En raison d’une crise économique de grande ampleur, le 29 décembre 2014 avait lieu en Grèce l’ultime tour des élections législatives anticipées. Les députés grecs s’étaient alors montrés réticents à l’idée d’élire Stavros Dimas, l’ancien commissaire européen à la présidence du pays. La Parlement, la Voulí, fut donc dissous, ouvrant toutes les possibilités quant à la répartition des 300 sièges.
Une victoire historique pour un parti anti-austérité.
Le soir du 25 Janvier dernier, les drapeaux rouges du parti d’extrême-gauche Syriza s’agitaient place Klafthmonos, au cœur d’Athènes. La victoire venait d’être annoncée et les partisans étaient surpris mais heureux. Cette victoire s’avère être historique pour un tel parti. Avec environ 37 % des voix, c’est bien ce parti né au début des années 2000 et qui désire trancher radicalement avec les accords de la Troïka (qui réunit la Banque Centrale européenne, le Fonds monétaire international et la Commission européenne), qui a remporté les élections grecques. Aléxis Tsípras, qui emmène ce parti depuis 2012, est par conséquent devenu Premier Ministre de ce pays frappé de plein fouet par la crise, et aujourd’hui surendetté.
Alexis Tsipras lors de son premier conseil des Ministres, le 28 Janvier dernier. © REUTERS/Marko Djurica
Si la victoire a été une surprise pour les partisans, elle était néanmoins prévue par les sondages. L’opinion était en effet favorable à Syriza, quelques jours avant les présidentielles : les intentions de vote des citoyens grecs s’élevaient à plus de 28 % pour le parti anti-austérité alors que le parti conservateur mené par Antónis Samarás, le Premier Ministre sortant, n’obtenait que 25 % des voix. C’est en faisant campagne contre les mesures draconiennes de remboursement exigées par la Troïka que Syriza a pu atteindre le pouvoir.
De vrais changements en perspective ?
Tout d’abord, l’impact que va avoir Syriza ne va théoriquement pas se limiter aux frontières grecques. Syriza, c’est le parti qui va maintenant devoir prouver que son programme n’est pas qu’une illusion et que les promesses peuvent devenir des actions politiques. Syriza a pour buts principaux de casser le système clientèliste grec, d’annuler une partie importante de la dette publique pour restaurer un climat de confiance avec le FMI (sans lequel les échanges deviennent impossibles), ou encore de recapitaliser les banques sans à nouveau mettre en péril la situation économique du pays après déjà six ans de récession, mais ce n’est pas tout… Syriza, c’est aussi le parti qui veut négocier une nouvelle fois les accords qui avaient mis en place des conditions pour l’aide financière internationale. La faible croissance du pays n’ouvrait pour le moment aucune possibilité de véritable relance et le programme de la gauche radicale de Tsípras a séduit les votants, avec notamment l’idée d’installation de mesures d’urgence face à cette crise dite aujourd’hui qualifiée d’« humanitaire » (effectivemment, Syriza prévoit entre autres d’augmenter le taux de salaire minimal ou encore de remonter le taux d’imposition). Le gouvernement Syriza qui compte lutter intensément contre la fraude fiscale espère donc pouvoir rembourser ses dettes en remplissant les caisses de l’État de manière rationelle. Le risque premier des méthodes de ce parti de gauche radicale, c’est de ne pas pouvoir récolter cet argent assez rapidement, sans quoi les répercussions pourraient à nouveau frapper l’économie grecque en plein cœur, ne mettant ainsi pas fin à la tragédie grecque.

La Grèce face à l’ensemble de la communauté européenne. © REUTERS
En déclarant le jour de son élection que son programme bénéficiait du soutien de la communauté européenne, Tsípras affirmait également que des négociations totalement pacifiques pourraient aboutir. Néanmoins, il n’est pas étonnant de constater qu’aujourd’hui, l’Allemagne refuse de coopérer avec la Grèce. Alors que le Ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a avancé sa rencontre au 1er février avec son homologue français Michel Sapin, la chancelière allemande Angela Merkel annonçait la veille exclure toute rencontre. Le pays, qui connait une croissance économique forte dûe à un plan de relance efficace après la crise économique de 2008 ne désire plus prendre de risques.
Cette visite en France fut l’occasion pour le ministre de lancer une grande « opération séduction » comme les médias s’amusent à l’appeler dans le but de recueillir des soutiens. Même si le premier ministre grec change de casquette avec aisance en alternant entre fières postures quelque peu trompeuses et d’autres bien plus arrangeantes, il parvient pour le moment à se faire accepter par la plupart des pays membres de l’UE. C’est la nette remise en cause de la tutelle de la Troïka qui pose le plus de questions et de mésententes.
Enfin, il est aujourd’hui un détail qui ne pourrait être négligé : le ministre des Finances ne souhaiterait pas sortir le pays de la zone euro. Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro met régulièrement en garde la Grèce en précisant bien entendu qu’il est impensable d’annuler la dette grecque qui s’élève à 175 % de son PIB mais affirme aussi qu’ « ignorer les accords n’est pas le bon chemin à prendre » ! Des désaccords en perspective ?