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Pulp – IN

“Filmer Jarvis Cocker et Pulp, son groupe” Tel est le défi que s’est imposé Florian Habicht. Pulp about life death and supermarkets arrive en salle plus de quatre ans après l’arrêt groupe et tente de le remettre sur scène. 

Dans les années 90, au milieu des débuts de l’électro et des jeux vidéo, quelque chose de plus ancien, de plus légendaire fait toujours des ravages : le rock. Bien évidemment, ce n’est plus le rock’n’roll des Rolling Stones ni même celui des Pink Floyd. C’est un rock plus pop qui porte le nom de BritPop (la pop anglaise) et ce sont les enfants des géants cités ci-dessus. Leurs deux progénitures les plus célèbres sont Blur et Pulp. Deux groupes issus des quartiers de Ken Loach : briques rouges et ciel gris. Pulp s’est distingué par ses textes ironiques et engagés avec délicatesse comme Common People. Ils ont démarré en 1978 – le groupe a dû attendre 1990 pour être célèbre- et s’est dissous en 2002. En 2012, Pulp se reforme pour une dernière tournée nationale, leur dernière date est à Sheffield : leur ville natale. La figure du groupe est son chanteur Jarvis Cocker qui est un homme un peu exhibitionniste (il n’hésite pas, sur scène à mimer qu’il fait l’amour) mais qui se cache constamment derrière de grosses lunettes marron aux verres jaunes et épais.

ZED© - Droits Réservés

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Pulp about life, death and supermarkets filme ce dernier concert, entremêlé avec des images d’archives et des interviews du groupe. En entrant dans la salle de cinéma, deux groupes de personnes se créent : il y a les fans de Pulp, ceux qui sont venu voir leurs idoles (presque) en vrai et les autres, un peu fous de s’être laissés séduire par cette affiche rose et violette, un homme dressé seul au milieu. Alors, bien évidemment le film ne sera pas perçu pareil suivant le bord que vous adoptez. Cependant, il est évident que Florian Habicht, le réalisateur est un grand fan. Trop fan puisque finalement, la musique est délaissée pour des interviews certes charmantes mais dénuées de la puissance du groupe : Pulp et chacun de ses membres sont de grands acteurs, leurs concerts sont marqués par une mise en scène atypique, des costumes loufoques et des danses provocatrices. Les interviews relatant donc l’arthrite de Candida Doyle (la pianiste) desservent l’émotion brutale que Pulp a toujours voulu transmettre. Tandis que Florian Habicht et Pulp veulent montrer qu’ils sont des gens « communs », ils ne font que prouver le contraire dans une innocence lassante. L’analogie avec The Last Waltz de Scorsese est évidente : tout comme Scorsese avait filmé le dernier concert de The Band, Habicht filme le dernier de Pulp. Tout comme Scorsese avait interviewé le groupe, Habicht rencontre Pulp. Mais, et là Scorsese avait réussi, Habicht ne rend pas ce dernier instant de musique légendaire, il ne les inscrit ni dans nos cœurs, ni dans l’histoire de la musique malgré le mérite qu’ils auraient à y être.

Pour Pulp, il aurait fallu du champagne, des paillettes, des talons en crocodiles, pas une cuisine sale et une chemise marron à rayures grises (quoi de plus glauque ?).

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