusqu’au 24 décembre à la fondation Henri Cartier Bresson à Paris.
Il serait facile de rater la Fondation Henri Cartier-Bresson, ouverte en 2003 sous l’impulsion du photographe renommé et de sa femme, Martine Franck : immeuble discret, enclavé dans une impasse jouxtant une école du 14ème arrondissement, seule une banderole indique véritablement la nature du lieu. C’est pourtant au sein de ce bâtiment que chacun pourra (re)découvrir l’œuvre de Raymond Depardon au travers de la rétrospective Traverser.
Comment revenir sans se perdre sur la carrière colossale de Depardon ? La galerie se consacre presque exclusivement à son parcours de photographe, présentant toutefois quelques-uns de ses écrits comme une sorte de trame à l’exposition. Fondateur de l’agence Gamma, membre de l’agence Magnum, ses reportages l’ont conduit dans des lieux aussi divers que dissemblables. De New York au Rwanda en crise, des déserts mauritaniens à Villefranche-sur-Saône et sa campagne qu’on aime appeler profonde, ses reportages font le tour du monde.
Ses photographies ne se départissent pas moins d’une vraie cohérence esthétique, d’un désir de s’éloigner de figures impressionnantes et déchirantes, pour se concentrer sur des temps plus calmes ; certains diront « morts ». Et toujours avec ce style reconnaissable par une sorte de calme, son cadre contrôlé, accompagné de courts textes revendiquant la subjectivité de l’artiste. Afin, ainsi, de retracer ce parcours particulier, quatre thèmes se succèdent au fil des deux étages de l’exposition : La terre natale en dialogue avec Le voyage, puis La douleur en dialogue avec L’enfermement, une dernière série touchante sur certains asiles psychiatriques italiens.
Une exposition un peu courte pour une carrière pourtant fort remplie, mais qui a su cependant sélectionner ses œuvres avec soin, donnant envie au novice de découvrir plus de cette œuvre, à la croisée du photojournalisme et d’une sensibilité artistique et esthétique originales.