SOCIÉTÉ

Pierre Gattaz se prononce en faveur d’un salaire en dessous du SMIC

Mardi 15 avril, Pierre Gattaz s’est prononcé pour l’instauration transitoire d’un salaire en dessous du SMIC qui conditionnerait la réussite du pacte de responsabilité proposé par le gouvernement. Une proposition retentissante qui a fait beaucoup de bruit lors de l’annonce du patron du Medef, mais qui s’inspire pourtant du modèle et du marché du travail allemand existant. Le modèle allemand a en effet la caractéristique d’être très flexible par rapport au modèle français.

La proposition a fait du bruit, mardi 15 avril, lors de l’annonce par Pierre Gattaz d’une possible mise en place d’un salaire en dessous du SMIC. Selon le patron des patrons “le niveau élevé du SMIC est une marche d’escalier à franchir en France” pour trouver du travail. La solution serait donc d’ “avoir temporairement un système permettant la première année pour un jeune ou quelqu’un qui ne trouve pas de travail, de rentrer dans l’entreprise de façon transitoire avec un salaire adapté, qui ne serait pas forcément le salaire du SMIC”. Ainsi cette proposition “permettrait de mettre le pied à l’étrier”. “Il vaut mieux quelqu’un qui travaille dans l’entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le SMIC, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage” a annoncé Mr Gattaz lors de son point presse mensuel.

“Avec un niveau de chômage à 11 %, cela fait partie des pistes à explorer”, a estimé M. Gattaz qui souhaite en débattre “avec le gouvernement et les partenaires sociaux”. L’annonce d’une telle proposition a provoqué l’émoi chez les politiques : Force Ouvrière a rapidement répondu en affirmant dans un communiqué que M. Gattaz “entend ressusciter un SMIC jeunes”. “Une telle proposition est indécente et sera combattue par Force Ouvrière“. Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droit des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a aussi réagi sur Twitter : “SMIC Jeunes : nous y sommes bien sûr fermement opposés. Le sujet de l’emploi des jeunes mérite mieux. Je verrai P. Gattaz pour lui en parler.”

L’ancienne patronne du Medef, Laurence Parisot, n’a pas tardé non plus à manifester sur le réseau social son désaccord : “Ceux qui préconisent un salaire en-dessous du SMIC pour favoriser l’emploi font une erreur d’analyse sur les véritables causes du chômage”, et ajoute que “proposer un salaire en dessous du SMIC s’apparente à une logique esclavagiste.”

L’exemple du modèle Allemand

Pierre Gattaz s’est expliqué sur les raisons de ses propositions salariales “Oui, il faut (la) pratiquer tout simplement parce que depuis une douzaine d’années nous avons augmenté les salaires au-delà de la productivité et au-delà de l’inflation“, a-t-il déclaré. “La différence de coût du travail que nous avons avec les Allemands est expliquée aux deux tiers par une non modération salariale en France“, a poursuivi M. Gattaz.

De hauts responsables patronaux parlent en privé d’une “responsabilité” du patronat dans la baisse de compétitivité des entreprises françaises du fait des hausses de salaires négociées en France. “Nous sommes trois partenaires pour cette modération salariale en France : le gouvernement, le patronat et nos partenaires sociaux” qui doivent tous être “très vigilants“. Notons que lors du détail du plan de 50 milliards d’économies, dévoilé mercredi 16 avril, Manuel Valls a réaffirmé l’intention du gouvernement de ne pas toucher au SMIC, tout en affirmant vouloir donner du souffle aux entreprises.

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