MUSIQUE

Daydream Nation de Sonic Youth – Alternatif, bruitiste et atmosphérique

Sonic Youth fait sans doute partie des groupes de rock les plus influents des années 80 aux années 90, et ce, grâce à leur son si spécifique à la fois mélodieux et dissonant. Daydream Nation illustre parfaitement ce contraste. Ainsi, bien que ce disque ne soit pas forcément le plus accessible des albums de Sonic Youth, il constitue une très bonne entrée en matière pour ceux qui ne sont pas encore familiers du groupe New Yorkais.

Les héritiers de la no-wave

A sa formation le groupe est fortement influencé par la démarche destructrice des artistes de la no-wave.  Le terme no-wave, qui se moque de la new wave, désigne un courant artistique new yorkais de la seconde moitié des années 70. Le courant est éphémère et, bien que touchant les arts visuels, beaucoup des artistes no-wave jouent aussi dans des groupes de rock expérimentaux qui, pour certains, auront un impact majeur sur la culture punk alors naissante. On peut citer comme références Patti Smith, la française Brigitte Fontaine ou encore  le groupe Teenage Jesus and the Jerks dont la chanteuse Lydia Lunch collaborera par la suite avec Sonic Youth pour la chanson Death Valley 69.

De gauche à droite, Lee Ranaldo (guitare), Kim Gordon (basse et chant) et Thurston Moore (guitare et chant) Tous droits réservés ©

Le groupe est donc, à ses débuts, très clairement orienté vers la musique bruitiste et expérimentale, Lee Ranaldo et Thurston Moore sont désormais célèbres pour leur propension à accorder leurs guitares de manière unique ainsi que pour leur utilisation de guitares préparées. Mais au fil des albums leur son va évoluer vers une forme de rock bruitiste basé sur des mélodies pop ravagées à grands coups d’accords dissonants joués par des guitares électriques au son tantôt cristallin et métallique, tantôt distordu et saturé de larsen. Ainsi, en 1988 sort Daydream Nation, le 5ème album studio du groupe qui fait suite à EVOL (1986), album aux sonorités très largement bruitistes, et Sister (1987) album aux accents légèrement pop.

Voyage à travers la Daydream Nation

Daydream Nation se voulait être à la base un album concept décrivant un pays dirigé par J Mascis, le leader de Dinosaur Jr., autre groupe phare de la scène alternative américaine des années 80.

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“Kerze” (bougie), une peinture de l’artiste allemand Gerhard Richter datant de 1983 est utilisée comme illustration pour la pochette.


L’album s’ouvre donc sur Teen Age Riot, sorte d’hymne à la jeunesse et à la rébellion avant enchaîner sur le tonitruant Silver Rocket auquel succède The Sprawl, titre à l’ambiance atmosphérique ou les guitares semblent être destinées à jouer sans fin. Ainsi Sonic Youth met en place un jeu de contrastes brutaux et de transitions douces entre des titres nerveux et des morceaux plus longs et au son moins abrasif ou des nappes de guitares au son métallique accompagnent le chant tantôt parlé, tantôt crié de Kim Gordon et Thurston Moore.

Ce qui rend Daydream Nation si particulier c’est sans doute sa structure, il s’agit d’un disque à écouter d’une traite, ses 70 minutes sont à suivre comme un voyage parsemé de moments forts et d’accalmies. Les coupures entre les morceaux ne sont pas toujours nettes et certains morceaux semblent eux même être divisés en « mouvements » plutôt qu’en couplets et refrains, si bien que lorsqu’un titre se termine on a presque oublié comment il a commencé. C’est aussi pour cela que Daydream Nation n’est pas facile à apprivoiser. Toutefois l’auditeur qui prendra la peine de l’écouter plusieurs fois découvrira sous les couches de larsen un album atypique qui fait aujourd’hui figure de monument du rock alternatif.

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