MUSIQUE

Rencontre avec GiedRé : “Les gens qui chantent des chansons d’amour sont plus cinglés que moi.”

Après un premier passage au Printemps de Bourges en 2012, la chanteuse et parolière GiedRé est revenue dompter la scène du festival, le 14 avril dernier. Son look et son sourire de chanteuse pour enfant masquent en réalité un humour noir avec lequel GiedRé décrit la réalité du monde. Des textes écrits et chantés sans aucun filtre, avec une passion pour la comédie et la dérision.

Mes collègues t’ont déjà croisée il y a une dizaine de mois à peu près, te souviens-tu de Maze ?

Mais voyons, je ne pense qu’à vous depuis.

Ils veulent savoir si tu cuisines toujours aussi bien l’Ebly ?

Très bien ! Je me suis même améliorée si vous voulez tout savoir.

Après avoir foulé la scène du W en 2012, que penses-tu de ton retour sur le festival dans le cadre de Nos Chers Balades  ?

Houla, effectivement, c’est un peu le grand écart ! Au W, c’était très grand, j’ouvrais le festival, devant un public qui ne venait pas forcément me voir moi, alors que cette année, avec “Nos chères Ballades”, c’est un cadre beaucoup plus cosy, avec les gens qui viennent en car, loin du site du Festival, exprès pour le concert. C’était très touchant de voir ces gens qui ont fait une heure de route, sont sortis du Festival, juste pour venir voir mon concert en pleine cambrousse.

Quel ressenti as-tu eu après ton concert à Aubigny sur Nère ?

J’étais bien contente d’avoir vu tant d’Anus avec les mains rien que pour moi.

Quelle est la plus grande différence pour toi entre les festivals et les concerts que tu donnes en salle ?

En Festival, les artistes se partagent le public. D’un côté, il y a cette petite pression qu’on se met pour faire apprécier son travail aux gens qui ne nous connaissent pas, et d’un autre c’est un peu plus cool dans le sens où si le public n’aime pas, on ne leur pourrit pas toute leur soirée, il y a eu des artistes avant, et d’autres après. En salle, c’est très différent – le public vient exprès pour nous voir… Si on leur pourrit la soirée… on dort moins bien à l’Ibis après, c’est sûr.

Question bateau mais, comment écris-tu tes textes ?

Pas sur un bateau en tout cas. J’ai un peu le mal de mer.

Pourquoi l’humour noir ?

Parce qu’il permet de mettre cette petite distance de politesse, de pudeur, entre nous et les sujets abordés. Parce qu’il est cathartique, qu’il permet tout, et puis surtout, parce que l’humour violet c’est plus compliqué à manier.

Te considères-tu comme humoriste ?

Si je me considérais comme humoriste, j’aurais fait du stand up. Je ne sais pas comment je me considère. Je ne me considère pas trop. Je fais juste des chansons, et puis bon parfois, elles font rigoler.

Tu t’en prends vraiment à tout le monde dans tes chansons (les clodos, les prostitués, les frigides et même les grand-mères…), pourquoi tout le monde y passe ?

Parce que sinon c’est injuste ! C’est soit tout le monde, soit personne. C’est pas du jeu sinon.

La personne que l’on voit sur scène, c’est le vrai toi ou une sorte de « personnage » ?

Je pense que la seule différence entre la scène et la vie, c’est que sur scène, comme dans toute forme de représentation de soi, on peut choisir ce qu’on montre de soi. J’aurais pu montrer ma tête du matin, mais c’était pas très pratique, parce que les concerts, c’est souvent le soir. Ou alors il aurait fallu que je dorme la journée… À méditer pour une prochaine tournée.

Quand j’ai annoncé à plusieurs reprises que j’avais fait une demande d’interview pour GiedRé on m’a souvent répondu « elle est géniale mais complètement cinglée ». Une remarque ?

Je pense que les gens qui chantent des chansons d’amour sont plus cinglés que moi. Il faut être cinglé pour écrire des chansons sur la beauté de la vie dans un monde comme le nôtre.

Penses-tu que ton succès aurait été le même sans l’influence d’Internet ?

Oh non, je pense qu’internet m’a aidée énormément. Je ne pense pas que j’en serais là si j’avais dû attendre que Michel Drucker m’invite sur son canapé rouge. Et c’est bien là la magie d’Internet – on n’a pas besoin d’attendre que quiconque nous donne son aval, son invitation, son autorisation. On est indépendant, et pour une fois, ce sont les gens, le public, les spectateurs, qui sont maîtres de leurs choix. Et je suis bien contente d’être un choix pour les gens, et de ne pas leur être imposée à la radio de l’Intermarché quand ils font leurs courses.

Dernière question : quel artiste présent au Printemps es-tu allée voir sur scène ou aurais-tu adoré voir ?

Je n’ai eu le temps de rien voir du tout… Mais j’aurais beaucoup aimé aller voir la soirée des Inouïs Hip Hop.

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