LITTÉRATURE

« L’absente de Noël », de Karine Silla – L’absence magnifiée

C’est Noël avant l’heure. Pour cette rentrée littéraire 2017, Karine Silla publie son troisième roman aux éditions de l’Observatoire. Après les très beaux Monsieur est mort et Autour du soleil (tous deux aux éditions Plon), elle nous livre une histoire de disparition subite avec son nouvel ouvrage L’absente de Noël. Un livre qui explore avec justesse les liens familiaux, tout en finesse et en suspense.

L’histoire commence en plein réveillon. Comme chaque année, la famille se réunit, mange à s’en étouffer, raconte les mêmes anecdotes en essayant d’oublier les tensions qui la rongent. Mais cette année Sophie, l’enfant rebelle de la famille, ne rentre pas. Une absence qui va précipiter parents, beaux-parents, grand-père et demi-sœur sur ses traces, au fin fond du Sénégal. À travers cette épopée, proche du roman policier, c’est le Sénégal natal de Karine Silla que l’on découvre. Un pays magnifique, un peu irréel aux yeux des personnages obnubilés par leur propre situation.

Mais ce voyage inqxuiet à la recherche de l’enfant perdue va également révéler les conflits qui habitent cette famille recomposée. Bien plus qu’une simple enquête à la recherche de la disparue, L’Absente de Noël est un roman psychologique profond, qui analyse les relations au sein d’une famille atypique, à laquelle il est cependant facile de s’identifier. Chaque personnage, avec son caractère et son histoire personnelle, représente un aspect de la société. Des vraies caricatures, qui se révèlent néanmoins extrêmement attachantes.

Antoine, le père « self-made man  », complexé de n’avoir pas fait d’études, qui se la joue provoc tout en se pliant aux désirs de sa femme, Fanny, une bourgeoise qui ne peut pardonner les infidélités de son mari. Virginie, la mère complexée et inquiète, qui s’en veut d’avoir élevé sa fille seule. Gabriel, le beau-père, intelligent, cultivé, qui ne peut comprendre l’amour de sa femme pour son ex-mari. Et bien sûr, il y a celle que l’on recherche, qui occupe toutes les pensées, dans toutes les têtes. Celle qui a rassemblé les autres pour qu’ils se tordent et se déchirent, et pour qu’enfin, ils la laissent être qui elle veut être. « Le mystère de Sophie repose sur un paradoxe. Le doute profond qu’on puisse l’aimer, mais la certitude sans faille qu’on ne peut vivre sans elle » écrit le narrateur dans le livre.

Et il est certain que Sophie apparaît comme la plus grande énigme du roman. Un personnage difficile à cerner, qui aspire à une forme de liberté impossible à atteindre. Tout au long du roman, c’est de son absence qu’il est question. À travers les autres et leurs pensées, on ne voit que Sophie, et l’influence qu’elle a sur leurs vies. Personne n’a jamais aussi bien décrit le manque que Karine Silla.

Grande voyageuse (en devenir). Passionnée par la littérature et les langues étrangères. Dévoreuse de chocolat. Amoureuse éperdue de la vie et de la bonne bouffe. "Don't let the seeds stop you from enjoying the watermelon"

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