C’est dans les vieilles marmites que l’ont fait les meilleures soupes, disait-on alors que Mitterrand n’était même pas né. Visiblement, c’est avec les vieilles méthodes que l’ont étouffe le mieux les vieux scandales.
Ah ! Enfin ! Ils y sont arrivés ! On attendait tous ce séisme politique qui allait bouleverser à tout jamais notre vision du bipartisme français. En changeant le nom de l’UMP en « Les Républicains », il faut avouer que Sarko a réussi son coup. Non pas sur le fond mais sur la forme. La gauche s’est empêtrée dans des recours en justice inutiles et a gueulé son indignation de l’usurpation d’une valeur française. Ce qui n’est pas faux. Mais en attendant, on ne parlait que de cela et non pas des scandales et des divisions d’un parti en déroute. Sauf que cela ne trompe personne, lorsque l’on utilise un peu moins de sept cents mille euros pour un congrès et un changement de nom il faut des résultats. Et au final, on se fout royalement du nouveau nom qui ne trompe personne, et le parti s’est déchiré comme avant, en quelques heures. Comme à l’accoutumée, Sarko gesticule à droite à gauche pour remplir un espace médiatique que la droite semble avoir du mal à utiliser intelligemment.
Mais au delà des divisions politiques, il faut avouer que c’est légèrement scandaleux de s’auto-proclamer « Les Républicains ». Les autres sont quoi ? Si l’on est pas partisan de la droite, on est pas républicain ? Le plus scandaleux ce n’est pas le terme « républicain » c’est le « LES » qui encadre et s’arroge l’idée de république. Quand Sarko moque Hollande (tardivement) sur son « moi président » il pourrait bien scander « nous républicains » et sous entendre, à son tour, une personnalisation d’une valeur très chère à la France.
Au delà de ça, il faut penser le terme dans un contexte. Qu’est ce que l’on dira quand il y aura un duel FN-PS et que la gauche invoquera le front républicain et que la droite répondra par sa politique du ni-ni ? Pour s’attribuer une telle notion il faut la mériter et la représenter. Et puis, au delà encore, on entend que Sarko sur ce nouveau nom, le reste du parti ne dit pas grand chose. Alors « Les Républicains » seraient en fait « Le Républicain », histoire de rappeler une fois de plus l’ambition sarkozyenne de présidence (et de vengeance). On aurait pu murmurer à l’omni-candidat d’autres noms qui lui iraient tout autant comme « Le soupçonné » ou « Le mis en examen » par exemple. Si au final on se fout pas mal du nouveau nom qui ne veut rien dire, il révèle une véritable personnalisation du parti.
Et c’est en cela qu’il américanise le plus le système politique français, en mettant un parti en ordre de marche derrière une personne, une personnalité, un candidat. Et c’est bien ça le plus triste, réduire la droite à Sarkozy.