« Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. » Une définition claire, nette et précise et pourtant, le mouvement féministe n’a pas toujours été quelque chose d’abordable, comme cela peut-être le cas aujourd’hui. Cette démystification du féminisme, les réseaux sociaux y ont grandement participé.
Le mouvement féministe a pu paraître plutôt inaccessible, voire obscur pour les personnes qui ne s’y intéressaient pas réellement et ne se sentaient pas particulièrement concernées par ce combat. Si la définition était claire et les motivations des féministes également, il pouvait être difficile de se reconnaitre dans une définition aussi carrée, voire assez abstraite au niveau des actions possibles pour arriver à cette égalité des sexes. Il semble néanmoins que la tendance se soit inversée, puisque qu’aujourd’hui les jeunes générations – les femmes comme les hommes – semblent de plus en plus familières au mouvement. Aujourd’hui et notamment sur les médias sociaux, la lutte pour l’égalité hommes/femmes se fait dans la discussion, la bonne humeur et souvent, avec une bonne dose d’humour, ce qui n’est jamais de trop pour faire passer un message on ne peut plus sérieux. Pourquoi ? Sans doute pour rendre ce mouvement parfois considéré par les plus anciennes générations comme relativement extrémiste, non plus abordable. Il y a quelques années, l’image que l’on pouvait avoir de la lutte féministe était celle des Femen et leurs actions assez frontales impliquant nudité, provocation (notamment avec l’utilisation de symboles comme le salut nazi ou la croix gammée) pouvant heurter un public pas forcément averti ou familier à la cause, et confrontations musclées avec les autorités. Aujourd’hui, on peut dire que oui, la lutte féministe a changé au fil des années, notamment grâce à l’essor d’Internet et des réseaux sociaux qui ont favorisé le rayonnement d’une idéologie parfois perçue comme fermée et à laquelle on ne s’identifie pas forcément, par le simple fait qu’on n’est au courant que de loin de ce que peut être le féminisme.
Réseaux sociaux et féminisme : une alliance montante.
Sur les différents médias sociaux, les contenus féministes se font doucement mais sûrement leur place et font de plus en plus d’adeptes, tout sexes confondus. Ainsi, sur Facebook, on voit émerger des pages comme Georgette Sand (9035 J’aime), page dérivée du site éponyme, qui se décrit de la manière suivante : « Faut-il vraiment s’appeler George pour être prise au sérieux ? Collectif féministe (n’ayons pas peur des mots !) qui promeut l’#empowermeuf ». Une petite accroche tout en humour, qui prend une figure littéraire connue comme totem et tourne en dérision le fait que George Sand ait dû prendre le nom d’un homme pour être publiée et reconnue dans le monde littéraire du XIXème siècle. De même pour la page Les Internettes (11 721 J’aime) ; féminiser le terme « Internet » dans une optique de mettre l’accent sur les femmes qui « alimentent le YouTube game avec talent », il fallait y penser, et c’est un succès. Ici, le but est de mettre en avant l’inégalité des sexes qui se retrouve jusque sur YouTube, puisque les vidéastes les plus connus semblent être en grande majorité des hommes (Norman, Cyprien ou Squeezie par exemple) et que ces derniers sont respectés pour les contenus qu’ils créés, tandis que les femmes qui gagnent en notoriété sont critiquées et moquées. Ce fût – et c’est souvent – le cas avec la Youtubeuse beauté EnjoyPheonix, dont la moindre erreur se transforme en hashtag narquois, comme le fameux #EnjoyCooking après une erreur de la part de la YouTubeuse qui avait donné une température trop élevée dans une de ses vidéos cuisine, ses fans s’étant retrouvés avec des plats brûlés. Au programme des Internettes : partager des vidéastes féminines dont le travail mérite d’être connu. Avec plus de mentions j’aime, Osez le Féminisme (99 894 J’aime) est également une page dérivée du site éponyme, tout comme MadmoiZelle (231 513 J’aime), qui sévit aussi sur YouTube, toujours avec une bonne dose d’humour et de dérision.
Marion Seclin et le YouTube féministe
Sur la chaîne YouTube de MadmoiZelle comme sur le site, on retrouve fréquemment Marion Seclin, féministe revendiquée qui véhicule l’idéal de l’égalité des sexes à travers des contenus drôles et décalés. C’est le cas par exemple dans des vidéos comme « #TesFéministeMais… tu suces ? », vidéo dans laquelle elle rappelle brièvement ce qu’est le féminisme et démonte gentiment les idées reçues souvent absurdes sur cette philosophie de pensée. Dans la même idée, « #TasÉtéHarceléeMais… t’as vu comment t’étais habillée ? », qui défend la lutte contre le harcèlement de rue dont peuvent être victimes les femmes. Cette vidéo démonte cette fois, toujours avec calme et une pointe d’ironie, les commentaires qui sous-entendent que le harcèlement de rue est quelque chose d’anodin. Elle est également intervenue dans la vidéo « Révolution Sexuelle » pour la chaîne Parlons peu… Parlons cul ! avec Juliette Tresanini et Maud Bettina-Marie. Si la chaîne évoque avec beaucoup d’humour et de dérision des sujets tabous (comme le préservatif, la masturbation ou l’endométriose), il est ici question des inégalités hommes/femmes et des évolutions, qu’elles soient infimes ou déterminantes, qui ont eu lieu au fil des années dans la lutte pour l’égalité. Dans la même veine et toujours avec humour, la chaîne YouTube Le Meufisme, dont le nom évocateur laisse deviner un contenu prônant la fin du patriarcat : « une mini websérie faite par, pour et avec d’la meuf ! ». Créée par Camille Ghanassia et Sophie Garric, on suit les aléas de la vie de Joline et de son copain, qui prendra le nom de sa femme quand ils se marieront par exemple. Démystifier ce genre de pratiques qui permettraient une plus grande égalité des sexes et la fin d’un patriarcat omniprésent – tel est l’enjeu de cette chaîne YouTube.
Casser les stéréotypes du mouvement féministe grâce aux réseaux sociaux mais aussi ceux de la femme en tant que telle
Plus récemment, sur Instagram cette fois, on a pu assister à un projet mettant en avant les femmes de manière différente. Le All Woman Project est apparu très récemment sur ce réseau social et vise à représenter la femme dans sa globalité et pas simplement la femme type que l’on voit dans les magazines de mode, filiforme et stéréotypée. On peut dire que ce projet a une réelle démarche féministe dans le sens où son but est de représenter toutes les femmes, pas seulement celles fines et retouchées que l’on voit sur les affiches publicitaires ou sur papier glacé et pas uniquement le stéréotype de la femme qui plait aux hommes. Il s’agit de mettre en avant toutes les femmes, toutes les morphologies, les couleurs de peaux, la femme dans tous ses états, qu’elle soit ronde ou fine, petite ou grande. Au-delà de la lutte pour que la femme soit représentée à égalité avec les hommes dans la société, il s’agit ici que toutes les femmes (peu importe leur physique) soient représentées également. Qu’ils s’agissent de Facebook, YouTube ou Instagram, la culture féministe se diffuse petit à petit et les idées reçues souvent négatives laissent doucement la place à une réelle connaissance de ce qu’est le mouvement féministe, aujourd’hui largement relayé par les réseaux sociaux qui peuvent servir la cause de l’égalité des sexes.