SOCIÉTÉ

Le jour de la honte

On croyait qu’avec les manifestations d’opposants au “Mariage pour Tous”, on avait déjà vu descendre dans la rue tout ce qu’il y avait de plus réactionnaire en France. Détrompez-vous. En effet, les protestations contre la loi Taubira ne sont rien à côté de la grande mascarade à laquelle nous avons pu assister le 26 janvier dernier. Ils l’ont baptisé le “Jour de Colère”, les quelques milliers de fachos qui se sont rassemblés à Paris. Peut-être auraient-ils dû l’appeler le jour DES colères, puisque visiblement ils n’étaient pas tous venus pour la même chose : lutte contre la “perversion de l’éducation”, contre le matraquage fiscal, contre le lobby sioniste qui gouverne la France et le monde …

Un panel qui va de la droite catho-traditionaliste à l’extrême-droite la plus dégueulasse, voilà ce qui est descendu dans la rue. Organisé par des anonymes, ce qui est encore une fois une belle preuve de courage de la part des anti-Hollande, ce “Jour de Colère” s’est rapidement transformé en jour de la honte. En 2014, en plein Paris, on a vu des saluts nazis et des quenelles à deux ronds, la veille du soixante-neuvième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. En 2014, en plein Paris, on a entendu des slogans comme “Europe Pédo Criminelle Sioniste Satanique”, “Faurisson a raison, la Shoah c’est bidon”, “On s’est battus contre les pédés, on se battra contre l’IVG” ou encore le très argumenté “La France aux Français”. En 2014, en plein Paris, quelques milliers d’abrutis de toutes sortes réunis sous couvert d’un anti-hollandisme ou anti-socialisme, ont insulté la République, ont piétiné l’Histoire, ont craché sur la mémoire de millions de personnes, pour des revendications absurdes et totalement décousues. En 2014, en plein Paris, dans la même manifestation, étaient côte-à-côte ceux qui criaient “Juif, la France n’est pas à toi !” et ceux qui se déclarent “ouvertement islamophobes”, sans parler de Civitas, ou du Printemps Français, dont on connait désormais par cœur l’idéologie réactionnaire. En plein Paris, en 2014, on a autorisé des membres de groupuscules d’extrême-droite dissous, qui prétendaient en public que la dictature était un moindre mal face à la démocratie, qui défilaient comme une organisation para-militaire sous des croix celtiques en osant presque prétendre qu’ils étaient réunis par l’amour des bottes en cuir.

Sachez-le, vous qui nous lisez et qui vous interrogez sur les raisons de cette manifestation du 26 janvier, tout est à jeter chez ces gens. Ce sont des esprits malades, que l’idée de progrès rebute. Ce sont des haineux, qui n’ont rien d’autre à faire que de s’attaquer à des hommes et des femmes politiques courageux dans les domaines sociétaux. Mais faites attention. Car comme le disait Elie Wiesel, écrivain rescapé de la Shoah : “Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l’oubli”.  Nous devrons, malgré nos différences et nos divergences, être toujours plus forts qu’eux. Car l’oubli est bien ce qui pourrait le mieux les servir. Notre indignation, notre colère et la douleur que nous ressentons au plus profond de notre âme de citoyen doit au plus vite se muer en un esprit de combat, pour la République, pour la Liberté, pour nous, pour les autres, pour tout ce en quoi nous croyons.

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