Lewis Evans, c’est le charme à la british et l’énergie normande. Le jeune dandy, leader des Lanskies, laisse ses compagnons de route pour tracer son propre chemin. C’est accompagné de grands musiciens que l’auteur-compositeur-interprète se lance dans cette nouvelle aventure et dévoile le premier album de son projet solo, Halfway to Paradise. Rencontre avec l’ovni pop aux douces paroles.
Lewis, on te connaît comme le chanteur des Lanskies. Aujourd’hui, où en sont-ils ? Peut-on espérer les revoir un jour sur le devant de la scène ?
Les Lanskies, ça fait 10 ans que je suis dedans. A la fin de la tournée de Hot wave, j’ai senti qu’on était à la fin de quelque chose et moi, personnellement, j’avais aussi besoin de présenter autre chose. Je faisais d’autres choses à côté, il y a d’ailleurs eu un passage avec le groupe Aftersex, que les caennais connaissent bien, et c’était un projet qui a duré environ 6 mois. J’avais toujours ce truc dans ma tête, ce genre de musique sixties, seventies, avec ce côté backing band. J’avais donc cette vision dans ma tête depuis l’âge de 24 ans. J’ai continué avec les Lanskies, qui est vraiment un groupe de camaraderie. On compose tous ensemble. Il n’y a pas quelqu’un qui dit « Moi, je fais cette chanson-là ! ». Donc moi, à la fin de la tournée, j’avais environ 120 chansons que j’avais déjà enregistrées.
C’est donc ainsi qu’est né le projet solo Lewis Evans … ?
Je me suis enfermé pendant genre 6 mois, je suis allé chez Universal en disant « voilà, j’ai toutes ces chansons-là » et là ils m’ont ramené vers les Francofolies. Là-bas, j’ai rencontré le label Belleville Musique, qui est l’ancien manager d’Etienne Daho, patron d’EMI. A partir de ce moment, j’ai vécu une année formidable, j’ai eu des dates et j’ai enregistré mon album avec David Sztanke, qui est un réalisateur que j’adorais, qui a travaillé notamment avec Micky Green ou Julian Casablancas. Et puis j’ai eu la chance, c’était génial, de choisir des musiciens que je voulais sur mon album. J’ai rencontré le guitariste (Antoine Hilaire, ndlr) d’un groupe que j’adore, Jamaica, le bassiste de Rover, le batteur de François and The Atlas Mountains. Et tout ces gens-là ont joué sur mon album. Ca a été un moment génial ! Une fois dans ma vie, j’ai eu l’occasion de dire « Je veux toi, toi et toi », comme un coach de football. Tous ces gens sont venus sur l’album mais en live là j’ai seulement gardé le bassiste.
Donc ce projet solo se construit autour d’une pluralité de collaborations. Comment vous vous êtes rencontrés ?
Cela s’est fait très naturellement, très spontanément. J’ai fait un concert aux trois baudets et il y avait Gaëtan Roussel. Il a adoré le concert et m’a demandé en sortant « Est-ce-que ça t’intéresserait qu’on bosse ensemble ? ». Je lui ai répondu que j’étais en studio, que j’avais une chanson qui s’appelait Lorraine, et la semaine suivante, on était en studio ensemble. Keren Ann, c’est exactement la même histoire.
Tu as eu de nombreux groupes : on connaît les Lanskies, on a évoqué Aftersex, tu as aussi eu un groupe avec ton frère quand tu étais plus jeune. Tu as toujours été dans cette dynamique de groupe…
Non, j’ai eu une autre vie. Cela ne fait que deux ans que je suis intermittent du spectacle. J’ai toujours fait de la musique, à Caen. J’ai monté une résidence d’artistes sur Colombelles, j’étais médiateur culturel pendant 5 ans. J’étais plus dans l’art contemporain en sortant des beaux-arts, j’organisais des expositions et c’était tellement pédant qu’à la fin, je suis retournée vers les musiques actuelles. J’ai l’impression d’y être plus honnête. Parce qu’il faut que tu te donnes sur scène, les gens te jugent vraiment. J’ai donc eu une autre vie, j’ai eu plein de boulots. Mais j’ai toujours été musicien.
Ce n’est pas la première fois que tu viens à Rock En Seine, ça devient presque un rendez-vous !
Non, effectivement, c’est la deuxième fois. La première fois, je m’étais fait engueulé par les Lanskies parce que c’était une date hyper importante dans une carrière et que j’avais fais un slam de 300m, j’ai perdu 10 minutes et j’avais trouvé ça hyper cool mais 10 minutes sur une scène de 30 minutes… c’est dur ! Mais c’est culte !
Justement, tous tes passages sont un peu cultes à leurs manières puisque tu es un grand showman. D’où tires-tu toute cette énergie, quels sont tes inspirations, les artistes qui t’ont amené à devenir ce que tu es aujourd’hui ?
J’aime des artistes comme Simon & Garfunkel, qui jouent sur une nostalgie. Quand tu écoutes leurs chansons, tu as envie de pleurer, et en même temps, c’est heureux. Ce sont mes influences, ce sont mes envies. J’ai envie d’aller vers ça. Ce sont des chanteurs comme Jim Croce. J’aime bien le story telling, même là quand je te parle, j’aime faire du story telling. Dans les Lanskies, je n’avais pas ce côté-là. Dans mon projet solo, je développe ça.
Il y a effectivement un décalage entre le groupe et le projet solo. Qu’est-ce-qui change sur scène entre ton premier passage et le second à Rock en Seine ? Quel a été ton ressenti sur ton concert d’aujourd’hui ?
C’est un autre type de musique. Dans les Lanskies, j’étais dans un groupe, et je jouais un rôle aussi. C’était génial, j’adore le théâtre, mais c’était un peu punk, c’était vraiment un rôle. Quand je fais mes concerts maintenant, c’est beaucoup plus simple. Je suis moi-même, je ne cherche pas des artifices, je ne cherche pas à faire des scénarios.
Donc tu n’étais pas toi-même dans les Lanskies ?
Si, bien sûr, mais il y a plusieurs portraits, plusieurs spectres dans une personnalité. Mes chansons parlent de ma mère, du décès de mon père, de la naissance de mon petit frère, de ruptures amoureuses, ça parle de vouloir grandir, de se trouver, de la solitude mais aussi de ma première cuite. Les chansons sont très personnelles, je parle des choses de la vie.
Et quels sont tes projets pour la suite ?
Tout déchirer cette année et je fête mes 30 ans l’année prochaine, je veux un château gonflable !