MUSIQUE

Transmusicales 2014 : Rencontre avec Eagles Gift

A l’occasion de la 36ème édition des Transmusicales de Rennes, nous avons rencontré Romain, chanteur et guitariste du groupe angevin Eagles Gift qui se produisait le jeudi 4 décembre à l’Etage. De leur patte psyché à leur participation à l’Austin Psych Fest, en passant par la scène angevine, nous avons pu découvrir l’univers singulier de ce groupe prometteur.

Pouvez-vous nous présenter le groupe ?

J’ai créé le groupe il y a un an et demi, ayant à l’époque dans ma platine des groupes comme Crocodiles, The Black Angels, BRMC. Après avoir composé une dizaine de morceaux dans mon studio, orientés Rock ambiant/Pop psychédélique, j’ai appris que le premier festival national dédié à la musique psychédélique français allait avoir lieu dans ma ville, à Angers. Coïncidence, coup du sort ? J’ai donc sauté sur l’occasion pour chercher des musiciens et monter un groupe pour jouer en Off de ce festival, appelé Lévitation. J’ai eu la chance de trouver très rapidement d’excellents musiciens pour me rejoindre, à savoir Hugo, Stw et Chris ; après quelques heures de répétitions le groupe était opérationnel.

Pourquoi avoir changé de nom de groupe et passer de Origin of Black Eagles à Eagles Gift ?

J’avais une journée pour trouver le premier nom, le jour où Stéphane Martin, le programmateur du Chabada qui co-organise le festival Levitation, m’a dit à l’écoute de mes maquettes que c’était ok pour nous faire jouer mais qu’il lui fallait rapidement un nom pour le programme papier. Ce nom m’est venu à l’esprit mais il ne correspondait pas complètement à l’esthétique musicale, et les Black Angels que nous avons rencontré pendant le festival, nous ont clairement dit que ce nom n’était pas terrible.

Après ce premier concert on a donc décidé de chercher un autre nom, je me suis rappelé que pendant ma période de composition, je lisais un livre de Carlos Castaneda, à propos de l’étude des plantes hallucinogènes chez les indiens du Mexique par un scientifique américain. Outre les expériences psychédéliques décrites, l’auteur décrit son choc des cultures et son ouverture d’esprit suite à cela. Ça m’a inspiré je pense pour écrire les textes et traduire les tableaux décrits en musique. Eagle’s Gift était tout simplement le titre de ce livre.

Vous jouez dans différents groupes en dehors d’Eagles Gift : pouvez-vous nous parler de ces autres projets ?

Eagles Gift n’était au départ qu’un projet “one-shot” pour une soirée, on avait déjà tous plusieurs groupes (Scarlet, Future Dust), aujourd’hui Eagles Gift a pris une part beaucoup plus importante dans notre emploi du temps, mais on continue à multiplier les projets, pour ne pas se fermer dans un univers, et se consacrer pleinement à la musique (pour citer aujourd’hui nos différents groupes : Scarlet, The Blind Suns, Death Gazer, Sheraf, San Carol, La Palourde).

Entre la présence du festival Levitation dans votre ville, des groupes puisant dans le rock psyché comme vous ou Sheraf : diriez-vous qu’émerge un phénomène psyché à Angers  (ou même à plus grande échelle au niveau national et international) ?

D’autres groupes locaux s’inscrivent effectivement dans la lignée psyché, variant du Shoegaze au Garage : Sheraf, La Palourde, The Blind Suns, 2024, Power Kush Experience par ex. Je pense qu’il se traduit à Angers la même chose qu’à un niveau plus global, national et international où ce type de musique retrouve ses couleurs, plutôt que de parler de réel phénomène “novateur”.

Que vous a apporté la participation à l’Austin Psych Fest ?

L’Austin Psych Fest nous a donné une crédibilité au plan international, c’est déjà très compliqué d’y être programmé, au vu de la prolifération de groupes à tendance psychédélique, et nous avons (à notre surprise aussi) eu d’excellentes critiques de magazines/webzines/radios dont certains assez importants aux Etats-Unis. Cela nous a aussi permis de rencontrer Brett Orrison, le technicien son des Black Angels, qui a ensuite réalisé notre second album l’été dernier.

Qu’est ce que cela vous a fait de voir le documentaire Pareidolia sur votre passage à l’Austin Psych Fest ?

Je trouve ça difficile de voir un documentaire sur son groupe, j’ai toujours tendance à voir ça comme un ego-trip, ça me gêne un peu mais je suis persuadé qu’on sera ravis dans quelques années d’avoir ce magnifique souvenir. Par contre au niveau des images, je le trouve vraiment bluffant, c’est notre pote Lucas Hauchard qui l’a réalisé, il est très très doué !

Comment expliquez-vous votre rapide ascension ? 

Je pense qu’il y a eu un concours de circonstances heureux sur ce projet, via le hasard du retour du psyché et la rencontre avec les Black Angels, par contre je pense aussi que notre expérience acquise via nos autres groupes, dans lesquels on est habitué depuis un paquet d’années à travailler sans relâche pour s’en sortir, nous a permis de transformer l’essai en optimisant chaque chose nouvelle sans se laisser dépasser par les événements. Mais tout reste encore à faire, on le sait, on reste donc très prudents…

Comme certains l’affirment, pensez-vous que la drogue doive forcément rentrer en jeu pour faire de la bonne musique psychédélique ?

Je n’ai pas pris de drogue en composant les albums d’Eagles Gift, et je ne pense pas qu’il faille forcément en prendre pour réussir à faire du bon psyché, je n’aime pas trop les avis tranchés et les “codes” que certains essaient d’imposer à tel ou tel registre musical et artistique en général. Il y a ce genre d’histoires autour de la création de ce style musical lié aux drogues et je sais que les effets psychotropes peuvent amplifier la perception ou l’expérience artistique, mais ils peuvent aussi la dénaturer, la flouter. Pour ma part, les effets transcendants que peuvent m’apporter certaines œuvres sont déjà bien assez puissants à eux seuls pour ne pas avoir besoin de les sublimer davantage, au risque comme je l’ai dit de les brouiller.

Quels sont vos projets pour la suite : sortir un EP / album ou se consolider sur scène ?

L’album que nous avons enregistré cet été avec Brett Orrison sortira courant 2015, on va donc préparer activement cette sortie, avec le soutien de nouveaux partenaires qui viennent de nous rejoindre. On peut d’ores et déjà parler du tourneur 3C qui a décidé de nous faire confiance et qui s’occupera de la partie booking de dates de concert. Nous avons aussi créé un label avec d’autres musiciens angevins sous le nom de Wild Valley Records, nous produisons six groupes angevins dont Eagles Gift, nous avons envie de nous investir dans ce projet et de faire évoluer cette structure.

Qu’est-ce que cela vous fait de jouer aux Transmusicales ?

Jouer aux Transmusicales représente le paroxysme du concours de circonstances positif qui se développe depuis un an autour d’Eagles Gift. Cette date importante arrive tôt, mais à un moment où l’on se sent prêts et en confiance, je suis sûr qu’elle sera le point d’un nouveau cap pour le groupe, et on a vraiment hâte d’y être.

Quels sont vos coups de cœur dans la programmation des Transmusicales ?

J’ai hâte de voir des artistes comme Oslo Léone, Too Many Zooz, Clarens ou encore les copains nantais de Bantam Lyons.

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