CINÉMA

Du Septième fils au 36ème sous-sol

Le 7ème fils n’est pas un film comme les autres. C’est un film qu’on remarque, c’est un film qui se distingue, c’est un film dont on ne sort pas indemne. Le 7ème fils, c’est un film où le cinéma dévoile ses secrets les plus obscurs. Le 7ème fils, ce n’est pas qu’un film, c’est un état d’esprit, c’est une philosophie. C’est un film de réflexion, qui vous bouleverse. Il y a un avant et un après la séance.

De terribles sorcières menacent le monde et attendent impatiemment une lune écarlate pour que le côté obscur envahisse les âmes. Un épouvanteur sans pitié chasse ces êtres mauvais jusqu’aux ongles – qu’elles ont longs d’ailleurs – et prend sous son aile un apprenti, 7ème fils d’un 7ème fils. Jusqu’ici, tout va mal. “Tout ce qu’il te faudra est déjà en toi” lui annonce sa mère à son départ, la main sur son cœur. Mais lorsqu’il entre dans le côté obscur lors d’une altercation avec la méchante Julianne Moore, c’est “insoutenable”.

Pour nous aussi. Et ne parlons pas du monstre accompagnant le grand épouvanteur Jeff Bridges, “aussi loyal que le lait” (nous avons vérifié, Lactel ne sponsorise pas le film), c’est insoutenable de sens. Bref, passons. Notre cher apprenti et son bouledogue tombent de temps en temps sur des monstres ; ce sera l’occasion d’apprendre à se défendre avec des confettis (arme de destruction massive) contre des boules de poils aux dents acérées. Peu importe sur quoi il tombe, l’important n’est pas la chute.

En dehors de cette quête rythmée de rebondissements absolument passionnants et d’une finesse très rare, le 7ème fils est aussi un film stimulant notre intelligence à chaque instant. Quoi de plus stimulant que d’entendre des cloches au loin puis d’être spectateur de la réaction de l’apprenti et de l’épouvanteur ? “Qu’est-ce que c’est ? – Ce sont des cloches” restera dans les annales. Quoi de plus stimulant que de voir à l’écran une demi-sorcière se baigner dans un lac au clair de lune et d’entendre l’échange brillant des deux protagonistes “Mais qu’est-ce que tu fais ? ! – Je me baigne au clair de lune”.

Soudain, un miracle se produit sous nos yeux. Les deux tombent amoureux. C’est incompréhensible, totalement inattendu. Il veut l’emmener dans “un pays ou tout cela n’a plus d’importance”. Un second miracle emplit nos oreilles. Dans un éclair de lucidité, elle répond : “c’est trop tentant, mais ça n’existe pas.” Nous nous sommes levés, non pour applaudir mais pour sortir. C’était trop tentant et de toute façon, “on n’échappe pas a son destin”.

Le 7ème fils est avant tout un film à la morale splendide et novatrice. Faut-il combattre le mal en faisant le mal ou en faisant le bien ? Faut-il passer du côté obscur de la Force ? Des questions que l’on se pose quotidiennement. Faut-il enlever totalement l’opercule de la bouteille de lait ou en laisser un bout ? Faut-il ouvrir un paquet de gâteaux par le haut ou par le bas ? Le 7ème fils a la force de vous transmettre une philosophie, une manière de penser. Votre vision du monde change après la séance. Vous n’avez plus foi en rien. Votre vision du cinéma évolue, elle aussi. Le 7ème fils est novateur. Novateur dans l’art complexe de la bouse. Pourquoi aller s’ennuyer à faire une scène d’ouverture digne de ce nom ? Pourquoi innover dans l’esthétique ? Pourquoi apporter quelque chose de nouveau dans un film de genre ? Le 7ème fils, c’est l’art de la simplicité. On ne réinvente pas le cinéma, on prend ce qu’il fait de pire et on en fait un bouillon imbuvable.

L’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. Le film saute de 7 étages et s’écrase, l’atterrissage est violent. Mais alors vraiment, vraiment très violent.

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