Un film magnifique et touchant, servi par des prestations exceptionnelles.
Dallas Buyers Club est le genre de film qui ne laisse pas indifférent et qui marque vraiment. Il est de ces films auxquels on repense souvent avec toujours un brin d’émotion. Il est aussi de ces films qui donnent envie de vivre et qui forcent l’admiration de ceux qui, à l’orée de leurs morts, continuent de se battre et qui sont « amoureux de vivre à en mourir. » Et puis bien sûr, Dallas Buyers Club est de ces films sublimés par des prestations magistrales, ce genre de prestations qui vous font aimer le cinéma. Ici, Matthew McConaughey incarne Ron Woodroof, un texan de 35ans, la figure du cow-boy. Ses journées se résument au sexe, au rodéo, à la drogue. Vient alors un moment où il apprend qu’il est séropositif et qu’il ne lui reste que trente jours à vivre. Face à l’impuissance des médicaments qui lui sont prescrits, il se tourne vers des traitements alternatifs, non officiels aux Etats-Unis. Sa santé s’améliore et peu à peu d’autres malades veulent aussi avoir accès à ces médicaments. Alors Ron se bat pour leur guérison en leur procurant ces traitements. C’est ainsi que le Dallas Buyers Club est né : on y prend une adhésion et on a accès à autant de médicaments qu’on le souhaite. Le mouvement prend de l’ampleur et le succès gène le lobby pharmaceutique. Mais Ron ne cède pas et continue de se battre.
Ce qui touche alors, c’est l’évolution du personnage. D’un homme terre à terre et réactionnaire, Ron devient un symbole, le leader d’une lutte pour la guérison. Il se bat face au puissant lobby et n’a pas peur, il est porté par l’espoir, il est porté par le dernier souffle de sa vie qui l’anime. Ce qui touche aussi, c’est cette relation qu’il développe avec l’un des patients, un travesti, qui devient son assistant. Au départ, ce n’était pas gagné, Ron faisait partie de ceux qui se moquent, de ceux qui menacent les travestis et les homos. Mais il change, il évolue et se bat pour eux car il comprend la cause qui le dépasse. Et puis ce qui touche, c’est aussi la solitude de l’homme. Ses anciens amis le délaissent car ils le considèrent comme un « PD » et il est seul face à la maladie. Alors il souffre, mais en silence, ne criant que pour exprimer la rage qui l’habite contre les laboratoires. Il hurle pour défendre la cause du Dallas Buyers Club mais il tait sa souffrance. C’est cela le plus émouvant, la façon qu’il a de se battre pour des gens qu’il méprisait auparavant, de dépasser sa maladie pour une cause bien plus grande.
Mais cette histoire touchante ne serait rien sans la prestation impressionnante de Matthew McConaughey. Il est méconnaissable. Pour ce rôle, il a perdu 20 kg et 22 % de masse musculaire. Il a changé la couleur de ses yeux, laissé pousser une barbe. Pressenti pour l’Oscar du meilleur acteur, la récompense serait justifiée car il est tout bonnement incroyable. Il est épaulé par Jared Leto qui incarne le travesti. Il est lui aussi méconnaissable, il a perdu du poids, il est maquillé, il a travaillé sa voix et ses attitudes physiques. Sans jamais surjouer, il crée une illusion absolument parfaite. A eux deux, ils portent le film, ils le subliment.
Même si Dallas Buyers Club n’est pas exempt de tout défaut, les prestations sont tellement incroyables, le sujet est tellement émouvant, que l’on passe au-delà de ces petits problèmes. On retient surtout que c’est un très beau film.