Les films de vampires, c’est pas mon truc. Mais je dois dire qu’Only lovers left alive est vraiment une exception, c’est un intense moment de cinéma. Réalisé par Jim Jarmusch, auquel on doit déjà de nombreux grands films, ce drame romancé n’a rien d’ordinaire. De plus, avec la talentueuse Tilda Swinton aux côtés de Tom Hiddelston en rôles principaux, ça en jette.
Dans les villes de Détroit et Tanger, vivent Adam et Ève, qui s’aiment depuis plusieurs siècles. Ils ont vu le monde changer, et les humains avec. Adam est un musicien dépressif, dégoûté des “zombies” et Ève est une femme intrigante et radieuse. Dès la scène d’ouverture vous serez séduits. Sans mentir, c’est d’une beauté incomparable. Du génie. Jim Jarmusch a tout juste réalisé le plus beau – voire le meilleur – film consacré aux vampires. Il a repris le mythe de la créature légendaire apparu au XVIII siècle et en a fait un chef d’œuvre. Rien à voir avec Twilight et ces autres films victimes du phénomène de mode. Des ballades nocturnes qui apaisent et qui dépaysent, une bande originale qui laisse place à l’évasion : sensationnel. Un prix à Cannes bien mérité pour ces musiques envoûtantes.
Riche en références littéraires et musicales, Only lovers left alive est un film tant esthétique que moral. Dans ce film se cache une critique de la société actuelle. Adam et Eve ont vu le temps s’écouler, ils sont exténués mais leur amour les retient (et peut-être la musique aussi). C’est du moins la principale chose qui les empêche de faire face à la mort, eux qui n’acceptent pas vraiment le monde qui les entoure et qui tentent de retrouver le passé tant bien que mal. C’est ça qui est fascinant. D’autre part, le film laisse place à beaucoup de poésie : les dialogues, la musique, les plans magnifiques … On se croirait presque hypnotisé par ce vinyle qui tourne. Vous verrez.
Only lovers left alive fait preuve de subtilité. On est dans un univers décalé. Le mythe du vampire vient après que l’on ait cerné les personnages. On nous les présente un à un, puis ensemble, quand ils se retrouvent à Detroit. Ces personnages complémentaires, aussi complexes soient-ils, n’apparaissent pas comme des créatures surnaturelles. Ils sont humanisés au maximum. Ils se nourrissent de sang obtenu à l’hôpital (du 0 négatif tant qu’à faire), ils ne mordent pas les gens (leur sang pourrait être contaminé). Jarmusch fait évoluer le mythe, c’est comme si on avait une version moderne du vampire ! Il y ajoute même quelques touches d’humour. Bravo. Le petit reproche que je ferais à ce film, c’est le manque d’intrigue. On attend quelque chose qui ne vient pas, quelque chose de plus dément que la sœur (Mia Wasikowska) qui débarque à l’improviste et qui dérange le quotidien des amoureux.
Dans une ambiance hors du commun, les acteurs nous livrent une très belle performance. On est face à deux heures d’élégance et de mélancolie et je pourrais vous en dire plus que ça mais je vous laisse découvrir toutes les perles et faces cachées de ce film sur grand écran. Je finirais sur une citation du réalisateur :
“C’est là toute la beauté du cinéma de donner à voir différents genres de film.”