Cumulant plusieurs millions de vues, le clip engagé « Hwages » (« problème ») de Majed El-Esa défraient la chronique en Arabie Saoudite. Un « buzz » qui arrive jusqu’aux oreilles des Occidentaux par le biais d’internet. Mais pas le premier ; l’artiste avait déjà fait le buzz avec sa vidéo « Barbs » où il se montre dansant vétu d’un costume noir et de baskets rouges et créer sa chorégraphie (la tête légèrement penchée et le bassin ondulant en arrière), « le barbs ».
“Dans une région souvent aux prises aux conflits et aux crises, il n’est pas étonnant que des gens cherchent des moyens d’échapper aux dures réalités de la vie en faisant ce que beaucoup d’entre nous aiment à faire : danser“ écrit Rym Ghazzal à propos d’un pays où les deux-tiers de la population ont moins de 25 ans.
Mais, le “barbs” (se lacher) ne plait pas à tout le monde et est vivement condamné par les conservateurs qui appellent à boycotter cette « preuve de l’influence occidentale » et exigent des poursuites contre ceux qui exécutent cette danse. Des soldats ont d’ailleurs été arrétés pour « non-respect de l’uniforme et de l’armé » après avoir posté une vidéo d’eux sur les réseaux sociaux, comme le font de nombreuses personnes.
Ces mêmes conservateurs s’attaquent à son nouveau clip « Hwages » sur la condition de la femme. Dans ce clip on voit des femmes en niqab chanter sur la condition feminine dans le pays et pratiquer les activités qui leur sont encore autorisé : faire du skate, du roller, faire du bowling, jouer au basket, danser… malgré leur interdiction de conduire et de travailler. A cause de cet assujettissement aux parents masculins et à cette privation des libertés élémentaires le pays a été classé 130eme sur 142 en matière d’égalité homme/femme (le dernier étant le Yémen).
La première partie du clip montrent des femmes en niqab monter derrière un très (trop) jeune garçon. Les femmes se mettent à chanter : “Que Dieu nous débarrasse des hommes ” en frappant dans leurs mains.
On les retrouve après entrain de pratiquer diverses activités. “Les hommes nous ont rendu malades”, “ils nous rendent folles”, chantent-elles. Le clip fait ensuite allusion à la Maison Blanche et à Donald Trump (connu pour ne pas être un grand soutien aux femmes) représenté par une marionnette. Les femmes sont interdites dans l’assemblée, comme l’indiquent des pancartes.
Les femmes partent finalement jouer au bowling où elles font tomber des quilles avec des photos d’hommes dessus.
Sur les réseaux sociaux, les Saoudiens sont nombreux à soutenir Majed Al-Esa qui cherche à éveiller les mentalités. Une nouvelle avancé sur le long chemin de l’émancipation pour ces femmes qui peuvent par exemple se présenter aux élections locales depuis août 2015.