Grande figure des Lettres latino-américaines et internationales, Mario Vargas Llosa est un écrivain aux multiples facettes. A la fois intellectuel, grand défenseur des droits humains et personnalité rebelle et insoumise, Mario Vargas Llosa a marqué le XXème siècle. L’utopie est un thème important dans son parcours personnel et dans son oeuvre littéraire majeure. Le thème de l’utopie est particulièrement souligné dans son roman Le Paradis – un peu plus loin, publié en 2003.
Portrait d’un écrivain cosmopolite
Mario Vargas Llosa est né en 1936 à Arequipa, au sud du Pérou. Son enfance sera une source d’inspiration dans son oeuvre. Il grandit dans un environnement féminin marqué par l’absence paternelle. Son esprit cosmopolite et métissé se dessine au fur et à mesure de ses voyages et de ses expériences en Europe et dans le monde. Sa vie est également marquée par son engagement en politique et ses opinions libérales. « Le maître du bouillonnement romanesque » est considéré comme l’un des auteurs les plus complets et les plus innovants de sa génération.
Il est l’un des grands noms du boom de la littérature latino-américaine des années 1960 avec, entre autres, Carlos Fuentes et Gabriel García Márquez. Mario Vargas Llosa est l’auteur de nombreux romans, nouvelles et essais comme La tante Julia et le scribouillard (1980) qui a reçu le prix du meilleur livre étranger, Lituma en los Andes (1993) qui est l’un des meilleurs romans en espagnol du XXème siècle, et De Sabres et d’utopies (2011) qui apporte un éclairage sur le parcours politique et intellectuel du romancier péruvien et permet de mieux appréhender son histoire, sa culture et son siècle. En 1994, le prix Cervantes lui est décerné en récompense de son style visionnaire et en 2010, il reçoit la consécration suprême pour un écrivain : le prix Nobel de littérature. Derrière les mots, se cachent une vie, des influences, une pensée, etc. De cette façon, il est intéressant de noter le rôle important de l’utopie dans la vie et l’oeuvre de Mario Vargas Llosa.
Le Paradis – un peu plus loin, utopies du XIXème siècle
Dans ce roman, Mario Vargas Llosa évoque les grandes utopies politiques et artistiques du XIXème siècle à travers la vie de deux personnalités emblématiques. D’un côté, Flora Tristan, « Florita la Andaluza », une célèbre militante féministe et sociale franco-péruvienne qui mit son existence au service d’une oeuvre collective à Paris : rétablir un paradis terrestre où le bonheur serait possible pour tous. De l’autre, Paul Gauguin « Koke el Maori », petit-fils de Flora Tristan, qui revendique son appartenance aux mondes exotiques, aux cultures primitives. Ce peintre postimpressionniste bohème et excentrique, qui posa ses valises aux îles Marquises, consacra son existence à la recherche d’un paradis perdu non contaminé par la société occidentale. Grâce à la magie de l’écriture, Mario Vargas Llosa possède le pouvoir de réunir, à travers la fiction, ces deux personnages qui ne purent jamais se connaitre en réalité. Ces deux destins atypiques, liés par le sang, s’entremêlent tout au long du roman à travers une construction extraordinaire qui met en relief ces deux êtres libertaires, opposés, passionnés et par dessus tout humains. Ce roman met en avant la recherche de deux paradis contrastés, l’un collectif et social, l’autre individuel et artistique. Malgré le fait qu’ils ne purent se connaitre, ils dédièrent leur vie à la recherche de l’absolu et de l’idéal perdu en titillant l’enfer et le tragique.
Le Paradis – un peu plus loin est un appel à l’évasion et au voyage et permet de faire plus ample connaissance avec un écrivain latino-américain, dont la terre d’origine représente, pour le lecteur occidental, le mystère, la magie d’un monde lointain et inconnu qu’il n’est souvent possible d’entrevoir qu’à travers les témoignages, l’écriture et la fiction. Autrement dit, un véritable paradis terrestre.