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I’m not a businessman, I’m a business, man.

Le 27 mai dernier Inès de la Fressange ouvrait son bazar chic rue Grenelle, dans le VIIème arrondissement de Paris. A presque soixante ans, la femme d’affaire fait renaître sa marque sous la forme d’une « quincaillerie » haut de gamme. Analyse d’un succès programmé.

Deux ans, presque jour pour jour, après avoir récupéré les droits de sa marque, Inès de la Fressange installe son concept store dans une ancienne fonderie de 200 m² au cœur de la rive gauche. Qu’y trouve-t-on ? De tout : de la décoration, de la papeterie, des vêtements …
Ce que voulait l’ancienne égérie Chanel, c’était réunir ce qu’elle produit et ce qu’elle chine dans une même boutique ; comme des puces mais en neuf. Pour l’occasion elle a même créé une marque de vêtements en édition limitée, confectionnés et numérotés dans l’atelier de la boutique. Car le but est de vendre de la qualité, et ce pour toutes les bourses, les prix variant entre 2 et 20 000 euros. Et puis, la boutique s’appuie aussi sur un e-shop des mieux faits, étant des plus détaillés.
Le défi semble risqué, mais ce n’est pas sans oublier que l’incarnation désignée de la parisienne et du chic à la française fait vendre, et elle le sait : son magasins est truffé d’allusions à Paris et au drapeau, notamment avec le code couleur bleu blanc rouge que l’on retrouve sur de multiples produits.

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vogue.fr

En presque quarante ans de carrière, Inès de la Fressange s’est imposée comme l’Icône de la Parisienne par excellence. C’est à la fin des années 1970 que la jeune Inès, âgée de 17 ans, débute comme mannequin pour Guy Laroche. Très vite elle se fait remarquer par sa volonté à se montrer. Pendant les défilés, elle discute avec les journalistes, et n’hésite pas à donner son opinion sur la mode.
Et puis la consécration : Karl Lagerfeld la choisit pour muse et elle devient l’égérie de chez Chanel, ainsi que l’une des mannequins phare des années 1980. En 1989, elle est même choisie comme modèle du buste de Marianne.
Elle profite de son succès et de son aura pour créer sa marque au début des années 1990. Les vêtements, parfums, et tout article griffé Inès de la Fressange rencontrent le même succès et partout dans monde. De mannequin déterminée, la jeune femme change de statut pour celui de femme d’affaire. Mais l’histoire tourne court à la fin de la décennie, lorsque les nouveaux investisseurs de la marque la licencient abusivement. Dès lors, l’ancienne égérie ne peut plus utiliser son nom pour ses créations et commencent alors quinze ans de procédure judiciaire que l’icône de mode remportera. Cependant, durant ces quinze années Inès de la Fressange n’est pas restée à l’ombre et a collaboré avec de multiples marques de luxe, cultivant toujours son image d’incarnation de la parisienne. En 2002 elle devient même l’ambassadrice de l’une des marques les plus parisiennes qui soient : Roger Vivier.

Le mythe de la Parisienne est un commerce lucratif. Vieux de plusieurs siècles, il séduit toujours autant les modeuses de la planète en mal d’élégance et de chic. En vendant Inès de la Fressange, on ne vend pas seulement la mannequin emblématique, on vend aussi la Parisienne, la femme mystérieuse et jalousée pour son style. Et cela, l’égérie de l’Oréal Paris l’a bien compris. En 2010 elle co-écrit avec la journaliste Sophie Gachet le live La Parisienne, qui décortique l’éternel mythe et devient rapidement un best-seller. Si bon nombres de livres s’attèlent chaque année à la même tâche, celui-ci fait figure d’autorité car écrit par une incarnation du mythe. C’est d’ailleurs ce même livre qui lui permettra de signer une collection capsule avec le géant japonnais Uniqlo. Tadashi Yadai, ayant lu le livre, sait que les produits venant de son auteur se vendront dans un temps et dans des proportions record. C’est donc sans grande surprise que la collection s’arrache et s’épuise.
Récemment l’icône a aussi lancé une newsletter hebdomadaire et gratuite, La lettre d’Inès, où elle partage ses clichés, bonnes adresses, et astuces déco, toujours dans un esprit parisien.

Il est donc fort probable que la quincaillerie d’Inès de la Fressange, en s’appuyant toujours sur l’inépuisable mythe de la Parisienne, soit elle aussi un succès.

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