CINÉMA

Chappie : Real Humans

Après un premier long-métrage, District9, qui a fait l’effet d’une bombe, Neil Blomkamp a déçu avec le très tiède Elysium. C’est donc avec une certaine appréhension que le réalisateur Sud-Africain nous présente son nouveau film Chappie, qui s’impose comme un retour aux sources.

© Sony Pictures Releasing France Droits réservés

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On pouvait craindre que Chappie, et son histoire de robot qui devient humain, aille sur le terrain philosophico-humaniste de A.I. de Spielberg, quitte à souffrir de la comparaison. Or le cœur du film est ailleurs, et plus précisément dans une famille de délinquants marginaux.
En effet Chappie va se retrouver adopté par trois junkies, dont deux joués par le groupe Sud-Africain Die Antwoord, au look sorti tout droit d’un Mad Max. C’est alors au sein de cette famille, avec une mère attentionnée et un père brutal, que le robot, tel un enfant, va apprendre la vie et être éduqué. C’est l’occasion pour le film de révéler ses scènes les plus touchantes entre une mère attendant le retour de son fils et un père lui apprenant à se servir d’une arme. Ceci est d’autant plus réussi que Blomkamp nous fait oublier avec une facilité déconcertante le Chappie guerrier pour le révéler en un nouveau-né naïf. Son identification fonctionne si bien que le réalisateur offre sans doute ici les scènes les plus touchantes de son début de carrière, comme la découverte de la mort ou de la solitude.
Par ailleurs le film en profite pour questionner notre moralité, dont une scène de car-jackings où l’on est partagé entre s’amuser de l’absurdité de la situation et la consternation morale. C’est cette absence de manichéisme qui permet au film de se démarquer en assumant ses personnages violents, jusqu’à les rendre terriblement attachants. A l’heure où Disney interdit à ses protagonistes de fumer, il est agréable de voir ceux de Chappie passer leur temps à le faire. Cet esprit d’affranchissement des règles du politiquement correct fait de l’œuvre de Blomkomp un véritable OVNI dans le paysage cinématographique actuel.

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Le cinéaste, fidèle à lui même, nous offre de nouveau (c’était l’un des seuls points forts d’Elysium) une production design de haute volée. Visuellement, le film nous offre des décors à contre courant de la production habituelle tel son immense hangar, lieu principal de l’action. Bien que lorgnant sur le Robocop de Verhoven et un peu de la japanimation, le design des différents robots sont extrêmement inspirés. Saluons également l’incarnation très naturelle de Chappie par Sharlto Copley, déjà présent dans les précédents métrages de Blomkamp. Ce dernier continue de nous offrir des scènes d’actions nerveuses dont l’ultime morceau de bravoure préfère se reposer sur ses personnages plutôt que sur de la pyrotechnie gratuite. D’ailleurs cela intervient avant une résolution finale courageuse qui initie, l’air de rien, le nouveau stade de l’évolution de l’humanité. Une telle ambition avec un tel respect pour son public, et le genre qu’il entreprend, nous impose de mettre en Blombkamp nos espoirs sur l’avenir du cinéma de divertissement. Le voir placer à la tête du prochain Alien nous donne envie de croire que cette franchise, partie en déroute depuis plusieurs films, s’apprête à revenir dans le droit chemin.

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