MUSIQUE

Avec Mystère, La Femme exorcise la tristesse

Trois ans après l’excellent Psycho Tropical Berlin, le deuxième album de La Femme était très attendu. Avec Mystère, le groupe français a réussi à se renouveler sans perdre l’empreinte musicale qu’il sait si bien exploiter. Avec sa pop vaporeuse oscillant entre psychédélisme acidulé et petites douceurs poétiques, la Femme a réussi à explorer de nouveaux horizons musicaux, en offrant un album accessible, éclectique et rêveur qui dresse un portrait désabusé de la nature humaine.

La Femme perce le mystère en nous offrant nouveauté et diversité. Sur le vide est ton nouveau prénom, elle se frotte au genre de la ballade, avec brio. Avec la pop yéyé de Tatiana, elle nous fait danser avec fougue. Elle nous fait participer au trip enivrant de SSD, s’essaye au rap sur Exorciseur, joue la métaphore sur l’impertinent Mycose, se lance dans une expérimentation psyché-orientale sur Al Warda et Psyzook. En bref, une épopée pleine de surprises. Une pérégrination travaillée dans le moindre détail. L’album chiadé de la  maturité pour une Femme libérée (ce qui n’est pas si facile).

Si elle innove, la Femme n’oublie pourtant pas de conserver sa marque de fabrique sous-acide, mélange de surf music, new wave, yéyé et psyché. On retrouve toujours ces mêmes riffs de guitare grinçants, ces voix apaisantes, ces arrangements électrisants, ces beats toujours réguliers, parfois hachés. L’ouverture sous tension avec Sphynx donne le ton. Une petite pépite psychédélique et galactique qui prouve qu’on retrouve La Femme qu’on aime. Une danse sous acide avant de goûter à l’acidité de la nature humaine.

Les mystères de la nature humaine 

Mystère, c’est aussi un album d’une puante sincérité sur la nature humaine et sur la vie. La Femme poétise le cru, elle embellit la noirceur pour la rendre accessible et belle. Des fleurs du mal qui essayent d’éclore. A coups de sonorités nonchalantes, parfois pesantes, elle explore ce qu’il y a de plus noir dans la nature humaine, des sentiments pathétiques, parfois déchirants pleins de désillusion. Des sujets d’une gravité à faire froid dans le dos, derrière l’insouciance affichée. Un pessimisme ambiant pourtant toujours honnête. Notamment dans Elle ne t’aime pas, où la Femme joue le rôle du vilain corbeau qui annonce cette triste nouvelle.

L’honnêteté pousse La Femme à ne finalement pas condamner ces cruelles attitudes qui n’épargnent personne. “Les bourreaux d’aujourd’hui seront les victimes de demain”, explique le groupe dans son avant-propos. Des bourreaux de l’amour, des bourreaux qui hantent les cauchemars juvéniles, avec une fausse candeur, comme dans Septembre. Une noirceur qui multiplie pourtant les interrogations sur cette nature humaine. Où va le monde est peut-être le titre qui exploite au mieux cette incompréhension quant à la capacité de l’être humain à se faire du mal, sans cesse.

Mais La Femme ne laisse pas la noirceur l’emporter. La vie désillusionnée laisse éclore quelques notes d’espoir. La poésie et la folie semblent être la lumière au fond du tunnel. On sait que le soleil se lèvera toujours“, laissent-ils s’échapper dans Le chemin. La Femme sait que l’alternative à la douleur existe. Celle d’avancer, de traverser, avant que tout renaisse. Une vague se déforme, une vague se reforme, ainsi va la vie, concluent-ils dans le titre La vague. Comme une invitation à exorciser la noirceur.

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