SOCIÉTÉ

L’Ukraine a voté

Suite au référendum du 16 mars dernier dont le résultat amena au rattachement de la Péninsule de Crimée, jusque la Ukrainienne, à la Russie, les pro-russes organisaient dimanche 11 mai un autre référendum, jugé illégal par la communauté internationale.

L’enjeu était encore une fois une nouvelle partition de l’Etat ukrainien, cette fois il s’agissait des régions de Donetsk et de Lougansk qui étaient concernées. Organisé par les rebelles pro-russes qui détenaient cette partie de l’Ukraine depuis quelques temps ce scrutin était jugé illégal par Kiev. On a même vu le ministère des Affaires étrangères qualifier cette consultation de « farce criminelle » organisée par la Russie.

Et en effet, aux vues de la façon dont se sont déroulées les choses on ne peut que parler de farce démocratique.

Tout d’abord, dans les urnes transparentes, les bulletins étaient déposés sans enveloppe. Chacun pouvait donc allégrement savoir qui avait voté quoi. Le très grand nombre de bulletins « oui » a peut-être ainsi pu influencé la population, votant pour l’indépendance à son tour sous l’emprise de la pression sociale. On comprend que pour leur sécurité les électeurs indécis aient préféré « suivre ». D’autant plus lorsqu’on sait que des hommes montaient la garde autour des urnes et des bureaux de vote et que certains miliciens pro-russes ont été jusqu’à voter armés.

Malgré la présence de gardes autour des urnes il était cependant possible à un votant d’y glisser plusieurs bulletins, sans être inquiété pour autant. Il est ainsi plus facile d’être sûr que sa voix soit entendue et son vote pris en compte. En 2014, il est donc encore possible dans un Etat pourtant développé d’organiser des élections en négation totale avec les principes qui constituent une démocratie.

C’est ainsi sans surprise que l’indépendance de l’Est de l’Ukraine a obtenu 89 % des voix, un score tellement haut qu’il nous rappelle ceux des élus soviétiques il y a quelques décennies.

Si le gouvernement ukrainien a déclaré ce référendum nul et non avenu et que ses organisateurs seraient poursuivis en justice, ne provoquant ainsi pas de réelle sécession, les violences n’ont cependant pas cessé pour autant. Kiev a déclaré que l’armée comptait y poursuivre son « opération antiterroriste » et se prépare donc à s’accommoder de la situation de cette « République » indépendante au statut imprécis. En effet le gouvernement provisoire avait pour objectif de maintenir les élections du 25 mai.

A la suite de ce scrutin c’est donc le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko qui se voit gagner la présidentielle ukrainienne en cumulant 56 % des voix. La participation a été forte dans tout le pays, excepté l’Est, toujours contrôlé par les séparatistes russes. Le taux de participation à 15 heures dans la région étaient aux alentours de 9 % en raison de la peur d’aller voter, d’absence d’urnes et de bulletins dans les bureaux ou bien encore de bureaux tout simplement fermés.

Ce nouveau chef d’état fraîchement élu pourrait cependant permettre à l’Etat ukrainien de se sortir enfin d’une situation compliquée et violente qui a aboutit à l’annexion de la Crimée par la Russie et surtout à de nombreux morts, souvent civils, dans les affrontements entre pro-russes et pro-occidentaux. Ce chef d’état légitimé par sa population pourrait donc apporter les prémices d’une solution et d’une stabilisation de l’Ukraine et peut-être régler la situation des régions de Donetsk et Lougansk.

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