Le 5 juillet, les résultats du baccalauréat furent dévoilés à tous les lycéen·ne·s de France. Le précieux diplôme n’est pourtant pas cette année la garantie d’une poursuite d’études satisfaisante. La confusion qui règne parmi les élèves, bachelier·ère·s ou non, provoque une remise en question de la scolarité en France, à tous les degrés du cursus.
Trop d’élèves pour redoubler
La procédure de redoublement n’est désormais plus automatique en cas de difficultés des élèves. Dès le primaire, les enfants sont contraints de passer dans la classe suivante quel que soit leur niveau. Comment comprendre ce que l’on apprend sans en avoir acquis les bases ? Accumuler des enseignements dans ces conditions, d’une année sur l’autre, risque d’accentuer sans cesse le retard d’un·e enfant qu’une classe redoublée aurait peut-être aidé.
Au lycée, cela est encore plus compliqué, particulièrement en Ile de France. Les jeunes ayant échoué au baccalauréat sont elles et eux aussi refusé·e·s au redoublement. C’est une menace très angoissante, car sans le baccalauréat, iels ne peuvent accéder à l’université. En filière générale (Littéraire, Scientifique, Economique et Sociale), trouver un emploi dans le domaine auquel on s’est consacré, sans aucun diplôme post baccalauréat, est presque impossible. Etant donné que les jeunes de terminale sont en général âgé·e·s de plus de 16 ans, aller à l’école ne leur est plus obligatoire. Les autres lycées sont alors en mesure de refuser leur candidature.
Accès à l’université par tirage au sort
Pour la rentrée 2017, les universités se sont trouvées dans une impasse. Il a fallu diminuer le nombre d’étudiant·e·s. Cependant, ne prendre que les meilleur·e·s des lycéen·ne·s serait aller à l’encontre du principe de l’université en France : donner l’opportunité à tout·e élève qui a su obtenir le baccalauréat de poursuivre en études supérieures. Un professeur d’histoire en lycée nous a confirmé qu’un système de tirage au sort a été mis en place. Des élèves particulièrement persévérant·e·s et bien noté·e·s ont donc reçu des réponses négatives, parce qu’iels n’ont pas eu la chance d’être tiré·e·s au sort.
Souffrir de la mauvaise réputation de son lycée
A leur entrée en seconde, les collégien·ne·s se voient attribuer un lycée de secteur. Une dérogation est très difficile à obtenir, et la mauvaise réputation d’un lycée, due par exemple aux résultats décevants qu’il présente en moyenne, peut susciter de graves conséquences une fois en terminale. De très bon·ne·s élèves qui souhaitent être accepté·e·s en BTS, (Brevet de Technicien Supérieur), peuvent être refusé·e·s dans cette filière sélective à cause du lycée dans lequel iels étudiaient. Un lycéen de Seine et Marne, fraîchement diplômé d’un bac ES, raconte comment procède son établissement, qu’il préfère ne pas nommer, et sa difficulté à trouver une poursuite d’études :
« De nombreux camarades de ma classe et d’autres terminales ont été refusé·e·s dans des universités et des BTS, malgré leurs bons résultats. Les seuls endroits qui m’ont accepté sont des universités « pastilles vertes », celles qui doivent le faire automatiquement. Mais celles-ci ne m’intéressent pas du tout… »
Avant les épreuves du diplôme de fin d’année, les professeurs doivent donner un avis « favorable » ou « non favorable » à chaque élève. « Mon lycée n’accepte pas les redoublements, mais ils nous ont dit que, « pour faire crédible », ils imposaient un quota d’avis « non favorables ». Donc certains auront un avis « non favorable » parce qu’il faut respecter ce quota… », explique notre lycéen.
Ces différentes mesures semblent dues à un manque de places à l’université. L’accueil de personnes étrangères en France est souvent pointé du doigt, et nombreu·x·ses sont ceux et celles qui estiment que si l’on interrompait l’immigration, on laisserait davantage de jeunes français·es accéder à l’enseignement supérieur. Nous pouvons nuancer cette observation : le baccalauréat est nécessaire afin d’entrer à l’université. Par conséquent, la démarche mise en œuvre pour accepter les étudiant·e·s étranger·ère·s dans les universités françaises requiert une étude particulière à chaque dossier. Sans compter les élèves accueilli·e·s dans le cadre de projets d’échanges liant les universités françaises à celles d’autres pays, les jeunes étranger·ère·s doivent répondre à des conditions précises pour avoir le droit de rejoindre les bancs de nos universités et pour, de plus, obtenir une carte de séjour. Vous pouvez, pour vous faire une idée, consulter le site officiel de l’administration française.
Certains filières surchargées, d’autre quasiment vides
Alors pourquoi tant de difficultés ? En nous penchant sur la procédure APB (Admission Post Bac), nous nous apercevons que la majorité des fameuses « pastilles vertes » -filières qui acceptent automatiquement les étudiants- sont axées sur les sciences humaines, telles que les facs de Lettres, d’Histoire, etc. De plus, il y a un déséquilibre conséquent entre les différents établissements, qui se remarque au niveau master. Alors que le master 1 de Médiation Culturelle de la Sorbonne Nouvelle propose 170 places pour la rentrée prochaine, seulement 5 étudiant·e·s se sont inscrit·e·s en 2016 en master 1 recherche de Littérature, Savoirs et Culture Numérique à Paris-Est Marne-la-Vallée, (UPEM).
L’écart est impressionnant et témoigne encore une fois de l’importance que l’on accorde à la notoriété du lieu où l’on étudie. Cependant, les jeunes universités telles que celle de Marne-la-Vallée commencent à faire leurs preuves grâce aux bons résultats qu’elles enregistrent et au nombre d’étudiant·e·s qui trouvent un emploi à l’issue de leurs études, même dans les filières consacrées aux sciences humaines. Selon le site de l’UPEM, l’insertion professionnelle des étudiant·e·s est proche de cent pour cent, six mois après l’obtention du master Edition, Livre papier et numérique.
Finalement, peut-être faut-il attendre quelques temps la reconnaissance des universités les plus récentes et la « repopularisation » des voies littéraires ?