SOCIÉTÉ

Ce que Hollande peut faire pour vous (suite) !

Nous avions réalisé un premier article pour la première année de mandat de François Hollande. Dix-huit mois plus tard, il est temps de voir où en sont les grands chantiers concernant la jeunesse à la mi-mandat du président de la République. Revue de détails.

Durant sa campagne pour la présidentielle en 2012, François Hollande avait mis en avant plusieurs grands chantiers de réformes concernant la tranche de la population dont il faisait sa priorité : la jeunesse. Dans ses soixante engagements pour la France, près d’un quart concernaient de près ou de loin ce public.

Les promesses tenues

On y trouvait tout particulièrement la création des emplois d’avenir. Ces emplois devaient être créés “en priorité dans les quartiers populaires” pour aider les jeunes en difficulté d’insertion. L’objectif était que 100 000 contrats soient signés dans l’année suivant l’entrée en vigueur de la loi, donc d’ici la fin 2014. A ce niveau, aucun souci, les emplois jeunes version Hollande ont connu un succès retentissant, dans un pays toujours touché par une augmentation croissante du nombre de chômeurs. Avec 155 000 contrats signés au 31 octobre, l’objectif est atteint. Deux problèmes subsistent, concernant le public ciblé et la possibilité d’accéder à des formations pour ces jeunes peu qualifiés. Alors que l’objectif était de donner la priorité aux jeunes des quartiers sensibles, seuls 18 % des emplois d’avenir leur ont été dévolus, comme l’a reconnu en mai 2014, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de la Jeunesse, dans le Parisien. Quant à l’insertion durable des embauchés, elle n’est pas facilitée par le fait que seuls 43 % d’entre eux ont suivi une formation, dont 7 % une formation qualifiante.

Autre promesse tenue, la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités). Celle-ci prévoyait notamment la réaffirmation de l’orientation des bacs pros vers les BTS et des bacs technos vers les IUT, la simplification de l’offre de licences et de masters, la refonte de la première année de médecine, la création de trente grands pôles universitaires (au final vingt-cinq)… Même si de nombreux universitaires ont tout de même contesté le manque d’ambitions de la politique universitaire proposée par le gouvernement, qui ne tranchait pas véritablement avec les orientations définies sous Nicolas Sarkozy.

Toujours concernant les étudiants, un des soixante engagements de François Hollande était de favoriser un meilleur encadrement des stages. La loi a été votée le 26 juin dernier et prévoit : la hausse de 87€ de la gratification minimale pour un stagiaire, soit 523,26€, le plafonnement de la part des stagiaires dans les effectifs de l’entreprise, la limitation de la durée des stages à six mois, la requalification en contrat de travail des stages se substituant à un emploi permanent et l’extension aux stagiaires des protections prévues par le code du travail.

Ça coince

D’autres promesses emblématiques de la campagne de François Hollande ont aussi été votées, mais peinent à fonctionner. Ce qui convient parfaitement au contrat de génération.

Alors en campagne, François Hollande en avait fait un de ses marqueurs politiques forts et s’était empressé de voir appliquée cette disposition, devant permettre d’embaucher en CDI un jeune de moins de 25 ans placé sous le tutorat d’un senior de plus de 55 ans. L’entreprise bénéficie alors pendant cinq ans maximum d’exonérations de charges sur les deux salaires – totale pour celui du jeune, partielle pour le senior. En juillet 2013, soit un mois après l’adoption de la loi, le Président avait avancé l’objectif de 70 000 contrats signés d’ici début 2014, Michel Sapin avait évoqué un rythme de 100 000 par an. Le 10 juillet dernier, l’objectif a été revu à la baisse par François Rebsamen, ministre du Travail, qui parlait alors de 40 000 contrats signés. Bref, la mesure est boudée par les entreprises et constitue un demi-échec.

L’autre promesse emblématique pour son quinquennat proposée par François Hollande était les 60 000 créations de postes dans l’Education Nationale. Promesse difficilement réalisable pour deux raisons. La première tient au fait que sur les 32 000 postes d’ores et déjà créés par le gouvernement, seuls 4 000 sont des emplois pérennes, les 28 000 restants étant des stagiaires, c’est-à-dire qu’ils ne deviendront profs qu’à la condition que des postes s’ouvrent. Ainsi, à la dernière rentrée, 9 421 nouveaux professeurs ont été recrutés officiellement. « Mais ce sont massivement des stagiaires, que les élèves ne verront que quelques heures chaque semaine. Sur ce total, seuls 2 261 correspondent à des postes de titulaires (811 en école, 1 450 en collèges et lycées), les autres n’assureront qu’un temps partiel »,  selon les chiffres avancés par le Monde. En somme, un joli subterfuge comptable. Mais pas de quoi « refonder » l’école de la République…

Ah bon, il l’avait promis ?

Une des promesses oubliées de François Hollande : l’allocation d’études sous conditions de ressources. Alors qu’à la rentrée 2014, l’UNEF publiait un rapport alarmant montrant que le coût de la vie étudiante allait augmenter de 2 %, la seule réponse du gouvernement fût de hausser la somme des bourses de… 0,7 %, soit 0,2 % au-dessus de l’inflation. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, et surtout, pas de quoi faire oublier cette promesse présidentielle ambitieuse à destination des étudiants. Pendant ce temps, les inégalités sont toujours particulièrement marquées en licence : parmi les étudiants défavorisés, 33 % des non-boursiers et 43 % des boursiers réussissent leur première année, contre 63 % pour les étudiants les plus à l’aise financièrement, d’après une note de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) dépendant du ministère de l’Education Nationale.

Il y a dix-huit mois, nous pouvions faire preuve de clémence envers le bilan « jeunesse » du Président. Aujourd’hui, c’est plus mitigé. La plupart des grandes promesses pour les jeunes ont été tenues, mais de nombreuses réformes ont été fortement contestées (loi LRU), boudées (contrat de génération) ou bien tronquées (60 000 postes dans l’Education Nationale). La mise en place se fait de manière difficile et les résultats sont souvent peu probants. Sans compter la problématique des étudiants dans le supérieur, à laquelle aucune solution ambitieuse n’est venue répondre.

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