L’Europe ? C’est polémique. François Hollande ? C’est polémique. La coupe du monde ? C’est polémique. La montée du Front national ? C’est polémique. L’état de l’UMP ? C’est polémique. La réforme des régions ? C’est polémique. Pain au chocolat ou chocolatine ? C’est polémique. Rajoutons-en une couche : polémique polémique polémique polémique polémique polémique. Avez-vous lu le mot assez de fois pour en avoir perdu le sens, pour pouvoir en réinterroger la signification ? Un peu d’étymologie : polêmikôs est un mot grec qui rapporte directement à la guerre et au fait d’être disposé à la guerre.
Google indique 55 000 résultats avec le mot « polémique » dans les articles d’actualité disponibles sur internet et parus entre le 4 mai et le 4 juin. Alors serions-nous en état de guerre ? Mais de guerre contre quoi et contre qui ? Apparemment, contre tout et tout le monde. Contre le système, les hommes politiques, les journalistes, les profiteurs, les banquiers, les patrons, les immigrés et même contre son voisin. Les Français ne veulent pas de leurs voisins européens, les Rhône-Alpins ne veulent pas des Auvergnats tout comme les Alsaciens ne veulent pas des Mosellans, les Marseillais continuent de détester les Parisiens et le boulanger du bout de la rue de s’insurger contre cette famille qui met du linge à sécher au dessus de sa boutique. Pendant ce temps là, la marchande de sable s’est acheté une planche pour faire son bout de chemin en surf et saupoudre ses grains de haine et de révolte sur tout l’hexagone.
Alors voilà, la France des médias est en état de guerre. A moins que toutes ces polémiques ne soient qu’enfantillages qui mériteraient que l’on prenne un peu de recul ? Parce qu’à force de tout détester on en déteste même l’espoir. Arrêtons de se faire la guerre et dépassons nos plus proches frontières. S’il est certain que la trêve estivale arrive, espérons qu’elle puisse se poursuivre.