SOCIÉTÉ

Étudier aux États Unis : “J’ai dû apprendre à me débrouiller entièrement seule.”

Avec un droit du travail plutôt libéral qui autorise les jeunes à travailler très tôt, les États Unis offrent un nouveau souffle aux étudiants qui empruntent parfois des centaines de milliers de dollars pour payer leurs études. Lors de leurs études supérieures, ils cumulent les petits boulots du fait de leur coût monumental. Hannah Theophil, étudiante en licence de Sciences Politiques et de Français à l’université de Southern Oregon (Ashland, OR) a accepté de répondre à quelques questions à ce sujet.

Où en êtes vous dans votre cursus universitaire ? Quels sont vos projets d’avenir ?

J’ai étudié à Southern Oregon University pendant trois ans. J’ai décidé de cumuler les crédits ECTS chaque trimestre pour être en mesure de finir ma licence en trois ans au lieu de quatre. Je me dirigerai l’an prochain vers le droit.

On parle beaucoup des universités américaines à cause des frais qu’elles représentent, mythe ou réalité ? 

Je bénéficie de nombreuses bourses étudiantes du fait de mes résultats scolaires, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Une année à l’université aurait dû me coûter en moyenne 17 000 dollars (environ 15 300 euros), mais le coût varie en fonction des écoles. Donc malheureusement… réalité. Pour la fac de droit, j’ai deux options : 70 000 dollars l’année, ou 20 000 dollars l’année. Le choix est difficile car nous devons prendre en compte les opportunités d’emploi que nous aurons par la suite en sortant de telle ou telle école, et celles que nous n’aurons pas si nous décidons de payer moins cher. Nous devons aussi considérer les conséquences d’un emprunt monumental à la banque, ou encore l’impact que nos emplois étudiants vont avoir sur nos études.

Le cumul des emplois est quelque chose de très courant dans votre pays, qu’en est il pour vous ?

J’ai trois emplois : un à la bibliothèque universitaire, un au laboratoire de langues dans lequel je suis tuteur de français et je fais aussi de l’aide aux devoirs, ce qui représente une trentaine d’heures par semaine.

Le système américain est il favorable aux étudiants salariés et de quelle aide bénéficiez vous ? 

Deux de mes emplois sont sur le campus. J’en ai trouvé deux grâces à un de mes professeurs de français qui m’a recommandée auprès de l’université, et qui m’a aussi donné le nom d’élèves qui avaient besoin d’une personne pour de l’aide aux devoirs. J’ai trouvé le troisième sur le site de l’université. Il y a une page spéciale pour les jobs étudiants. Les professeurs, et l’université en général, sont prêts à aider les élèves à gagner de l’argent. Ils sont bien conscients que la plupart d’entre nous ont besoin d’un emploi pour survivre.

Considérez vous que les petits boulots sont faciles d’accès pour les étudiants américains ? Pourquoi ?

L’accès au monde du travail nous est plutôt simple. Travailler pendant nos études fait partie de notre culture et de notre mode de vie. La plupart d’entre nous commence à travailler autour de 16 ans, puis continue pendant cinquante ans. Il est très rare de trouver des étudiants qui ne travaillent pas. Ceux qui ne le font pas ont des parents qui ont les moyens de payer pour leurs études, leur logement et toutes les choses essentielles, comme les livres qui coûtent une petite fortune chaque trimestre. A mon sens, le prix de nos études et de nos vies en général est bien trop élevé pour que nos parents puissent tout financer, alors la plupart du temps, nous devons trouver des solutions seuls. C’est mon cas, je n’ai même pas envisagé une seconde le fait que mes parents aient à payer pour tout ça, j’ai dû apprendre à me débrouiller entièrement seule.

Vous parliez d’une trentaine d’heure par semaine, on imagine que cela a un impact de taille sur votre vie personnelle ?

Inutile de dire que travailler trente heures par semaine et aller à l’université fait de vous une personne plutôt occupée. Il est fréquent que certains d’entre nous aient des problèmes de santé dû au peu de temps que nous avons pour nous reposer. Nous allons en cours toute la journée, travaillons le soir, et en rentrant il faut travailler pour réussir. J’ai la chance d’avoir la possibilité de m’avancer dans mes devoirs lorsque je travaille à la bibliothèque, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Travailler autant nous empêche d’avoir une vie sociale normale, de profiter de nos amis (ou même d’en avoir tout simplement), de sortir. Nous devons organiser notre temps libre, et la plupart du temps nous le consacrons à nos études.

Etudiante en Sciences Politiques

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