ART

Yoko Ono – Lumière de l’Aube

Le musée d’Art Contemporain de Lyon a l’honneur d’accueillir du 9 mars au 10 juillet une rétrospective unique en France des créations de l’artiste Yoko Ono – de 1952 à 2016. Malgré l’absence de l’artiste qui devait assurer une conférence à Lyon, le vernissage de l’exposition intitulée Lumière de l’Aube, fut un succès, avec un nombre important de visiteurs et une ambiance très chaleureuse.

Artiste japonaise née en 1933, Yoko Ono est connue du grand public pour sa relation avec John Lennon, mais elle a surtout été un membre emblématique de l’avant-garde new-yorkaise des années 60. Artiste touche à tout et très productive, elle est à la fois plasticienne, performeuse, poète, vidéaste… Cette exposition permet de mieux appréhender cette artiste underground grâce à des œuvres percutantes, généreuses et poétiques.

Ombre et lumière

La rétrospective de l’artiste présente au MAC de Lyon peut paraître impressionnante car elle offre un catalogue d’œuvres très diverses, d’époques différentes. Certaines ont un caractère profondément optimistes tandis que d’autres relèvent d’un univers plus sombre ; cela transparait dans des jeux constants d’ombre et de lumière. Ainsi, des installations de flacons d’eau sur lesquels sont inscrits des noms de personnalités (allant de John Lennon à Adolf Hitler) ou encore, dans une autre pièce, des petites tombes en bois, chacune contenant un arbre en son cœur peuvent être perçues comme des œuvres cherchant à montrer la beauté de l’humanité. A l’inverse, d’autres semblent retracer des événements précis, surement reliés aux souvenirs de l’artiste ; par exemple avec les manteaux accrochés à des cintres sur lesquels, en nous rapprochant, nous pouvons distinguer des impacts de balles. Certaines œuvres apparaissent donc véritablement comme très personnelles et offrent aux visiteurs un sentiment de partage intense entre eux et l’artiste. Au milieu de toutes ces installations, nous entrons dans une « bulle d’intimité ». Pour quelques minutes, quelques heures peut être, nous sommes complètement isolés dans cette petite pièce blanche, un cocon où sont diffusés les musiques des différents albums de Yoko Ono.

De plus, la plupart de ses œuvres apparaissent comme très engagées, notamment autour de la cause féministe ; une projection est mise en oeuvre pour faire un parallèle entre deux de ses performances toutes deux portant le nom de « Cut Piece ». Dans la première vidéo (datant de 1965), l’artiste se place au centre d’une scène et laisse les visiteurs couper à leur guise des morceaux ça et là des vêtements qu’elle porte : il s’agit d’une de ses performances les plus célèbres. Elle finit sur scène extrêmement gênée, tenant son soutien-gorge pour ne pas montrer sa poitrine. En 2003 se rejoue la même scène, avec une Yoko Ono plus mûre et surtout bien plus respectée. La jeune artiste se fait littéralement dépouillée et subit les ricanements des spectateurs, montrant ainsi la facilité et la violence mise en oeuvre pour « mettre à nu » une femme. La vidéo de 2003 ne renvoie plus à cette idée ; les actions du public sont délicates, la femme ne finit pas nue et la performance ressemble plus à un rituel avec comme objet sacré Yoko Ono, plutôt qu’une agression, une intrusion dans l’intimité de la femme.

« L’art n’est pas quelque chose de particulier. Tout le monde peut en faire. »

Cette rétrospective n’est pas un simple endroit où l’on peut venir admirer des œuvres, et c’est ce qui fait la particularité de la plupart des créations de Yoko Ono : il s’agit d’un endroit qui promeut le partage et encourage la participation des spectateurs. C’est certainement cet esprit participatif qui a rendu un tel amusement possible lors du vernissage, notamment avec des œuvres où la création se fait sur le moment même par le visiteur. C’est le cas de puzzles que nous pouvons trouver dans des casques de soldats accrochés au plafond, ou bien encore d’une pièce témoin mise à notre disposition pour que chacun puisse clouer ce qui lui chante. Certaines de ses œuvres apparaissent sous formes de notes, presque des petits mantras, ceux-ci donnant des indications plus loufoques les unes que les autres pour être un artiste.

Ainsi, des messages positifs sont lancés tout au long de la visite : nous pouvons créer, nous sentir « artiste » et surtout partager ensemble des moments de créativité drôles et absurdes, grâce à une artiste généreuse.

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