Le prix Confucius de la paix se veut être une alternative chinoise au prix Nobel. Au coeur de nombreuses polémiques, aussi bien en raison des personnalités choisies pour y concourir qu’à cause des personnes consacrées de fait, le prix Confucius a cette année choisi de récompenser le dictateur zimbabwéen Robert Mugabe. Un choix qui ne laisse pas de marbre…
Un prix opaque réservé aux dictateurs ?
Vladimir Poutine en 2011, Fidel Castro en 2014, Robert Mugabe en 2015… Le prix Confucius ne devrait-il pas être renommé en « prix du meilleur dictateur » ? Créé seulement depuis 2010, par le « Centre chinois d’études internationales pour la paix », un organisme non relié au gouvernement de façon officielle, le prix a été déjà vivement critiqué. En effet, le choix des candidats mais surtout des vainqueurs laisse en effet à désirer.
Sa création est en fait une réaction après la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo. Une alternative chinoise qui veut, ironiquement, dénoncer un prix Nobel occidental considéré comme trop biaisé. L’association a en effet expliqué que son but est de promouvoir la paix dans le monde à travers une perspective venue d’Orient. Les organisateurs ont même été jusqu’à déclarer que « l’Europe est pleine de petits pays qui se sont combattus pendant des siècles… Nous ne voulons pas voir des gens qui ne comprennent pas la paix nous conduire à la ruine de ce concept ».
Cette année, la récompense est de 500.000 yuans, soit 69.000 euros, une somme avancée par un homme d’affaires dont l’identité reste non divulguée par l’organisation.
Robert Mugabe, promoteur de paix en Afrique selon l’organisation
Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a été choisi entre neuf autres finalistes, parmi lesquels notamment le milliardaire Bill Gates, le sécrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye.
Les arguments avancés pour le choix d’un dictateur qui tue ses opposants politiques ? Ses accomplissements dans la « promotion de la paix en Afrique » grâce à son poste dans la présidence tournante de l’Union Africaine, la stabilisation de la situation dans son pays, et l’établissement d’un ordre bénéfique à la vie de ses citoyens.
Qiao Damo, fondateur de l’organisme chargé de décerner le prix, s’est même exclamé que si Robert Mugabe n’était pas arrivé au pouvoir en 1980, « quel talent aurait été gâché ! » Une justification qui sonne très creux dans nos oreilles… Pourtant celui-ci persévère, déclarant que le « désordre » social au Zimbabwé est « normal ». Il s’explique : « Quand les États-Unis ont été fondés, la situation était très chaotique. Et le Zimbabwe a été fondé il y a trente ans seulement. » Une comparaison atterrante qui suscite la perplexité de beaucoup.
De vives réactions
En effet, les organisations de défense des droits de l’homme ont été choqués en apprenant la nouvelle comme on peut s’y attendre. Cependant, au sein même du Zimbabwe, l’opposition ne l’entend pas de cette oreille.
Elle dénonce la récompense de Robert Mugabe en avançant la répression brutale qu’il a mené dans son pays, notamment en faisant tuer ses opposants, et les dégâts économiques qu’il a causé en raison de sa corruption. « Mugabe, tel que nous le connaissons et tel que les Zimbabwéens en ont fait l’expérience, est un va-t-en guerre et un sadique qui se délecte de la misère de son peuple », a déclaré Gorden Moyo, secrétaire général du Parti Démocratique populaire (mouvement d’opposition) sur le site d’informations Bulawayo24.