Non content d’avoir un titre irrésistible qui ravira les anglophones, le coloré I Love Hue de Zut Game, sorti sur mobile le mois dernier, est une ballade esthétique monstrueusement addictive. Attention, daltonien.ne.s s’abstenir !
Le principe du jeu tient en une ligne : au sein d’une interface épurée, vous devez réorganiser le chaos de palettes de couleurs éclatées à l’écran, composées de plusieurs dégradés aux teintes et saturations différentes, afin de passer aux niveaux suivants, la difficulté allant bien sûr crescendo. Remarquable de simplicité. En plus d’entraîner votre acuité visuelle, avouons que la sérénité qui accompagne la résolution de chaque palette est plus que satisfaisante : chaque partie, très courte, est un petit moment de paix, une promenade colorée se concluant par le fruit de vos efforts et le cœur signature de I Love Hue.
Le jeu est sans prétention, intuitif et apaisant, autant dans son esprit quand dans chaque niveau, étonnamment divers. On tutoie ici une expérience sereine mais à la difficulté dosée qui se rapproche d’un Two Dots ou d’un Breath of Life. Si le jeu vous mâche le travail au début, vous serez bien embêté.e pour différencier deux teintes à peine dissemblables aux niveaux plus ardus. Dommage que le système économique (qui oserait aujourd’hui sortir un jeu mobile qui ne serait pas free-to-play ?), basé sur des énergies, les prismes, rechargeables avec le temps ou en regardant des publicités jure un peu avec sa douceur tranquille. Pour éviter ce brusque retour à la réalité, l’achat d’un pack de prismes sera (évidemment) nécessaire.
Si vous êtes motivé·e·s par la compétition, vous pouvez défier la perception visuelle de vos ami·e·s et voir qui résout les palettes en le moins de mouvements possibles, sachant que vous êtes automatiquement comparé·e à la moyenne mondiale après chaque partie, ce qui plaît ou ne plaît pas toujours, mais vous êtes étrangement souvent en avance…
Le meilleur game design est celui qui est le plus simple, aussi I Love Hue se révèle être un vrai bon jeu où le feedback visuel se suffit largement à lui-même. Ses sessions courtes (2-3 minutes), sa magnifique direction artistique et sa gratuité en font déjà le nouveau jeu de prédilections des trajets en métro de la rédaction qui, du bout du pouce, restaure furieusement l’harmonie entre zinzolin, lilas, et carmin.