Viva Cité est avant tout une bonne bouffée d’air frais, qui sent bon la solidarité et l’humanité. C’est un festival des arts de la rue gratuit où chacun trouve toujours son compte ; car ici, tous les goûts sont dans la nature et je dirais même plus, dans le bois de la Garenne et ses alentours. Pour sa 26ème année, Viva Cité nous en a fait voir de toutes les couleurs !
En route pour un rendez-vous annuel de trois magnifiques journées et deux surprenantes soirées à passer à Sotteville-lès-Rouen, en Normandie, dans un cadre verdoyant, sous les arbres, dans les rues et même au beau milieu d’une structure d’immeubles pour assister à certains spectacles. Pas besoin d’être un fervent amoureux de l’art, il s’agit de l’endroit parfait pour les curieux, qui apporte – si on lui laisse sa chance – émerveillement et rencontre avec l’inconnu. Tous les arts sont en fête : la danse nous fait voler dans les airs, le théâtre nous plie de rire, le cirque nous fait tourner la tête, les marionnettes nous font perdre haleine, les concerts nous enivrent jusqu’au bout de la nuit et une multitude de nouvelles expériences neurologiques, émotionnelles, visuelles ou sensorielles nous englobent dans ce doux cocon chaleureux. Rappelons que sur ces trois jours, absolument tous les spectacles sont gratuits et il y en a pour tous les goûts et toute la journée : c’est la culture en libre service !
Parfait pour passer un agréable moment en famille, entre amis ou bien même en solitaire, le festival est même surnommé avec humour le « festival des poussettes ». En effet, ouvert à tous et fortement orienté sur un principe populaire et inter-générationnel, des structures au sein même du festival sont mises en place spécialement pour les enfants comme des spectacles jeunesses, un magnifique carrousel « l’Arbre nomade » qui doit être un bonheur pour les enfants autant qu’il est un régal pour les yeux des plus âgés, un grand emplacement de maquillage et de jeux de bois en tout genre permet également aux petits et aux autres de s’amuser et pourquoi pas, faire une petite pause entre les spectacles. Bref, pour une fois, la valeur que l’on apporte à un festivalier n’est en aucun cas liée à son âge.
Même si Viva Cité reste un modeste festival, un nombre impressionnant de participants y est rencontré. Entre les visiteurs qui viennent y faire une balade amusante, les festivaliers dont le choix des spectacles est cornélien et suppose toute une organisation en amont, ou bien ceux qui préfèrent délaisser cette frustration au prix d’une démarche plus volubile d’un spectacle à un autre. De plus, ajouté à tout le staff, les citoyens de Sotteville semblent véritablement investis d’un rôle dans cette création et il n’est absolument pas rare de croiser des bénévoles ou bien même de simples inconnus qui vous aideront à retrouver votre chemin. Dans cette part d’investissement, un grand nombre d’amateurs participent même à la création de certains spectacles ou projets tel que les ” Flash song ” – mis en oeuvre en partie par la joyeuse compagnie on off – : une expérience unique dans laquelle chanteurs professionnels et amateurs de tout âges s’unissent afin d’offrir des chansons de façon surprenante et éphémère dans des lieux insolites comme le métro ou le marché par exemple.
L’expérience de festivalier comme celle de spectateur y est très intense. Effectivement , la programmation du in comme celle du off est en tout point absolument magistrale. A gauche deux hommes loufoques présentent des accessoires de festivaliers tous plus déjantés les uns que les autres, comme dans un télé-achat des bois alors qu’à droite, des acrobates s’entrainent pour réaliser leurs performances futures. Devant le lycée Marcel Sembat, une drôle de compagnie joue une fable sociale « Economic Strip » en liant théâtre et univers de bande dessinée alors que quelques mètres plus loin seulement, le spectacle « Terres Libres » et ses marionnettes nous emmènent sur d’autres rives grâce à sa splendeur et sa poésie. Du burlesque au mystique , du juvénile au terrifiant en passant par le magique , même s’il y en a à en prendre et à laisser , le nombre faramineux de spectacles nous plonge dans une frustration énorme de n’avoir pas pu tout voir à la fin de ce merveilleux week-end.
Malgré des réductions budgétaires à cause desquelles Viva Cité a du faire certaines concessions, ce festival reste avant tout populaire – et dans le bon sens du terme – ainsi que le lieu de l’échange, qui donne à chacun une chance de s’ouvrir à la culture dans une multitude de formes envisageables. Pendant ces trois journées et deux soirées qui passent malheureusement bien trop vite : des explosions de couleurs, de la joie, de l’émotion, le sentiment d’être ailleurs, sur une autre planète. Un festival vivant où chacun peut être ce qu’il veut, même simplement être lui-même. Alors rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles aventures et de nouvelles surprises !