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Rencontre avec Yanis aux Solidays

Yanis Sahraoui, artiste émergeant de la scène électro-pop française, a offert fin juin aux festivaliers des Solidays un show sensuel et électrique, empreint d’une grande sincérité. En 2008, il était connu sous le nom de Sliimy avec son titre Wake Up, un personnage atypique, coloré et souriant. Mais depuis 2015, c’est sous son vrai prénom qu’il apparait sur scène. Le jeune stéphanois semble s’épanouir dans cette reconversion flamboyante et nous emmène dans ce nouvel univers minimaliste et bleuté, déployant progressivement ses ailes et son talent devant un public ravi. 

 

Qu’as-tu pensé de ta prestation aux Solidays ?

C’était incroyable, les gens étaient à fond, c’était fort. Ça m’a ému, ça donne énormément de force ! C’était assez incroyable. J’ai toujours voulu faire les Solidays, même en tant que festivalier, je suis trop content.

 

Es-tu aussi expansif dans la vie de tous les jours ou est-ce que tu te transformes sur scène ?

Je ne sais pas, j’ai toujours adoré la scène. Après je pense que la vie est aussi une scène. Je ne suis pas dans le métro comme je suis sur scène bien sûr, je ne vais pas demander aux gens de sauter… quoi que (rires) ! Mais j’avoue que j’ai toujours vu la vie un peu comme une scène donc c’est hyper inspirant. Je suis expansif parce que j’aime bien la vie, je suis passionné par la vie en fait, et quand t’as des gens qui sont répondants à ça, ça te donne juste envie de donner encore plus. Je pense qu’il faut être assez positif, essayer d’être dans l’amour, le respect, et c’est ce qui c’est passé sur scène et c’était génial.

 

Tu as beaucoup remercié ton public, tu semblais ému d’avoir été invité aux Solidays. Est-ce qu’il t’arrive de douter de ta légitimité ?

Ah non, pas du tout. C’est plutôt de la reconnaissance. Je suis reconnaissant d’être là, de ce qui m’arrive, de toute cette énergie, et sur scène c’est génial de pouvoir l’exprimer.

 

Tu mets en place avec ce côté émotif une relation forte entre toi et un public relativement neuf. Comment tu ressens ça sur scène ?

Ce qui me touche, c’est que les gens sont dans le lâcher prise. Il y a une cohésion qui se créé et c’est trop beau à voir de la scène parce que les gens n’ont pas peur de danser ! On dit souvent que le public parisien est un peu statique, mais que ce soit au Badaboum ou aux Solidays, j’ai trouvé les gens assez incroyables. Je suis ému et fier de mon public, c’est un peu des licornes. C’est beau de voir les choses grandir, je suis surpris avec un coté naïf. C’est compliqué à expliquer, à chaque fois on me donne et c’est beau en fait.

 

Que penses-tu de l’expérience festival par rapport à celle du concert ?

Dans les festivals, on rencontre beaucoup d’artistes ; tout le monde est ensemble. Il y a quelque chose de général, tout le monde est soudé. C’est complétement différent comme expérience. Ca créé autre chose en terme d’énergie, en fait rien que le fait de jouer à l’extérieur, et en journée aussi. On a rarement l’habitude de jouer à cinq heures et demi !

 

Tu partages des caractéristiques communes avec Christine and the Queens, dans le style musical, la danse… C’est une influence pour toi ?

C’est une amie donc ça me fait vraiment plaisir ! On se connaît bien, on est amis depuis longtemps et je l’aime beaucoup. On aimerait bien faire un truc ensemble un jour ! C’est une influence car en France on fait un peu partie de la même famille, il y a des familles d’artistes tu vois, et j’aime beaucoup sa sincérité ; elle aussi elle construit les choses : il y a une mise en scène, elle danse… Mais ça n’empêche pas d’être sincère même si elle est un personnage.

 

Vous partagez aussi les mêmes causes ?

Oui par rapport au milieu queer bien sûr, c’est aussi ce qui nous rapproche. Le groupe d’amis avec qui on est est dans ça aussi, et le fait d’être soi même, de s’exprimer et de se sentir un peu freak aussi à la fois, c’est un peu l’histoire de ma vie ! C’est pour ça que je suis tellement heureux d’être sur scène. Parce que je me dis c’est pas que c’était gagné, mais on m’a beaucoup fait chier quand j’étais ado, quand j’étais plus jeune. Et t’as des moments ou tu perds confiance en toi, où t’as un peu peur, et ça donne tellement de force d’être là. Je suis hyper fier, hyper content, et je me dis que chacun a sa place ! Mais il faut se battre encore.

 

Ton ancien personnage Sliimy semble être aux antipodes de ce que tu nous montres maintenant sous ton vrai prénom, Yanis. Est-ce que tu subis ce passé sous pseudonyme ?

Je ne sens pas que je le subis, parce que c’est quelque chose que j’ai créé. Sliimy, c’est un personnage que j’ai créé quand j’étais très jeune, dans ma chambre, j’avais treize ou quatorze ans. Il m’a beaucoup aidé d’ailleurs, à cette période où je n’allais pas très bien. J’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait sans Sliimy et j’avais besoin de ça pour sortir d’un quotidien qui ne me plaisait pas vraiment… Sliimy c’était un meilleur pote et un alter égo à la fois.

 

C’est donc une transformation entre un alter égo édulcoré Sliimy et Yanis, un personnage plus proche de ta personnalité ?

Le chemin était intéressant, j’ai pris des années à retrouver ce que j’étais. C’est pour ça que je suis revenu avec mon prénom. Je suis parti vivre un an à Berlin, et un jour quand j’ai relu les textes des chansons que j’avais écrites c’était plus un personnage qui me parlait en fait et j’avais envie de donner une place sur scène à mon identité, à Yanis avec un côté plus mis à nu, aussi plus épuré. Parce que quand j’étais Sliimy j’avais une carapace : je me suis dit « pourquoi tu te laisserais pas aussi cet espace pour toi ? ». J’ai aussi eu la chance de rencontrer plein de gens à Paris qui m’ont donné confiance aussi, ils m’ont soigné avec plein de choses, ils m’ont donné plein de choses. J’ai plus peur d’être moi.

 

Après l’EP L’heure Bleue, quels sont tes nouveaux projets ? Est-ce que tu conserveras cet univers bleu ?

Là je prépare l’album, que je peaufine et qui est déjà pas mal abouti. C’est intéressant là parce que je fais des titres sur scène qui ne sont pas dans l’EP, donc je fais découvrir aussi les titres de l’album sur scène. Et j’aime bien le faire dans ce sens là parce que du coup les gens ne connaissent pas les chansons mais sont quand même super réceptifs. Et ça permet de retravailler les titres. Je pense le terminer cet été et j’ai hâte de le sortir, ce sera vers janvier. Et le bleu restera je pense, c’est une couleur qui apaise, j’aime le sens que ça a, ça m’a beaucoup inspiré.

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