ART

Se renouveler pour mieux régner ?

Depuis quelques années, et pour le plus grand bonheur du public, l’art contemporain a cessé d’être cette catégories d’œuvres difformes aux concepts mystérieux que l’on a cantonnés au domaine des spécialistes. Il a su sortir de son carcan pour s’exposer partout et surtout là où on ne l’attend pas.

L’art contemporain ô combien moqué et décrié par tous. Victime de son image élitiste et inaccessible, il est bien souvent méconnu et ignoré. Cependant, grâce à l’excellent travail des artistes, il a su se faire une place. Plus jeune, plus attractif, l’art contemporain et ses représentants d’aujourd’hui ont subi une cure de jouvence couronnée, il faut bien le dire, d’un certain succès.

Marc Domage © Adagp, Paris 2015

En France, tout d’abord avec le FIAC, foire majeure de l’art mondial. Depuis son édition 2014, une section complète de cet évènement se tient à la Cité de la mode. Se présentant comme une vitrine de la jeunesse artistique, on y trouve des jeunes artistes de tous bords en quête de la tant espérée reconnaissance artistique. Ce ne sont pas moins de 69 galeries et 17 pays qui ont été représentés sur ce « pavillon » lors de l’édition 2015 du FIAC. Plus jeune, plus dynamique, plus impertinente aussi, l’officielle, bien au contraire d’être une annexe secondaire de la FIAC, se définirait plutôt comme une antichambre de la foire. Les jeunes artistes et galeries y exposent avec enthousiasme tout en espérant cependant se voir ouvrir un jour les portes du Grand Palais, La consécration ultime.

A l’international, ensuite, on retrouve aussi ce changement dans l’art contemporain : plus ludique, plus proche de l’individu, l’art cherche à lui parler, lui raconter une histoire bien plus qu’il y a quelques années.  La biennale de Venise, institution séculaire de l’art contemporain se rapproche des spectateurs. Avec son thème « All the World’s futures », l’exposition cherche à comprendre ce monde qui :

« expose de profondes divisions et blessures, des inégalités prononcées et des incertitudes quant au futur » (Paolo Barata, président de la Biennale dans sa présentation du projet artistique de l’édition 2015).

Ainsi, pour ses 120 ans, la biennale va une fois de plus explorer la relation entre l’art et le développement de l’homme. Cependant, les organisateurs tiennent à conserver l’aspect unique de cet évènement : son fonctionnement par pavillons. Accusé d’être dépassé, celui-ci résiste tant bien que mal et s’adapte pour aller au-delà de la simple présentation par chacun des pays d’œuvres d’art. Avec l’appui d’un projet artistique, mais aussi d’évènements extérieurs de plus en plus nombreux, l’exposition s’ouvre à un public plus large, suivant l’exemple des autres festivals et foires d’art contemporain. Ce phénomène n’est pas cantonné à Venise, bien au contraire, de Londres à Hong-Kong, en passant par New York, c’est une nouvelle génération, plus jeune, et aussi plus libérée qui tente de se faire une place au soleil.

Courtesy of König Galerie, Berlin; 303 Gallery, New York; and Galleri Nicolai Wallner, Copenhagen Photo: James Ewing

Jeppe Hein, Modified Social Bench NY #16, 2015 (Courtesy of König Galerie, Berlin ; 303 Gallery, New York ; and Galleri Nicolai Wallner, Copenhagen Photo : James Ewing)

Plus surprenant, c’est aussi hors des instances traditionnelles que sont foires et musées que l’on retrouve l’art contemporain. Encore plus libéré des carcans de l’art, Jeppe Hein sème un peu partout dans le monde ses œuvres. A l’inverse d’une œuvre de « musée », ses créations sont comme une invitation : sans spectateurs, elles sont incomplètes. Ainsi, de Nantes à New York, il a semé des œuvres où le spectateur va pouvoir marcher, s’asseoir, jouer, expérimenter et surtout dialoguer. Au cœur de son exposition « Please touch the art » (Touchez l’art s’il vous plaît), l’artiste dit avoir cherché à nouer un dialogue. Un dialogue entre les spectateurs mais aussi avec eux-mêmes et leur environnement. Celui-ci est canalisé par un jeu d’eaux, pièce centrale de l’œuvre, mais aussi de nombreux bancs aux formes plus étonnantes les unes que les autres ainsi que d’un labyrinthe de miroirs qui met la perception visuelle à rude épreuve. En exposition jusqu’en avril 2016, elle est financée par le Public Art fund, association New Yorkaise fondée par un ancien adjoint à la culture de la ville. Pour ceux qui souhaite la trouver, elle est située dans le parc du pont de Brooklyn.

Ainsi, ce renouveau, cette évolution de l’art contemporain pourrait être résumé par le thème de l’édition 2016 de l’art Brussels : « From discovery to rediscovery. », de la découverte, découverte d’un nouvel univers artistique, à la redécouverte de celui-ci, malgré les préjugés et autres clichés que l’on en a. Alors cherchez, explorez ! L’art contemporain est bien souvent au cœur de nos paysages sous des formes que l’on n’attend pas. Son regard décalé et différent des choses peut être, de nos jours, une bonne façon de voir non seulement l’art, mais aussi la vie.

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