CINÉMA

Philomena

Jolie histoire que celle de cette Irlandaise qui tombe enceinte lorsqu’elle est adolescente et dont l’enfant lui est enlevé afin d’être adopté par un couple d’Américains. Elle n’a de cesse de le rechercher et tout cela prend forme lorsqu’elle rencontre un journaliste désabusé qui accepte de l’aider.

« Je ne fais pas dans l’aventure humaine » déclare Martin Sixmith, conseiller récemment viré du cabinet du Premier Ministre. Ancien journaliste, il veut reprendre la plume afin d’écrire sur un sujet qui semble le passionner tout autant que son probable très faible lectorat : les guerres russes. C’est par hasard qu’il rencontre la fille de Philomena qui lui demande d’aider sa mère. Au début réticent, il sent finalement qu’il tient un bon sujet. Ainsi débute l’aventure humaine.

Du fin fond de l’Irlande à Washington, nous suivons  les pérégrinations de ce couple étonnant. C’est d’ailleurs là que réside la force du film : dans l’étude des relations entre les deux protagonistes. Une femme simple et humble issue de la classe populaire et un intello faisant des blagues que lui seul peut comprendre. Le contraste est fort, c’est ce qui amuse, c’est ce qui touche. Sans se lier d’amitié, sans tomber dans le cliché de l’un qui donne des leçons de vie à l’autre, ils vivent ensemble une histoire forte qui transcende toute une vie. C’est cette relation qui porte le film, c’est elle qui nous fait passer du rire aux larmes en une réplique, c’est elle qui évoque à la fois l’histoire d’une vie mais qui relie cela à un fait réel qui a touché bien plus de monde. C’est cette relation étonnante qui évite au film de tomber dans le pathos et qui en fait sa singularité.

En somme, Frears fait du cinéma social tout en sublimant le mélodrame. Il évite le larmoyant, il ne sort pas les violons pour nous faire pleurer, mais il nous touche par la simplicité. Cela est lié, bien sûr, à la personnalité de Philomena. Que l’on s’arrête un instant : cette femme a une vie horrible. Elle couche avec un jeune homme lorsqu’elle est adolescente (oh mon Dieu, avant le mariage !), du coup ses parents l’envoient dans un couvent. Autant dire que là-bas ce n’est pas la franche rigolade. Elle ne peut voir son fils qu’une heure par jour et en compensation de cela, elle doit travailler ardemment à la blanchisserie. Pour couronner le tout, un sympathique couple d’Américains vient très gentiment adopter (ou enlever, selon le point de vue) son fils, sans même qu’elle puisse donner son consentement. Et tout cela est une histoire vraie … A partir de là elle aurait pu passer sa vie à se morfondre. Mais non, au contraire, elle veut retrouver son fils car elle a besoin de lui dire qu’elle ne l’a pas abandonné et elle voudrait savoir si de temps en temps, parfois, il lui arrive de repenser à l’Irlande et à sa mère biologique.

C’est son histoire mais aussi sa personnalité que Frears porte à l’écran. Et pour cela, il choisit Judi Dench pour l’incarner. Magnifique Judi Dench. Sublime Judi Dench. Grandiose Judi Dench ! Bref, très bon choix de casting. En journaliste totalement désabusé mais touché par l’histoire de cette femme, Steve Coogan livre une prestation géniale, il est à la fois drôle et touchant, énervant mais attachant.

La belle histoire donc, d’une femme simple, humble et touchante. A l’image du film.

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