CINÉMA

Science fiction, le cinéma de demain ?

Evénements surnaturels, confrontations de mondes inconnus, identités qui sortent de l’ordinaire, tous ces nouveaux facteurs se présentent comme le moteur du cinéma de demain. L’influence hollywoodienne nous submerge de ses blockbusters quotidiennement. Et voir tous ces héros aux histoires fantastiques nous fait peu à peu oublier les anciennes valeurs du cinéma d’auteur…

Un cinéma de masse, pour un public de masse

2016 et 2017 nous ont réservé, et nous réservent encore, de belles surprises dans le genre science fiction et fantastique. Passengers, Premier contact, Assassins creed, Ghost in the shell, des titres qui annoncent un écran traversé par les effets spéciaux et les voyages vers un monde futuriste, voire une autre galaxie. Avec les figures américaines tendances du moment telles que Jennifer Lawrence, Amy Adams et Scarlett Johnson, on offre au spectateur l’occasion de se détendre un moment et de partir dans un univers bien lointain de celui qu’il côtoie du lundi matin au vendredi soir. Car si le public aime le cinéma de science fiction, c’est pour la capacité qu’il a de nous transporter. Les bons vieux Lord of the Rings et Harry Potter nous faisaient oublier un instant qui l’on était : Jeune Frodo ou sage Dumbledore ? On ne va pas se mentir, on les adore.

Mais le film fantastique d’aujourd’hui se serait un peu massifié. Beaucoup de dialogues sur-joués, des scènes aux effets peu convaincants, et des scénarios qui rasent le sol. Et la fin nous est clairement annoncée, histoire d’être sûr que l’on ne décroche pas. Et pourtant, un public de plus en plus assoiffé, qui s’intensifie et qui fait la file dans les cinémas UGC, dont 50 % des films à l’affiche leur sont destinés. On s’arrêterait un moment pour soupirer et se dire : « Ah quelle société engourdie. » Et pourtant, même nous on aime bien les nouveaux Avengers...

Une histoire de budget seulement ?

Ce n’est pas étonnant mais ça joue. Quand on voit que le prochain Besson, Valerian, fera résonner les millions (dans les 200 millions pour être exact), on se dit que le cinéma d’aujourd’hui, c’est ça, de l’argent et des aventures extraordinaires. On oublie le talent, on oublie la volonté et surtout, l’authenticité.

Les blockbusters américains nous offrent beaucoup de divertissement, mais aussi beaucoup de superficialité. Et ce n’est pas qu’une histoire de croyance. Croire que le vrai cinéma, c’est une définition de films à gros budget ou croire le cinéphile qui affirme que c’est la nouvelle vague qui remporte le prix, il faut des preuves. En 2009 sort Donoma, un film dont le budget est de 150 euros, du réalisateur Haïtien Carrénard. Et oui, ça existe, le cinéma sans argent, qui dépeint la vie, ses galères, ses acteurs et leurs jeux de sentiments. La vie rose, la vie sombre, tout ce qui nous entoure et tout ce que l’on ne voit pas. Le cinéma c’est voir. Son authenticité, c’est de pouvoir voir. Et ça nous échappe, on ne le voit plus.

Le cinéma d’auteur, extinction ou renaissance ?

Le cinéma que nous servaient Truffaut, Chabrol, Godard. Sur cette volonté de briser les codes et de bousculer tout ce que l’homme assimilait : sa vision du cinéma comme sa vision du monde. Les héritiers de la nouvelle vague, de ces films où il faut s’accrocher à l’image floue du noir et blanc et aux visages tracés de contours rêveurs. Où les dialogues profonds nous serrent le ventre, prononcés de ce timbre de voix qui nous parvient en écho. Les héritiers sont aujourd’hui les films sur la psychanalyse, sur les thèmes qui nous échappent. Xavier Dolan et la relation maternelle, Compte tes blessures de Simon et la relation paternelle. La quête de soi, les regrets et la rédemption dans Un français de Diastème. Sur l’handicap, avec Et les mistrals gagnants de Julliand et Patients de Grand Corps Malade.

Un reflet de la réalité, détourné, poétisé, mais toujours authentique. Un reflet que l’on perd aux travers des oeuvres qui nous mentent. Mais même si l’Homme préfère le mensonge, le cinéma d’auteur le rattrapera dans sa course. Une reprise de souffle qui finit par nous manquer.

You may also like

More in CINÉMA