Focus sur le cinéma mexicain à Lyon. Rencontre étrange avec l’œuvre de Rubén Gámez , sous les conseils d’Alfonso Cuarón, ce n’est pas rien !
“Expérimental”, le mot qui fait peur
Dès notre arrivée en salle, on fait venir Alfonso Cuarón devant la toile. Comme pour nous préparer psychologiquement à ce que nous nous apprêtons à voir, il nous parle de La Formula Secreta et de son réalisateur. Comment il a connu ce film durant son adolescence et comment il a souhaité le revoir. Et tout ceci nous mène à cette salle, où ce même film est projeté au Festival Lumière. Il dit avoir hâte qu’on le voie. Mais comment te dire Alfonso, dès fois “cinéma expérimental”, ça fait peur. En résulte une salle pas tout à fait comble, évidemment.
Malgré tout, on nous vend ce film comme étant “méconnu mais bon” en opposition à des films “méconnus et qui devraient le rester”. Alfonso, on croit en toi, c’est parti !
Le cinéma expérimental…
La mort d’une vache, une transfusion de Coca-Cola, un hot-dog d’environ 50 mètres de long. Vous ne voyez pas le rapport mais vous en rêviez ? Rubén Gámez l’a fait pour vous, c’est ça sa formule secrète, un savant mélange qui lui permet de parler de son pays : le Mexique. Comme dans tout film expérimental qui se respecte, le symbolisme est à la base de chaque plan formant ce moyen-métrage de 45 minutes. Pour ce qui est de donner une interprétation, la tache ne semble pas être aisée et nous ne contredirons pas Alfonso Cuarón lorsqu’il affirme que “Rubén Gámez lui-même ne comprenait peut-être pas forcément ce qu’il avait voulu dire”.
…à la sauce mexicaine
Mais là où ce moyen-métrage semble atteindre son but, c’est qu’il fascine et fait se questionner son spectateur sur le sens que l’on devrait lui donner. Critiquant à la fois l’impérialisme américain et les traditions patriarcales mexicaines, Gámez dépeint et critique avec force la société mexicaine des années 1960. Entre abandon de la religion et nouvelles croyances capitalistes il montre les visages composant le Mexique contemporain.
Mais attention aux interprétations hâtives, la formule secrète le restera toujours. Seul Gámez en possède les clefs… Ou pas d’ailleurs.
Éveillant à la fois fascination et dégout, Gámez ne peut que convaincre ou déplaire de manière démesurée. Cuarón s’est dit inspiré d’un point de vue thématique par La Formula Secreta pour son dernier film en préparation. Affaire à suivre. On ne demande qu’à voir.