Journaliste et enseignant, il transmet son amour pour Madagascar dans son livre Comprendre les malgaches.
Il fait partie de ces gens qui aiment les gens, saufs les idiots. Loïc Hervouet a passé sa vie à sillonner la France puis le globe à la recherche d’une actualité, du sujet parfait, mais surtout à la recherche de l’autre. L’autre, c’est pour lui le lecteur ou l’auditeur de son travail journalistique, l’étudiant de son cours d’éthique du journalisme ou encore le lecteur de son précédent ouvrage Écrire pour son lecteur. Inlassablement, il cherche à « se trouver un vrai lecteur, se trouver des yeux » pour transmettre ses passions, hier le journalisme et aujourd’hui Madagascar avec son livre Comprendre les Malgaches.
Un hyperactif de la transmission du savoir
À seulement 17 ans, il quitte sa ville natale de Nantes pour Lille et intègre l’École Supérieure de Journalisme. Il s’installe dans le quartier de Wazemmes avec deux amis et y prend ses habitudes estudiantines dans le bistrot d’une rue pavée. « Quand on rentrait vers quatre heures du matin de boite de nuit, on croisait les ouvriers qui venaient prendre le car pour aller à la mine et on buvait un petit grog ensemble. On rigolait bien, c’était le mélange des couches sociales », raconte-t-il. D’un milieu social moyen, Loïc Hervouet travaille pour payer ses études, il enseigne « la lecture de l’actualité » dans une école d’assistante sociale et « avec mes deux amis de Nantes on a intégré la mafia du restaurant universitaire, on était contrôleurs des repas » décrit-il, amusé. Il devient très vite conscient de son attrait pour un journalisme social, « un des rares métiers où l’on peut voir toutes les couches sociales ».
De 1968 à 1977, il travaille pour Ouest France où il se consacre à l’économie et aux conflits sociaux. Cet intérêt pour autrui, il le développe également dans ses engagements personnels puisqu’il est nommé représentant du personnel et en parallèle il crée le Groupement d’Études des Journalistes Normands, un organisme de formation permanente des journalistes régionaux centré sur l’économie. Loïc Hervouet est donc mû par une idée simple, « cette nécessité de comprendre les autres cultures fait partie du devoir des journalistes et c’est une des choses les plus dures à faire, il faut se taire d’abord et écouter l’autre ».
L’éthique, et toc !
« Petit, j’étais dans la classe de ma mère, enseignante, et je recevais le triple de paires de claques que peut prendre un gamin pour ne pas faire de favoritisme. Ça m’a enseigné l’éthique ». Et même si vouvoyer sa mère et l’appeler « Madame » devant ses camarades de classe marque un enfant, il a fait de cette épreuve une force. L’éthique est devenue son arme, et il enseigne aux futurs journalistes : « ça apprend à se méfier du conflit d’intérêt, à s’extraire de soi-même ». Sur cette question de l’éthique, il est formel : « Pernaut par exemple, pourquoi a-t-il expliqué qu’il y avait plus de place pour les immigrés que pour les sans-abris créés en France, il est sorti de sa case de journaliste d’information pour donner son opinion, il n’est pourtant pas éditorialiste ».
Il avoue parfois être en conflit au sein de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information sur la question de l’objectivité qui pour certains n’existent pas mais qui reste pour lui un but vers lequel tendre. « Je suis peut-être vieux jeu mais c’est ça aussi qui fait le désamour du public pour les journalistes ». L’enseignement des grands principes qui fondent le travail journalistique, il l’a concentré dans un premier livre intitulé Ecrire pour son lecteur, après seulement treize années de bouteille.
« Ce titre Comprendre les malgaches me fait horreur »
C’est en 1967 que Loïc Hervouet se retrouve à Madagascar, par pur hasard. Alors reporter pour Europe 1 à New York, un emploi offert grâce au Prix Francis Lauga, il devait effectuer son service miliaire. À la suite d’une erreur au ministère de la coopération, il n’est pas envoyé au Gabon mais à Madagascar. « C’est là que j’ai rencontré une jeune journaliste malgache, elle était jeune à l’époque et moi aussi d’ailleurs » ironise-t-il, « comme quoi le destin est bizarre ». Depuis, un lien fort le lie à la cinquième plus grande île du globe. Son livre, il a écrit pour une seule chose « aider les gens à entrer dans la tête des autres ».
« Ce titre Comprendre les malgaches me fait horreur » écrit-il dans l’avertissement de son livre, avant de poursuivre : « toute ma vie d’enseignant éthique, j’ai prescrit aux confrères de proscrire ces généralisations hâtives ». Il a donc tenté de poursuivre un objectif, selon lui, inatteignable, celui de comprendre un peuple et de l’expliquer aux autres. Une démarche interculturelle qu’il veut développer en créant une collection « Comprendre les peuples ». Loïc Hervouet est un vrai humaniste. Qui s’en plaindrait aujourd’hui