SOCIÉTÉ

8 mai 1945 : victoire occidentale, fête nationale ?

Le 8 mai 1945, à 22h43, heure d’Europe centrale, le maréchal allemand Wilhelm Keitel, le maréchal soviétique Gueorgui Joukov et le maréchal de la Royal Air Force britannique Arthur Tedder ont signé à Karlshorst l’acte de reddition sans condition des troupes de l’Allemagne nazie. Pourtant ce jour historique pour le monde occidental libre n’est en fait fêté officiellement qu’en France, en Tchéquie, et en Slovaquie. Quid de l’Angleterre, l’Allemagne, la Pologne ?

Heures locales

En réalité, il serait malhonnête de dire que la France a toujours tenu une position claire sur le sujet. Déclaré jour férié de commémoration en 1953, puis plus férié dès 1959 puis carrément non commémoré dès 1979 à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, il a finalement été rétabli sous sa forme actuelle en 1981. Cependant c’est en réalité le 9 mai que plusieurs pays célèbrent l’Armistice du conflit mondial, en raison du décalage horaire au moment où a été signé l’acte de reddition  (Il était 00h43 du 9 mai à Moscou) ! Pour la Russie actuelle ainsi que ses anciens satellites (Ukraine, Biélorussie, Moldavie), ce jour constitue la fête de la Victoire célébrée en grande pompe à renforts de défilés, feux d’artifices… et vodka. Mais n’allez surtout pas répéter ça en Estonie, en Lituanie, ou en Lettonie, pour qui le 8 mai 1945 est la date anniversaire de l’annexion de leurs pays par l’URSS, ainsi que de 45 ans d’occupation soviétique…

L’amicale des néo-nazis

Pour ce qui est de l’Europe de l’Ouest, le Royaume-Uni ne commémore pas la fin de la Seconde guerre mondiale, sauf dans les îles anglo-normandes occupées pendant le conflit par les Allemands. Le 9 mai est donc célébrée la “fête nationale” de Jersey et Guernesey, le 9 mai, et non le 8, en raison du décalage… Allez savoir. Malgré tout il serait injuste de ne pas souligner le fait que le 8 mai, tout bon néo-nazi autrichien qui se respecte se joint aux Burschenschaften (corporations pangermanistes), qui se réunissent sur la Heldenplatz à Vienne pour pleurer la fin de la guerre, et honorer les pauvres soldats et membres de la SS, morts pendant le conflit. En dehors de la France, le 8 mai la République tchèque commémore la Victoire de 1945, tandis que la Slovaquie, à travers sa fête nationale, se souvient en ce jour de la “Libération de la République”. Par ailleurs, l’ex-république soviétique de Moldavie fait de ce 8 mai sa “journée de la mémoire”. Aux Pays-Bas qui ne sont jamais trop décalés par rapport autres, cette “fête de la Libération” se déroule en deux temps : le 4 mai , deux minutes de silence sont observées dans tout le pays à 20 heures tandis que les drapeaux sont mis en berne de 18 heures au coucher du soleil. Le lendemain, 5 mai, la “fête de la Libération” proprement dite, célèbre la fin de la Seconde guerre mondiale.

Une mémoire sélective

A ceux qui iraient néanmoins jusqu’à penser que seule la France accomplit son devoir de mémoire, il fera bon de rappeler que ce 8 mai 1945 fût aussi celui des massacres de Sétif, Guelma, et Kherrata. Ce jour historique, les algériens qui se sont engagés massivement aux côtés des français, (150.000 dans l’armée aux côtés de de Gaulle) revendiquent leur indépendance dans la rue. A Sétif, un policier français abat un jeune scout musulman, point de départ d’une répression qui a fait entre 8000 et 15000 morts. Mémoire sélective dites-vous ?

Pour toute tentative de corruption merci de demander la grille tarifaire à la direction.

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