MUSIQUE

Les Francofolies comme si vous y étiez

On vous l’avait promis, et c’est chose faite. Voici l’article qui va vous résumer tout ce à quoi nous avons assisté durant ces cinq jours intenses, aux Francofolies de La Rochelle. En effet, l’édition 2014 a été riche, en raison de l’anniversaire des 30 ans du festival, qui a d’ailleurs établi un record de fréquentation avec 130.000 spectateurs toutes scènes confondues et 14.000 festivaliers le soir du 14 juillet. Évidemment il y a eu des coups de cœur avec Julien Doré, Fauve, François and the Atlas Mountains et bien d’autres. Pour les découvrir, c’est plus bas !

Jeudi 10 juillet

En ce jeudi 10 Juillet, après le lancement officiel du Festival au village Francofou par Gérard Pont, le groupe bordelais Tulsa a en quelque sorte donné le coup d’envoi de cette trentième édition des Francofolies.

Au détour du village Francofou, avant l’ouverture du festival, nous avons croisé une festivalière pas comme les autres. En effet, Béatrice Pannier est une habituée du festival, mais également une fan inconditionnelle de Laurent Voulzy et d’Alain Souchon qu’elle suit depuis 33 ans. Elle a d’ailleurs lancé un ambitieux projet : écrire un livre relatant ses rencontres avec ses deux idoles.

Maze : Pourquoi êtes vous ici cette année précisément ?

Béatrice : Alors je suis là cette année principalement pour le concert d’anniversaire des 30 ans des Francofolies ! Même si je ne suis pas du tout de la région (je viens de Caen dans le Calvados) je viens régulièrement aux Francos et spécialement quand Alain Souchon et Laurent Voulzy y sont présents. Justement puisqu’ils sont présents tous les deux ce soir, je me devais d’être là pour ce concert exceptionnel !

Maze : Vous nous avez dit tout à l’heure que vous écriviez un livre, pouvez vous nous en dire un peu plus ? Et quel rôle les Francofolies y jouent-elles ?

Béatrice : Je travaille depuis plusieurs année sur un projet de livre où je relate toutes mes rencontres avec Voulzy et Souchon depuis 33 ans puisque cela fait 33 ans que je suis leurs carrières : je vais les voir en concert, à la télé, à la radio… Tout ce que vous pouvez imaginer ! C’est à l’occasion de la sortie de leur album de duo que je compte sortir mon livre. Vous pouvez imaginer toutes les anecdotes, tout ce que j’ai pu vivre en  33 ans, ce sont de très beaux souvenirs que j’ai envie de faire partager à des lecteurs. J’ai eu une chance assez inouïe, des souvenirs sensationnels.

Maze : Qu’est-ce que vous aimez dans les Francofolies ? Qu’est ce que qui vous plait tant dans ce festival ?

Béatrice : Tout d’abord, c’est un des plus grands festivals de France, il est en place depuis 30 ans. Même si à Caen on a le Festival de Beauregard qui commence à être assez réputé, La Rochelle reste La Rochelle !  Je ne suis pourtant pas très festival : de petite taille dans une foule où il y a des grandes personnes devant moi ce n’est pas très agréable, des heures debout à attendre… Mais en 1994 a  été annoncé pour les 10 ans des Francos une soirée avec Alain et Laurent. Je me suis dit  “ah ça je ne vais pas pouvoir rater ça” !

béatriceBéatrice a même écrit un poème en hommage aux Francofolies et à Jean-Louis Foulquier, disparu cette année.

Tulsa ouvre donc à 16h une série de trois concerts gratuits avec entre autres Gaspard Royant et les Fréro Delavega, sur la scène SFR jeunes talents. Leur prestation qui dure un peu plus d’une demie heure est captivante : le rock est sombre, puissant, lancinant. Les rythmes de tambour nous rappellent ceux d’un autre artiste, Woodkid. La chanteuse du groupe amène une voix rauque, chaude et cassée à la musique tourmentée du groupe. Les chœurs rajoutent à l’ambiance quasi-hypnotique. On aime aussi le changement d’instruments des membres du groupe qui nous montrent qu’ils maitrisent le sujet et qui apporte un peu de mouvement. Bilan : une bonne énergie, de l’engagement et un univers. Le seul point négatif pourrait être le statisme pendant les chansons et du coup une certaine langueur quand s’ajoute le style musical. Cependant, nous, on valide Tulsa.

Après le groupe Tulsa sur la scène SFR jeunes talents, c’est au tour de Gaspard Royant d’entrer dans la lumière vers 16h45 après un petit changement de plateau. On voit alors quatre garçons en costume noir monter et prendre les instruments, puis un dernier en costume blanc s’emparer du micro. Look de crooner, musique aux accents de twist et de boogie, jeu avec le public, chœurs sympa, pas de danse rétro : la recette qui marche a été trouvée. Gaspard et son band nous jouent des chansons entraînantes comme Woods, Marty McFly, All the cool in you is me ou encore Europe qui nous donnent envie de nous lâcher mais aussi des chansons plus douces et mélancoliques comme The one you need. Pour un concert gratuit, le show est très très bon ! Bilan : on valide le look, la musique, le personnage, l’ambiance. Gaspard Royant, on adhère !

GASPARD ROYANT

En cette soirée d’ouverture sur la Grande Scène, les Francofolies ont fêté leurs 30 ans en faisant revenir sur leur scène des artistes au plus grand plaisir des spectateurs. C’est d’abord Bensé qui ouvre le bal : on a peur pour lui qui doit assurer la première partie avec sa guitare, son synthé et son harmonica devant plus de 10.000 personnes. Finalement, plus de peur que de mal car le public adhère à l’artiste qui nous fait découvrir ses prochains titres comme Cassandre mais aussi des plus connus comme Au grand jamais ou Portrait chinois.

À cette mise en bouche succède un Bernard Lavilliers accoutumé des Francofolies, qui en profite pour rendre hommage au fondateur des Francofolies, J-L Foulquier, aujourd’hui disparu. Il entonne ses tubes comme Stand the Ghetto, Y’a pas que New-York ou encore Salsa. Le groupe dégage une bonne humeur contagieuse avec des sourires, des cuivres, une bonne contrebasse et le public lui rend bien lorsque Lavilliers chante ses Idées noires et que les festivaliers remplacent Nicoletta.

Après un court changement de plateau, c’est monsieur Jacques Higelin qui prend la relève. Habitué des Francos et proche de Foulquier tout comme Lavilliers, Higelin impressionne par son énergie, son humour et son franc-parler. Quel plaisir de voir sur scène une des légendes de la chanson française ! Dans le cadre de “Jacques Higelin et ses amis”, l’artiste fait venir Camille (Cet enfant que je t’avais fait), Kent, Sandrine Bonnaire (Duo d’anges heureux) et Miossec (Mauvaise humeur).

À la suite de ces prestations, nous avons pu assister à la partie des Copains d’abord. Ainsi sont venus sur scène Alain Souchon, Nolwenn Leroy, Jean-Louis Aubert, Tryo, Julien Doré, Michel Delpech, Élodie Frégé, Yannick Noah, Zaz, Ben l’Oncle Soul, Hubert-Félix Thiéfaine, Bénabar,Véronique Sanson, Renan Luce, Bernard Lavilliers, Thomas Dutronc, Christophe Willem, Laurent Voulzy et tant d’autres…

P1590047

© Béatrice Pannier

L’ambiance est très bonne et les artistes reprennent leurs plus grands tubes pour célébrer ces 30 ans. La soirée accueille même l’acteur Omar Sy en tant que maître de cérémonie. L’émotion est présente car les artistes soulignent tous l’absence de Foulquier, qui avait donné vie au festival avec sa bande de copains. Le seul bémol pourrait être la longueur entre Higelin et la suite de la soirée, ainsi que le côté un peu “rigide” avec un timing serré dû à la retransmission sur France 2 de l’évènement. Cependant, on se doit de souligner que la soirée a été très bonne et riche en émotions

Vendredi 11 juillet

Groupe composé de 4 nîmois, Mofo party plan surprend par la fraîcheur de leur musique hybride, cheminant entre électro et rock. Leur premier EP, Chupacadabra, a reçu de bon échos et le public au village Francofou a semblé emballé. Le style de musique nous rappelle le rock des Kooks et même si il a fallu du temps au groupe pour rentrer dedans, il n’a pas déçu. Nous on a une préférence pour les hypnotisants Über et Fire : on souhaite le meilleur à cette jeune  formation.

P1170268

© Julia Coutant

C’est au détour d’une rue de La Rochelle que nous avons croisé le duo Fréro Delavega qui a sorti dernièrement son single Sweet Darling, entouré de fans. Le groupe, et spécialement Flo, a pu nous accorder quelques minutes.

Maze : Tout d’abord, qu’est-ce qui a changé pour vous depuis votre passage à l’émission de TF1 The Voice ?

Flo : Pas grand chose au final ! On fait toujours la même chose : notre musique. Après si on parle en terme de carrière, l’émission a pas mal accéléré les choses. Il y a plus de monde qui nous suit maintenant ! On a continué notre chemin, suivi le cours… On a d’ailleurs fini notre album qui va sortir le 21 juillet. On est très contents en tous cas !

Maze : Comment se sont passées vos Francofolies, notamment durant votre passage à la scène SFR jeunes talents ?

Flo : C’est vrai que cela nous a beaucoup plu, c’était une date importante pour nous : les Francos de La Rochelle sont toujours un évènement particulier ! On a vraiment aimé y participer et être invités sur la scène de SFR au village Francofou. Cela s’est très bien passé avec un public très nombreux et réceptif , c’était cool !

Maze : Vous connaissiez déjà le festival avant d’y participer ?

Flo : Oui, j’y suis déjà venu plein de fois en fait en tant que spectateur et on avait déjà joué avec Jeremy il y a deux ans aux Francofolies de Spa en Belgique… On attendait plus que La Rochelle !

Maze : Seriez-vous tentés de participer au module du Chantiers des Francos -dispositif de formation de jeunes artistes- ?

Flo : Oui si on nous le propose ! C’est quelque chose d’enrichissant et je crois que c’est vraiment à ce moment là que l’on peut rencontrer des artistes en développement comme nous. Ce serait quelque chose de très flatteur pour nous en tous cas !

201305060972-full

© ladepeche.fr

On le savait : ce vendredi 11 juillet au grand théâtre de La Coursive allait être une grosse soirée. Le spectacle de Julien Doré avec d’abord sa reprise de l’album à l’occasion de ses 30 ans, La notte la notte d’Etienne Daho (création Sacem), puis le concert de LØVE , affichait complet depuis plusieurs jours. Arrivés sur place, on constate que la salle est comble, avec un public surchauffé et que certaines personnes doivent s’assoir dans les marches. Cependant, rien n’arrête les spectateurs venus pour passer une soirée inoubliable.

LOVE_sortie-550x291

Commence alors le show avec le ré-arrangement de l’album de Daho : moi qui personnellement ne connaissais pas spécialement le travail de cet artiste, j’ai été hypnotisée par la version de Doré qui réactualise l’album sans l’écraser ou le démoder. Doré revisite avec ses mélodies les textes du Grand sommeil, de Signé Kiko, de Sortir ce soir ou encore de Week-end à Rome. Le public valide le spectacle et acclame longuement la création. Après un entracte d’une vingtaine de minutes, Doré revient avec son groupe de 6 garçons pour entonner les chansons de son album LØVE (Viborg, London nous aime, Chou Wasabi...) et quelques anciennes comme Kiss me Forever, Les Bords de mer ou encore Mes limites. Les spectateurs chantent longuement sur Paris-Seychelles et On attendra l’hiver. Une des choses très importantes à noter est que le public a été debout pendant près des trois quarts du concert et n’hésitait pas à bouger, chanter que ce soient les plus jeunes ou les plus vieux. L’ambiance était très spéciale, conviviale. Voir tous les gens unis autour d’un artiste m’a beaucoup émue. La dernière chanson du Corbeau blanc et le rappel sur Mon apache ont été également des moments spéciaux. Le concert est un succès complet !

On a pensé que vous aimeriez des retours sur le spectacle, les voici :

Valérie :

Le spectacle était fabuleux, j’avais presque les larmes aux yeux à la chanson de la fin. En plus, c’est mon anniversaire aujourd’hui, alors j’ai passé une excellente soirée !

Sylvain :

J’ai trouvé le spectacle très bon, avec une similitude entre Daho et lui. Pour moi, les deux parties se complétaient et je me demande s’il n’a pas eu du mal à retourner à ses titres après avoir interprété La notte, la notte. En tous cas, c’était très bon !

Camille :

Je suis trop contente que toute la salle se soit levée sur ma chanson préférée, sur Chou Wasabi ! *chante*. Pour la partie de Daho, je ne connaissais pas l’album donc j’ai moins réussi à rentrer dedans. En même temps j’ai pu découvrir des chansons que je ne connaissais pas.

Claire :

Je connaissais certaines chansons de Daho et ce qui est bien c’est qu’il les a totalement refaites avec les plus connues plus douces et les moins connues plus pêchues. Cela m’a permis de découvrir et redécouvrir des titres. Pour sa partie à lui, super !

Voilà, en bilan on peut dire que l’on a adoré et que le public semble avoir été conquis !

* Samedi 12 juillet

Après Julien Doré la veille, c’est au tour  d’Aldebert d’enflammer la Coursive. Cette fois, le public est un peu différent : la plupart sont des parents venus avec leurs enfants pour profiter du show. C’est en cela que réside la spécificité d’Aldebert : un univers enfantin rempli d’imagination, destiné à tous les âges. L’artiste et son groupe nous offrent un spectacle vivant, créatif et joyeux avec des chansons qui nous font remonter quelques années en arrière. Il demande au public de danser, à l’aide de son décor en forme de soucoupe volante.  Ses musiciens se prêtent au jeu, à l’aide de grimaces et autres blagues. Les chansons défilent à une vitesse impressionnante, tout comme le show. Il y a des titres endiablés Le dragon ou Mon père il est tellement fort et d’autres plus doux comme Les amoureux et Plus tard quand tu seras grand. Aldebert improvise même une version Ska et invite le groupe Archimède sur la chanson très drôle Taxidermiste. En bilan on peut dire il n’y a pas d’âge pour apprécier Aldebert et son univers touchant, qui fait chanter adultes comme enfants.

P1170275

© Julia Coutant

Croisés au détour du concert d’Aldebert aux Francofolies de La Rochelle, nous avons pu posé quelques questions au groupe Archimède qui était de passage pour un showcase dans la ville. Alors que leur single Julia passe sur les ondes à l’occasion de la sortie d’Arcadie, le groupe a paru détendu et optimiste.

Maze : Vous venez de sortir votre dernier album Arcadie, comment ont été les retours ?

Archimède : Ils ont été plutôt très enthousiastes, ce qui nous a surpris un peu comme pour l’album précédent, en tout cas du côté de la presse. On arrive à mettre d’accord Télépoche et Télérama donc pour nous c’est vraiment une belle réussite ! On a de beaux retours sur les textes et les mélodies, je crois qu’on n’a pas vu une critique négative pour le moment, donc tout va bien !

M : Quels sont vos projets à venir ?

A : Déjà on a une belle tournée qui s’annonce avec les 25 premières dates qui commencent en septembre/octobre et qui vont s’échelonner sur toute l’année jusqu’à l’été avec les festivals. On va rentrer dans le dur de la scène et ce sera avec grand plaisir !

M : Avec peut-être un petit passage aux Francos de La Rochelle ?

A : J’espère que l’on sera là l’an prochain avec un nouvel album, ce serait génial. Avec des passages à Télérama ou France Inter, on espère que l’on a notre place ici, on ne désespère pas !

Les Feu ! Chatterton ont été les premiers à ouvrir ce samedi après-midi au théâtre Verdière. Lauréats du prix Félix Leclerc et du prix des Premières Francos, les cinq musiciens issus du Chantier des Francos nous ont offert un beau spectacle poétique avec un univers délicat et plein de références littéraires. En effet le chanteur dandy, Arthur, écrit les textes avec beaucoup de romantisme. En tous cas, Feu ! Chatterton est un groupe qui monte et à ne pas manquer !

On reste après les Feu ! Chatterton dans un univers bien défini où la chanson à texte conserve une place très importante. Florent Marchet a d’ailleurs signé la bande originale du film A moi seule. Le style de musique est électro-rock, avec trois musiciens. On pourrait reprocher pourtant le côté parfois répétitif et l’univers difficile à suivre : Florent Marchet, c’est quitte ou double.

C’est à Cyril Mokaiesh d’ouvrir cette troisième soirée sur la grande scène du festival. L’interprète de Mon époque nous offre ses titres engagés comme Communiste ou Change mais aussi émouvants comme Buenos Aires. On se rappelait de son titre Mon époque qui avait propulsé l’album sur les ondes, aussi ce fut un plaisir de le voir de retour, sur scène qui plus est.

Le groupe moustacheusement groovy originaire d’Aix-en-provence a bien mis l’ambiance en ce soir du 12 Juillet. Avec sa jupe moustache et sa voix suave qui fait penser à Selah Sue, la chanteuse Lili Boy impressionne et assure le spectacle. Les rythmes funk, l’énergie des musiciens et le saxophone emportent le public dans l’univers éclectique de Deluxe même.

P1170293

© Julia Coutant

Après être venue avec les Rita Mitsouko dans les années 80, Catherine Ringer revient au festival de La Rochelle mais cette fois accompagnée de Makaroff et Müller, musiciens du Gotan Project. Cette nouvelle formation se nomme Plaza Francia. Les titres aux accents argentins de Tango électro s’enchaînent, Ringer et ses musiciens sont énergiques et magistraux. Ils reprennent même Marcia Baïla qui avait propulsé le duo au devant de la scène, en une version “hispanisée”. Il est dommage de constater que le public n’a pas encore fait le deuil des Rita et attendait un autre registre.

P1170296

© Julia Coutant

On a assisté également au retour de Bertrand Cantat aux Francofolies, visiblement ému. Le concert commence avec Droit dans le soleil en version intimiste, émotion. Les chansons s’enchaînent avec de l’énergie (Ma muse, Sa majesté). Détroit reprend même Le vent l’emportera, tube de Noir Désir, au plus grand plaisir du public.

P1170303

© Julia Coutant

Dimanche 13 juillet

Le groupe MmMmM entre au son d’une moto qui démarre comme pour faire un clin d’œil au nom original de la formation.  Les six musiciens n’hésitent pas à changer d’instruments au cours du concert, la plupart d’entre eux n’hésitant pas à prendre le micro. Il y a beaucoup d’humour dans ce groupe qui a remporté le prix du club entreprise pendant les Francofolies. Le public était emballé malgré un contenu parfois répétitif, notamment avec la chanson Un, Dos, Tres.

P1170309

© Julia Coutant

Petit bout de femme qui surprend avec ses chansons bourrées d’humour noir, Giédré affichait complet au théâtre Verdière. Issue du Chantier des Francos, elle nous livre des chansons décapantes avec quelques pépites féministes (Pisser debout, Toutes des putes) et autres chansons délicieusement incorrectes (L’amour en prison, La bande à Jacky, Le petit vers de terre…). Âmes sensibles ne voulant pas “montrer des anus avec les mains” s’abstenir ! Même si le personnage peut-être parfois agaçant, ses petits clash sur ses camarades sont délicieux.

P1170311

© Julia Coutant

Le groupe Cats on Trees ouvre la soirée du 13 devant 12.000 spectateurs avec son duo piano-batterie. Les chansons sont délicates, emportées par la voix douce de la chanteuse Nina. Le public entonne avec elle le titre Sirens Call qui passe depuis plusieurs mois maintenant.

Véritable ovni, Asaf Avidan revient à La Rochelle après ses deux passages à La Sirène dont le dernier affichait complet, seul cette fois-ci. Prestation poétique et délicate, l’israélien sensible nous emporte dans son univers aux amours torturées et nous fait même l’honneur de chanter en français et sa chanson tant réclamée, Reckoning song. Pourtant magistral, une programmation dans une plus petite salle aurait été plus judicieuse, le public attendant du spectaculaire et des artistes qui envoient du “gros son” à l’image d’IAM, Fauve ou Stromae. Mais nous, on a adoré !

P1170315

© Julia Coutant

La soirée du 13 Juillet a vu le retour d’Orelsan sur la scène des Francos, accompagné de son acolyte Gringe. Les Casseurs Flowteurs nous livrent leurs chansons sur l’alcool (Manger c’est tricher), les filles (Les putes et moi) et les potes (Change de pote) : de quoi ravir de délicatesse un public étendu. Orelsan nous a même fait l’honneur de nous chanter son titre merveilleusement poétique “Saint-Valentin” après avoir demandé si il y avait des pervers dans la foule, quelle chance !

Après le duo de rappeurs, place aux papas du rap IAM qui changent l’atmosphère du concert du tout au tout. Ils enchaînent CQFD, Les raisons de la colère, l’Empire du côté obscur avec des sabres lasers, Nés sous la même étoile ou encore Petit frère à l’oreille attentive du public. En bonus pour le rappel, IAM nous offre le mythique Mia avec des samples de Give me the night et un des membres du groupe déguisé en roi du funk.

En dernier arrive le tant attendu Fauve et son Blizzard. Le groupe arrive à nous faire oublier ces heures passées debout à écouter les artistes avec ses chansons Infirmière, Lettre à Zoé, Blizzard, Kané… Le chanteur et les musiciens se donnent et n’hésitent pas à sauter, courir. Leurs versions lives sont beaucoup plus rock que sur l’album mais c’est très agréable de redécouvrir les titres d’une autre manière. Fauve persévère dans son projet collectif avec les visages floutés au grand écran. Ce qui fait le phénomène du collectif, c’est certainement le fait d’avoir écrit sur un mal-être que chacun peut ressentir dans sa vie, sans tomber dans le cliché. Chez Maze, on a a-do-ré !

Lundi 14 juillet

En ce 14 juillet débute la dernière soirée des Francofolies sur la grande scène de Saint-Jean d’Acre avec 14.000 festivaliers. C’est au tour du pétillant, surprenant, Québecois et très drôle Pierre Lapointe d’ouvrir le bal en alliant douceur avec son “gang-bang de tendresse” et des chansons plus grinçantes comme Le Colombarium ou Au bar de suicidés. Malgré les nombreux spectateurs qui attendent avec impatience Stromae, Pierre Lapointe (habitué des Francofolies de Montréal) arrive à réchauffer le public.

Moi qui ne connaissais que de réputation le groupe de François and the Atlas Mountains, quelle bonne surprise de les découvrir enfin ! Le groupe assure le spectacle avec bonne humeur, danses et un certain calme qui détonne sur la scène. Les titres s’enchaînent comme Soyons les plus beaux, La vérité, et nous on en redemande ! Le groupe s’investit et incorpore à sa musique de la trompette, des percussions qui ajoutent un côté original : cette formation nous emmène dans son univers sans nous lâcher une seconde !

P1170318

© Julia Coutant

Nous qui étions sceptiques à l’idée de voir Renan Luce, artiste plutôt folk et doux, sur la grande scène, nous nous sommes vite ravisés. Encore une bonne surprise pendant cette soirée : Renan Luce nous livre ses derniers titres comme La boîte, Appelles quand tu te réveilles ou encore Au téléphone avec Maman, mais aussi des plus anciens comme La lettre, Repenti (durant lequel l’émotion était palpable) et également Les voisines. Le public est attentif aux chansons contées par l’artiste qui livre un très bon concert.

Pour continuer sur du (très) positif, Gaëtan Roussel nous offre un show électrique et rock avec ses tubes de ses deux premiers albums comme Help myself ou Éoliennes, mais aussi une reprise d’Il y a de Vanessa Paradis, de Road to nowhere des Talking Heads et J’envisage tiré de l’album Play Blessures de Bashung, qu’il avait repris au festival l’année passée en tant que création Sacem. Le public chante, danse et redécouvre ces titres “rockisés” que Gaëtan défend de manière énergique et fougueuse.

Après une pause pour le feu d’artifice du 14 Juillet, Stromae arrive sur scène au son de Ta fête pour clôturer la soirée. Le public s’embrase et chante avec lui tout au long de ses chansons. Avec quelques emprunts à Cheese (Peace or Violence, Alors on danse), Stromae fait la place belle à son nouvel album Racine Carrée avec Paulo, Carmen, Papaoutai, Formidable… Le show est calibré, Stromae impressionnant et les musiciens impeccables. Le seul bémol serait le manque de spontanéité : Stromae agit à l’identique de ses clips et est habillé de la même façon alors que nous aurions aimé découvrir quelque chose de différent en live. Assister à un live de cet artiste reste une bonne expérience, juste un peu trop prévisible.

Voilà cette édition est terminée et on espère que cet article vous aura convaincu de venir (ou revenir) à ce festival qui met à l’honneur la variété au sens noble du terme. On espère que cela vous a permis de découvrir peut-être de nouveau artistes. On récapitule nos coups de cœur : Gaspard Royant, Aldebert,  Julien Doré, Feu ! Chatterton, Fauve et  Gaëtan Roussel.

On pourrait cependant penser que les Francos durent uniquement quatre jours, or pas du tout. En plus des concerts proposés à cette période, d’autres dispositifs sont mis en place sous ce label. Tout d’abord, durant le festival, vous pouviez retrouver plusieurs expositions. Il y a celle Quai Valin avec toutes les affiches depuis 1985, celle à La Coursive et ses clichés “30 ans de folies avec vous” mais aussi celle de la Cour des Dames en hommage à Jean-Louis Foulquier et aux trente années écoulées. En plus de tout cela, les Francofolies ont aidé toute l’année 13 artistes au Chantier des Francos. Ce dispositif met en place une formation avec des coach professionnels de la scène et du métier pour aider des artistes à se perfectionner. Des artistes comme Cali, Zaz, Jabberwocky, Féloche ou encore Chat en sont sortis.

Il existe également un dispositif, Franco Educ, à l’intention des scolaires. Des enseignants peuvent se former à l’étude de la chansons et même emmener leurs élèves en “classe chanson”. Les Francofolies accueillent ainsi des élèves de plusieurs académies ! Les Francofolies sont également partenaires des Chroniques Lycéennes qui font découvrir aux élèves des artistes de la nouvelle scène française.

Pour finir, depuis quelques années maintenant, sont mises en place les France Ô Folies. Le projet réside en la sélection de jeunes artistes issus de quartiers défavorisés (à Bordeaux, Val d’Europe, Le Havre, Fort-de-France…), un coaching, puis un show sur la grande scène de saint-Jean d’Acre. Ces artistes se sont produits le 12, avant les prestations de Tal, Zaz, Ben l’Oncle Soul et Christophe Maé.

Étudiante àSciences Po Lille.

You may also like

More in MUSIQUE