Par leur sens du récit incroyable, Toledano et Nakache offrent un film beau, vrai et touchant. Omar Sy et Charlotte Gainsbourg forment un couple attachant. Un virage bien négocié vers un film plus social et noir qu’Intouchables.
Le film s’ouvre sur un plan séquence impressionnant. En l’espace de deux minutes, sans jamais marquer de pause ou faire un changement de caméra, le duo de réalisateur dresse un portrait de la France d’aujourd’hui. Des classes sociales aisées, aux plus pauvres, d’une France multi-ethnique mais où chacun ne trouve pas toujours sa place. Malheureusement.
Samba c’est ça, un film beaucoup moins drôle qu’Intouchables, qui ne cherche pas à l’imiter. Les réalisateurs ont l’intelligence de tenter de se renouveler. C’est un film plus sombre, plus grave, plus lourd. Il n’y a pas de scène de franche rigolade, plutôt des instants de malaise. Devant nous est brossé le portrait d’un sans papier, son quotidien, sa misère. Toledano et Nakache nous rappellent la situation de ces gens qu’on délaisse, qu’on oublie. Mais ils le font avec empathie, jamais avec pitié.
Ils savent passer d’une émotion à une autre et après un moment lourd, ils parviennent à nous dérider. C’est la force du film. Montrer quelque chose de vrai, de grave, nous faire prendre conscience, avec malice. Plutôt que de nous laisser dans la gêne, ils nous font sourire. Avec un ton plus dramatique, mais sans jamais vraiment virer à la comédie, les réalisateurs font un film social, populaire, remplie d’humanité.
Alors oui, bien sûr, certains reprocheront trop de bons sentiments. Certains reprocheront une histoire d’amour entre un sans papier et une bénévole de la CIMADE qui s’intercale dans le récit. Mais c’est le cinéma de Toledano et de Nakache. C’est ce qui le rend attachant, c’est ce qui le rend touchant, c’est ce qui le rend si juste. Il ne faut pas voir qu’une histoire d’amour banale, il faut voir l’histoire entre deux êtres si différents, entre un sans papier et une ancienne cadre, entre deux mondes presque opposés mais ici réunis. C’est le message du film, un message humaniste, de rassemblement.
Mais que serait Samba sans Omar Sy ? L’acteur fétiche du duo de réalisateurs brille une fois de plus. Il illumine chaque scène de son charisme hors norme et donne à certaines scènes une grâce particulière. Il est épaulé par une Charlotte Gainsbourg, touchante de fragilité dans son visage et dans son regard. Par contre, les seconds rôles portés par Izia Higelin et Tahar Rahim sont délaissés. Apportant de la fraîcheur et de l’humour, les personnages ont un goût d’inachevé.
Samba est un très beau film sur la vie d’un sans papier. C’est aussi, et surtout, un très beau film sur l’être humain, sur la vie, avec une portée universelle.