MUSIQUE

Rendez-vous dans les étoiles : BRNS revient avec Sugar High

Les ovnis de BRNS ont encore frappé. Leur second album Sugar High promet d’intenses sessions d’écoute dans un monde parallèle, peuplé d’extraterrestres et d’animaux aussi fantastiques que leurs nouvelles chansons.

Ils nous avaient intrigué avec leur EP Wounded, puis charmé avec leur premier album Patine, et on peut maintenant dire que le mariage est approuvé et consommé grâce à Sugar High. On évitera de placer la nouvelle production dans des cases restrictives et mensongères. La musique de BRNS est plus éclatée et éclatante que jamais, mieux vaut ne pas l’enchainer. Quand un vent de génie souffle sur le paysage musical, la seule chose à faire c’est de s’installer au milieu du courant d’air et de laisser le vent du renouveau indie ébouriffer nos tignasses.

En provenance directe de la lune

Le petit groupe belge un peu fou a bien grandi en quelques années de scène. Nous sommes déjà à une époque où l’on peut clamer, avec un ton nostalgique, que l’on connait BRNS depuis leur premier single Mexico, nous ! On ne peut pas affirmer qu’il y ait un monde différence entre leur musique d’avant et leurs titres actuelles. Il serait plus juste de dire que tout gravite dans la même galaxie autour de l’astre unique qu’ils incarnent, le point central d’où jaillit la créativité mélodique dont ils nous couvrent. Les suggestions algorithmiques des grands sites d’écoutes comme Spotify ou Deezer les associent volontiers à Girls in Hawaii, Balthazar et Vismets. Pourtant, nous maintenons qu’ils sont inimitables. Ils ont une histoire fondamentalement singulière à raconter. BRNS trace sa route dans le terrain semé d’embûches du vilain monde de la musique. Par pur égoïsme, on en viendrait presque à souhaiter que leur traversée ne s’achève jamais, tant les sonorités explorées deviennent de plus en plus pointues et agréables à entendre, même après une centaine d’écoutes.

Quand la bande dessinée prend vie

La pochette de Sugar High représente une planche de BD stylisée, sobre et lumineuse. Les chansons correspondent à l’idée que l’on se fait de l’album en en inspectant l’illustration ; il s’agit bien d’une frise narrative, de celles qui emmènent les lecteurs – et les auditeurs ! – dans les tréfonds d’un monde fictif mais néanmoins réaliste et irrésistiblement attirant. Le premier titre, intitulé The Rumor annonce la couleur : un secret a été révélé, il fait hurler les personnes entrées dans la confidence, et il entraine dans sa chute quiconque osera en dévoiler son contenu. Bienvenu dans la dimension BRNS, attachez vos ceintures, le voyage ne sera pas de tout repos.

Pour les personnes en phase avec la BD de genre, la première écoute de cet opus rappellera inévitablement l’ambiance pesante et pressante des meilleurs tomes de Blake et Mortimer. Le jeu de batterie installe la profondeur de la nuit noire, les rythmes fous tentés par la guitare font courir les personnages, les synthés lancinants n’abandonnent jamais leur rôle de gardien du désespoir. Tout dans la musique de BRNS est une question d’équilibre entre l’espoir lumineux des lendemains et la fatalité assommante de l’instant vécu. Quand une percussion vient redonner du rythme et de la vie à un morceau, elle est immédiatement rattrapée par des petits sons espiègles, allégories des aléas du quotidien qui remettent les pieds sur terre aux idéalistes.

Si près de la fin

Une histoire ne se spoil pas, sous aucune de ses formes. On ne vous dévoilera ni la fin d’un film, ni le dénouement  de Sugar High. D’une part parce qu’il est trop important que chacun se fasse son opinion sur l’essence des propos tenus par le groupe. D’autre part parce qu’il pourrait y avoir une infinité d’interprétations à donner à chaque chanson maitrisée au fil de l’album. Il fonctionne comme une éponge à émotions, tout le monde peut y transférer une part de soi et y retrouver des bribes de son expérience personnelle.  L’automne accueille avec plaisir ce nouvel opus, sorti le 6 octobre, et qui promet d’être l’album psyché-indé de cette fin d’année. Ne manquez sous aucun prétexte une occasion de vous découvrir, d’entrevoir votre reflet dans le prisme assombri du diamant brut qu’est Sugar High.


 

Sugar High, de BRNS, © Louis Records, sorti le 6 octobre 2017

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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