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David Roads : « On se défonce au Rock’n’roll »

Entretien avec David Roads, le guitariste d’Airbourne, groupe de rock australien qui a déchaîné les foules à Rock en Seine cette année. Il nous a raconté ce que c’est la vie de rock star, comment éviter de finir drogué et nous a donné des conseils pour être une bête sauvage sur scène. 

Maze : C’est comment la vie en tournée ? Tu peux nous expliquer une journée typique ?

David Roads : Tout dépend du genre de tournée qu’on fait. En ce moment, c’est une qui ne touche qu’aux festivals, ça change chaque jour. Parfois on a un gros trajet en bus à faire, il vient nous chercher après le concert, on dîne au catering, et on part ensuite. Il y a fréquemment une session presse pendant laquelle on donne des interviews et on assiste aux conférences de presse. On dort le matin, jusqu’au midi, on se lève en début d’après midi pour les interviews, on mange trois ou quatre heures avant le concert. Si vous avez vu ce qu’on fait sur scène, je suis sûr que vous comprendrez. Jusqu’à temps que le concert soit fini, on se concentre uniquement sur le spectacle. On boit quelques bières et un peu de vin, on se relaxe avant le concert.

Maze : Est-ce que vous avez encore le trac ?

David Roads : Plus vraiment, c’est plutôt un rush d’adrénaline. C’est inévitable, quelle que soit la nature du concert. On joue ensemble depuis tellement longtemps que c’est passé du stress à l’adrénaline. Les premiers concerts devant 70.000 ou 80.000 personnes étaient épuisants, mentalement parlant. Plus maintenant, parce qu’on se fait confiance dans le groupe, on est bien soudés, on sait ce qu’on fait. On n’a qu’une seule envie, c’est de sortir jouer sur scène. Parfois pendant la tournée, il y a des moments étranges, il y a des hauts et des bas, et avec toute cette adrénaline sur scène, la descente est difficile. Tu es à fond, et tu n’as qu’une seule envie, c’est de boire un coup, faire la fête. C’est là qu’on peut se laisser piéger, là où les stars deviennent des alcooliques ou drogués. Ça devient vite un cercle vicieux, mais quand tu arrives à le contrôler, c’est difficile mais c’est satisfaisant.

Maze : C’est quoi ton secret pour être aussi spectaculaire sur scène ?

David Roads : C’est quelque chose qui se développe avec le temps. Hors de la scène, on est des mecs très décontractés, très terre à terre, comme beaucoup d’australiens. Il faut avoir une personnalité pour les spectacles, qui fonctionne à l’adrénaline et qui se nourrit des réactions de la foule. En plus, le mur d’amplis derrière nous est assez mastoc. On se défonce au rock’n’roll. Peu importe la taille de la foule, grande ou petite, sur scène, on fait notre truc. On divertit. On veut être autant des showmen que des musiciens. On n’a jamais voulu être un de ces groupes qui joue en regardant ses pompes. On a juré qu’on suivrait les traces des groupes comme Maiden !

Maze : Parfois, c’est difficile d’allier spectacle et qualité de la musique, non ?

David Roads : Ça vient avec l’entraînement. Parfois tu en fais trop, et alors ça affecte ta façon de jouer. Ça vient avec le temps. On joue depuis assez longtemps, du coup c’est devenu naturel. On l’a développé nous même. Si jamais ça affecte notre jeu musical, si on finit hors du rythme ou qu’on est moins précis, ce n’est pas bon. Il faut trouver le bon équilibre.

Maze : Est-ce que vous composez pendant les tournées, ou alors après ?

David Roads : On essaye d’écrire sur la route, on a transformé l’arrière de notre tour bus en un petit studio, Joel (chanteur du groupe) a installé Pro Tools sur son Mac. Souvent pendant les balances, on essaye des nouveaux riffs et on s’enregistre pour pouvoir en discuter plus tard. On utilise beaucoup nos journées détente pour composer aussi, histoire de prendre de l’avance. Il n’y a rien de pire que de sortir d’une tournée, d’arriver au studio, et de se dire qu’il reste tout à faire. C’est bon d’écrire pendant une tournée, tu vois de nouvelles personnes, de nouveaux paysages, ça te rend plus créatif.

Maze : Maintenant que vous êtes à Rock en Seine, vous allez sortir un peu et allez voir quelques concerts ?

David Roads : Carrément. Pendant cette tournée, on était souvent avec Iron Maiden et Metallica, et tout le monde dans le groupe a son groupe préféré. Pour moi ce serait Metallica, un coup de chance de pouvoir les voir souvent ! J’ajouterai Red Fang aussi, c’est des mecs sympas. Parfois c’est agréable de jouer tôt, comme ça on peut profiter de quelques bières ensuite, alors que quand on joue tard, on doit se retenir et éviter de trop boire.

Maze : Vous avez parfois le temps de visiter des endroits ? Est-ce qu’il y en a un qui t’a marqué, un préféré ?

David Roads : Difficile à dire. La France est géniale, on y a des supers fans, de la bonne nourriture et d’excellents vins (rires). On n’a pas vraiment eu le temps de rester à un endroit bien longtemps, on a voyagé dans toute l’Europe. C’est un endroit très riche culturellement parlant, entre l’histoire, l’architecture, la nourriture et les boissons. Parfois pendant un jour off, on se fait des petits voyages. Demain on part tôt, donc ce ne sera pas pour cette fois, mais quand on trouve le temps, on essaye.

Maze : Quoi de prévu pour la suite ?

David Roads : On bosse sur le quatrième album. C’est la fin de la tournée pour Black Dog Barking (troisième album du groupe), il nous reste quatre concerts au Royaume-Uni, puis on se dirige vers le Canada pour un tour des têtes d’affiches. On revient fin octobre, et ensuite c’est direction la Nouvelle Zélande, et avec un peu de chance l’Australie. Pour le prochain album, ce serait génial de réussir à le sortir l’année prochaine et pouvoir revenir pour les festivals. Il y a eu trop de temps entre le premier et le deuxième album, cette fois-ci on veut conserver l’élan qu’on a. On monte lentement les échelons de la célébrité, on s’en sort bien pour l’instant. Il faut continuer comme ça !

Maze : Ça vous manque l’Australie ?

David Roads : On y était pour une tournée au milieu de l’année dernière. On préfère se concentrer sur l’Europe, où on a pas mal de fans et un bon marché de base. Malheureusement, faire une tournée en Australie coûte beaucoup plus cher, parce que les villes sont trop éparpillées, parfois même ça nous coûte plus que ça ne nous rapporte. Les coûts de transport sont vraiment trop élevés.

Maze : Quelque chose à ajouter ?

David Roads : Je m’adresse à vous, fans français : on vous aime, on a adoré venir ici, continuez de nous soutenir et de soutenir le rock’n’roll !

Maze : Merci beaucoup David !

David Roads : Merci à toi !

Propos recueillis par Pierre Guesde

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