Ce 18 mars, le groupe de rock français aux six membres et au singe virtuel a été nommé “Chevalier des Arts et des lettres” par la ministre de la culture Aurélie Filippetti. Cette récompense au nom (un peu) pompeux a été créée par André Malraux en 1957 dans le but de « récompenser les personnes qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ». Décorés au même titre que Tim Burton, Frah, le charismatique leader du groupe, s’est ainsi exprimé : ” L’ensemble du groupe Shaka Ponk vous témoigne son plus grand respect et vous remercie du fond du cœur pour cette médaille, qui est de loin la récompense la plus originale pour un groupe de singes. Merci infiniment ! Vive la France, vive le spectacle et ses intermittents, vive la République et vive le rock’n’roll ! “
Cette récompense accompagnée de ce joli discours a évidemment créé polémique. En effet, comment un groupe de gueulards aux cheveux longs peut-il recevoir un tel titre ? Aux détracteurs, nous savons tous que les récompenses en France sont comme le bac, ainsi dire, tout le monde peut l’avoir. Shaka Ponk l’a eu au même titre que Carla Bruni-Sarkozy, Jackie Chan, et même David Guetta… Mais que l’on aime ou que l’on n’aime pas, on ne peut pas nier le fait qu’en dix ans de carrière, le groupe a su montrer un réel talent, une recherche artistique hors du commun et que ce titre est donc bel et bien mérité. Bien entendu, il est vrai que ça ne pouvait être qu’un bon coup de communication pour la sortie de leur nouvel album The White Pixel Ape (Smoking Isolate To Keep In Shape), sorti le 17 mars dernier. Leur dernier album “The Geeks and the Jerkin’ Socks” était sorti en 2011, et depuis, Shaka Ponk était partout, très médiatisé, toujours en tournée et très connecté sur les réseaux sociaux, on ne les a pas oubliés ! En trois ans, il était impossible de les oublier de par leur présence médiatique et les divers projets qu’ils ont menés comme entre autres leur collection de sous-vêtements avec la célèbre marque “Undiz” et évidemment, la sortie de leur CD/DVD Live de leur concert à Bercy. Autant dire que les fans et les curieux attendaient donc ce nouvel opus avec impatience.
Leur premier single Wanna Get Free semble avoir divisé les fans : on ne savait pas vraiment trop à quoi s’attendre et beaucoup ont été déçus que la voix de leur charismatique chanteuse Samaha ne soit vraiment pas mise en valeur, et que ce single semble si commercial, à l’instar de My Name Is Stain que l’on avait pu écouter dans leur album précédent. Mais bonne surprise, l’album s’ouvre sur la chanson Lucky G1rl, un joli morceau rock, très énergique dont le clip rappelle aux connaisseurs l’univers graphique du groupe et notamment ce que l’on peut voir lors de leurs concerts.
Chaque chanson s’ouvre sur une intro différente et totalement délirante à la fois, on trouve des cuivres, ou bien même des riffs, et d’autres sons tout à fait nouveaux. L’intro la plus surprenante, reste celle de WOtz Goin ON qui annoncerait une chanson calme, mais au contraire, Sam est totalement déchaînée et énergique, ce qui présage une chanson qui ne sera que meilleure en live.
Comme à son habitude, le groupe a tenté d’innover dans ce nouvel album avec de nouvelles recherches artistiques, de nouveaux sons dont des choix délirants : on alterne à des riffs des sons très électros, on ajoute du rap par-dessus tout ça. C’est une réelle tentative de rénover la musique française, on ne peut pas les classer dans une catégorie ou une autre.
Mais malheureusement, cela donne un ensemble plutôt hétérogène, parfois vraiment trop brouillon comme par exemple pour la chanson Scarify où l’on entend tout un mélange de cuivre, d’électro, de rock et de rap. Il en est de même pour la chanson Black Listed qui est trop longue, trop brouillon, mais qui contient un refrain entêtant et la chanson se bonifie sur la fin, dommage que l’on ait pas envie d’aller jusque là. Le même constat apparaît pour la chanson Gimme Guitarrrra où il manque une réelle unité pour une chanson qui aurait pu être de bonne qualité.
Pour les fans et même les moins fans, vous ne pourrez pas passer à côté de la bizarrerie de l’album : Heal me Kill me, qui s’avère être une balade. C’est une bonne occasion pour apprécier la voix de Samaha, profonde et puissante dans une chanson qui sort des limites que le groupe avait pu se fixer. Comme quoi, le dixième anniversaire rimait avec expérimentation.
Mais ne vous inquiétez pas, on trouve dans cet album de jolies perles, qui méritent une écoute attentive comme la chanson Last Alone qui vaudrait un nouvelle éloge de la voix de Samaha, car elle montre une certaine fragilité et force à la fois. Cher Frah, nous ne t’avons pas oublié, et le prochain éloge est pour la qualité de la chanson Story o’ my LF, qui est à la fois étonnante et entêtante, et qui ne pouvait pas avoir d’autre interprète que toi (évidemment, c’est vous qui composez vos chansons).
Ce qu’il faut donc retenir de The White Pixel Ape c’est que nous avons affaire à un album très hétérogène et divers, mais que l’on ne peut pas passer à côté de cette recherche musicale qui promet d’être inoubliable sur scène, là où l’intégralité du groupe pourra nous montrer les qualités de cet album. N’oubliez pas que le groupe a d’ores et déjà commencé une nouvelle tournée et qu’ils seront présents dans les plus grands festivals de France tels qu’entre autre Les Vieilles Charrues, Musilac, Les Eurockéennes, Garorock.